La Chronique Agora

Or : faites comme les Allemands !

or Allemagne

L’Allemagne est le dernier garant d’une certaine forme de rigueur budgétaire et monétaire – en apparence. Mais pendant que ses autorités « font semblant », les Allemands achètent pièces et lingots d’or comme jamais depuis 2008…

L’Allemagne est le seul ancrage qui subsiste de l’orthodoxie monétaire et budgétaire.

Non pas en pratique, car elle tolère les errements criminels des dépenses déficitaires et de l’inflationnisme de la BCE, mais en théorie ou, si on veut, culturellement.

Le jour ou l’Allemagne ne fera même plus semblant de s’opposer à la BCE… ce jour-là, la dérive s’accélérera et sera la grande, la terrible aventure.

L’Europe a cherché un ancrage monétaire en absorbant le deutsche mark (DM), et elle a réussi à rendre le DM flottant, dérivant, fondant. L’idéologie européenne pollue tout ce qu’elle touche.

L’esprit allemand est en retard sur l’avilissement inflationniste des esprits modernes, en ce sens qu’il conserve le souvenir des horreurs passées et de ce qu’il en coûte de déroger à l’orthodoxie et de détruire une société par la monnaie.

Une demande sans précédent depuis 2009

Au cours du premier semestre de l’année, la demande de pièces et de lingots d’or en Allemagne a atteint son plus haut niveau depuis 2009, c’est-à-dire au lendemain de la crise financière de 2008.

Elle a augmenté de 35% par rapport aux six mois précédents, contre une augmentation de 20% dans le reste du monde, selon les données du World Gold Council.

Raphael Scherer est directeur général de Philoro Edelmetalle GmbH, un revendeur de métaux précieux. Il a déclaré à l’agence Bloomberg que les ventes d’or de l’entreprise étaient en hausse de 25% par rapport à ce qui était déjà une solide année 2020, ajoutant :

« Nous avons une longue histoire de peur de l’inflation dans notre ADN. Aujourd’hui, le risque d’inflation augmente. Les perspectives pour les métaux précieux sont très positives. » 

Compte tenu de l’expérience allemande de l’hyperinflation sous la république de Weimar, il n’est pas surprenant que les Allemands se méfient de l’inflation.

2008, encore perceptible aujourd’hui

L’investissement dans l’or a décollé dans le pays à la suite de la crise financière de 2008, et il est resté solide depuis.

Après l’effondrement de 2008, la récession mondiale a conduit à une politique monétaire extrêmement accommodante en Allemagne. Le pays est dans un environnement de taux d’intérêt négatifs depuis plusieurs années, et la Bundesbank a injecté des milliards par le biais d’assouplissements quantitatifs. Les obligations d’Etat à deux et cinq ans se négocient à des rendements négatifs depuis 2015.

Le World Gold Council a résumé pourquoi les Allemands ont tendance à se tourner vers l’or lorsque l’inflation se profile :

« Les investisseurs allemands ont une conscience aiguë des effets d’érosion de la richesse de l’instabilité financière. Le souvenir de l’hyperinflation des années 1920 persiste dans la mémoire collective mais, peut-être plus important encore, les investisseurs allemands ont vu les monnaies fiduciaires se succéder : au cours des 100 dernières années, l’Allemagne a eu huit monnaies différentes. Il n’est pas surprenant que, confrontés à un contexte économique aussi troublant, les investisseurs allemands se soient tournés vers l’or pour protéger leur richesse.

Les investissements en or ont encore augmenté pendant la pandémie. L’année dernière, les Allemands ont acheté plus de pièces et de lingots que n’importe quelle année précédente.

En juillet, le taux d’inflation allemand a atteint son plus haut niveau depuis plus d’une décennie. Un article publié par Bild était intitulé ‘L’inflation ronge nos économies’. Il comprenait un graphique qui montrait comment les prix de l’essence ont augmenté, ainsi que des hausses de prix importantes pour d’autres biens de consommation.

Le World Gold Council a déclaré que même si l’inflation allemande s’avère transitoire, ‘il semble incontestable qu’elle ronge l’esprit des investisseurs’. »

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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