La Chronique Agora

L’or est-il un bon investissement durant une déflation ?

▪ "Pierre Leconte dit ‘blanc’, vous dites ‘noir’ : expliquez-vous, expliquez-nous pourquoi"…

Ces lecteurs me dérangent. Pourquoi suis-je sommée de m’expliquer, moi, et non pas Pierre Leconte ?

L’un de ces lecteurs me précise que Pierre Leconte est "une personne connue, voire reconnue, dans le domaine monétaire". Or M. Leconte dit : déflation, krach des actions et l’or à 700 $ l’once, pas moins.

Ah voilà. Le président-fondateur du Forum Monétaire de Genève pour la paix et le développement et moi-même sommes en désaccord. Très honnêtement quelle est la créature abjecte qui pourrait être pour la guerre et contre le développement ? M’opposer, idéologiquement s’entend, à quelqu’un qui promeut la paix et le développement me rend intellectuellement suspecte.

Soyons humble, je ne prétends pas détenir la vérité, je la cherche en permanence. J’ai appris une chose au fil du temps : Dame Vérité est une allumeuse. Dès qu’on pense qu’on va pouvoir la palper, ne serait-ce que du bout des doigts, elle se dérobe, s’évanouit, disparaît.

Mais le débat, la Raison, l’argumentation sont le propre des êtres civilisés. Essayons donc d’argumenter face à Pierre Leconte.

Tout d’abord, Pierre Leconte tient des analyses très similaires aux miennes concernant la surévaluation des actifs financiers et l’impasse mortelle qui consiste à créer de la monnaie à partir de rien.

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Mais nos divergences se situent ici :

  1. La possible déflation

  2. L’évolution de la monnaie

  3. Les conclusions qu’il en tire

"Les plus mauvais investissements en période de déflation sont les métaux précieux, les matières premières et les actions (dans les pays frappés par ladite déflation). Les meilleurs sont le cash et les obligations d’Etat dans la monnaie internationale dominante parce que la plus utilisée (c’est-à-dire en dollars US)", estime Pierre Leconte.

▪ Les fonctions de la monnaie
Les ouvrages sur la monnaie pourraient remplir les plus grandes bibliothèques, Aristote et Platon en débattaient déjà. Je vais essayer d’être rapide et succincte.

Une monnaie a trois fonctions :

  1. Unité d’échange, elle doit être reconnue pour commercer

  2. Unité comptable, elle sert à chiffrer des biens des services

  3. Réserve de valeur, elle doit pouvoir stocker dans le temps de la richesse accumulée qui attend d’être dépensée.

Cette troisième fonction est de nos jours totalement ignorée et bafouée par les marchands de dettes que sont les banquiers et par les Etats-Providence. Les banquiers achètent, produisent et vendent de la dette. Pas de dette, pas de dépôts, pas de banques ; la monnaie marchandise leur retire leur gagne-pain. Les Etats-Providence quant à eux garantissent à leurs citoyens le bonheur et les prennent en main de la crèche à la tombe. Ils ne voient pas du tout l’utilité de l’épargne et ont de bien meilleures idées que vous sur comment dépenser votre argent pour le bien-être général. La fonction réservoir de valeur n’intéresse que les individus et pas ceux qui les gouvernent ni les banquiers.

Les Keynésiens sont une curieuse espèce intellectuelle pour qui la monnaie fait l’économie. Ce n’est pas un outil, c’est la fin et non le moyen. Pour un Keynésien, une crise, c’est "pas assez de monnaie dans le système". On injecte de la monnaie et hop, roule ma poule, ça repart. Tout est dans la masse monétaire.

Grâce aux théories keynésiennes, nous sommes passés d’un régime de monnaie-marchandise, adossée à un actif tangible réservoir de valeur (comme l’or) à de la monnaie-dette. Un billet — ou un compte en banque créditeur — est simplement une preuve que la collectivité a une dette envers vous car vous lui avez fourni à un moment donné quelque chose pour une contrevaleur de X. La monnaie-dette se crée à volonté en fonction des besoins des Etats-Providence et des banques. Les banquiers centraux savent exactement de combien l’économie a besoin de monnaie.

▪ La fin de la déflation ?
La déflation est une baisse des prix généralisée due à la réduction de la masse monétaire. Supposons une île peuplée de 10 personnes dans laquelle tout le monde échange avec des goublos. La masse monétaire est de 100 goublos. Un accident conduit à la destruction de 50 goublos. Tout le monde n’a donc plus que 50 goublos pour échanger mais il y a le même nombre de choses à échanger. Les prix seront donc divisés par deux et le pouvoir d’achat du goublos a fortement augmenté. Toutefois, malheur à celui qui s’était endetté de 1 goublos. Il est dans une très mauvaise situation car il lui faut rendre 1 goublos dont le pouvoir d’achat a fortement augmenté.

La déflation au sens baisse de la masse monétaire n’a strictement aucune chance de se produire avec des planches à billets électroniques. Aujourd’hui nous avons eu une hausse des prix généralisée (inflation) de tous les actifs financiers car c’est à ce niveau qu’est restée logée la masse monétaire créée par les magiciens keynésiens.

Une baisse violente de la valeur de ces actifs financiers (superflus dans la vie courante de l’immense majorité des bipèdes) est très probable.

Si krach il y a, que feront les zinzins, les investisseurs institutionnels qui sont obligés d’être investis (les fonds de retraite, les fonds souverains) ? Ne fuiront-ils pas les actifs financiers pour aller vers des actifs plus tangibles : de l’immobilier, du foncier, des matières premières, de l’or ? N’y aura-t-il pas, du fait de la concurrence, une hausse de ces biens tangibles ? Je ne dis pas que cela se produira, je dis simplement que c’est une possibilité.

La déflation est abominable pour ceux qui sont endettés : les rentrées diminuent puisque les prix et les salaires baissent mais les sorties restent fixes puisque c’est le propre de l’obligation (elle vous oblige à rembourser une somme fixée à l’avance).

En cas de déflation des actifs financiers, la plupart des endettés ne le supporteront pas devront faire défaut. C’est vrai pour les individus, les entreprises, les Etats. Expliquez-moi pourquoi des gens voudraient des obligations en dollars et de la monnaie-dette qui ne pourront jamais être remboursées ?

Quel est l’actif qui ressemble le plus à une monnaie, qui ne soit la dette de personne ? Le bitcoin qui ne peut exister sans informatique ? Non. Le seul actif tangible, monnaie-marchandise, c’est l’or et éventuellement son compère l’argent-métal.

Maintenant, vous avez les éléments en main. Vous pouvez relire les arguments de Pierre Leconte, les confronter aux miens. Puis vous jugerez si vous avez besoin d’or ou non. Vous prendrez votre décision en toute liberté de conscience. Si l’or monte dans les trois prochaines années, vous aurez l’impression d’avoir été le pickpocket de Dame Vérité.

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