▪ On n’entre pas dans un restaurant mexicain pour commander des spaghettis à la bolognaise ; on n’entre pas dans un Castorama pour acheter une robe de mariée ; on n’entre pas chez Goldman Sachs pour négocier un accord équitable… et on n’achète certainement pas de l’or et de l’argent-métal pour perdre de l’argent pendant une crise monétaire.
Pourtant, c’est exactement ce qui est en train d’arriver.
Mais qu’est-ce qui cloche avec les métaux précieux ?
Certes, l’or a admirablement bien performé ces dernières années… mais il a lamentablement performé ces dernières semaines… et horriblement mal performé ces derniers jours.
La plupart des grands marchés actions et matières premières ont déjà restitué les énormes gains atteints après le 30 novembre, lorsque six banques centrales ont annoncé une « intervention coordonnée » pour soutenir les banques européennes en difficulté. Mais l’or a été le grand perdant.
Malgré les évidentes implications inflationnistes de l’intervention des banques centrales sur les marchés monétaires, l’or ne semble pas en tirer avantage. Au beau milieu d’une crise monétaire qui a vu l’euro perdre 9% de sa valeur par rapport au dollar en seulement trois mois, l’or a baissé de 17%, tandis que les actions US sont en hausse.
Sans surprise, les nombreux détracteurs de l’or ne prennent même plus la peine de rappeler leur opposition.
« Dans le domaine de la sécurité des investissements, l’or jouit d’un prestige quasi mythique », écrit James Mackintosh pour le Financial Times. « Tristement, il s’est avéré plusieurs fois qu’il ne s’agissait que d’un mythe : en effet, l’or ne maintient pas sa valeur durant les périodes de panique. Les investisseurs s’en sont souvenus une fois encore […] lorsque le métal jaune a plongé de 4% soit 68 $ »…
« L’or est censé être un refuge, et dans les périodes de peur modérée, cela fonctionne assez bien », continue Mackintosh. « Mais tout comme en 2008, lorsque les temps deviennent vraiment très durs, les investisseurs préfèrent le cash à l’or — et le dollar dans ce cas précis ».
Certes, l’argument est convaincant. Mais est-il bon ?
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Avez-vous ces cinq valeurs en portefeuille ?
Elles pourraient être la clé des profits en 2011, malgré la crise : solidement, facilement et en toute simplicité. Mettez-les au fond de votre portefeuille, oubliez-les… et rendez-vous en fin d’année pour voir où en sont vos profits !
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Sans aucun doute, la performance de l’or a été décevante ces derniers temps. Mais même après la déculottée de la semaine dernière, l’or est encore en hausse de 9% au cours des 12 derniers mois — alors que l’indice S&P 500 a perdu de sa valeur. De même, l’or a surpassé de loin le S&P au cours des trois, cinq, 10 et même 15 dernières années ! (Une comparaison sur 20 ans donne une arrivée ex aequo).
Résultat : l’or a fait son boulot de façon très méritante. Mais naturellement, ça, c’était hier. L’avenir, voilà ce qui intéresse la plupart d’entre nous. Nous aimerions bien savoir si l’avenir de l’or ressemblera à son glorieux passé.
▪ Sur le court terme, les marchés financiers peuvent devenir les otages de n’importe quelle pensée unique, peu importe que cette pensée unique soit intelligente ou stupide. Mais sur le long terme, les marchés échappent généralement à leurs ravisseurs.
Libérés des entraves de la pensée unique, les bons investissements excellent ; au contraire des mauvais investissements. En ce moment, l’or déçoit ses fans, qui se posent cette question : l’or est-il un bon investissement, alors qu’il est temporairement pris en otage par la pensée unique qui considère que le dollar est un « refuge » plus sûr ? Ou bien l’or est-il réellement un mauvais investissement qui mérite exactement ce qui lui arrive en ce moment ?
Je ne peux répondre à cette question avec certitude mais je peux y répondre avec conviction : sur le long terme, l’or est un meilleur refuge que le dollar. Sur le court terme, tout est possible.
Cela étant dit, un amour non partagé est toujours douloureux. Ceux d’entre nous qui ont adopté l’or comme « petit ami en titre » — financièrement parlant — se prennent des râteaux.
Il n’y a pas d’amour, ni même une étincelle d’affection. En fait, plus nous nous engageons dans la relation, plus grande est notre douleur. Nous aimerions donc savoir : l’or nous aimera-t-il un en jour en retour ?
Probablement.
▪ « Les fragments de nouvelles alarmantes qui emplissent les pages du Wall Street Journal et du Financial Times ne sont pas sans lien », observe James Grant, rédacteur de la lettre Grant’s Interest Rate Observer. « Ils forment un schéma cohérent. Les perturbations de la devise et du secteur bancaire en sont le principal organisateur central. Les banques vacillent et les devises sont en difficulté à cause des idées qui régissent notre mode de vie. Les devises papier et la prise de risques socialisée nous ont mis dans ce pétrin. Les banquiers centraux semblent vouloir nous en sortir en rajoutant une dose de tout cela… Partout dans le monde, les gouvernements ont rencontré, rencontrent ou rencontreront bientôt des problèmes financiers et monétaires à cause de la planche à billets ou de son équivalent numérique ».
Malheureusement, les arguments très persuasifs de Grant en faveur de l’or fournissent bien peu de consolation pour l’instant. L’or chute… et pourrait continuer de chuter, si nous en croyons « ce que disent les graphiques ». L’or a traversé sa moyenne mobile à 200 jours la semaine dernière, ce qui est du « mauvais karma », selon ceux qui devinent les futures tendances de cours à partir de traits sur un graphique.
De plus, les métaux précieux souffrent d’une tendance qui se voit clairement, et peut-être d’autres qui sont, elles, invisibles.
La tendance visible, c’est l’absence de réaction allemande à la crise de l’euro. Pour l’instant, les Allemands refusent de lancer une campagne de sauvetage fondée sur l’impression d’euros. Les Allemands plaident plutôt pour une combinaison d’austérité et de hausse d’impôts. Aussi prudente que soit cette stratégie (ou pas) à long terme, à court terme, elle semble terriblement déflationniste, récessionniste… et baissière pour l’or.
En ce qui concerne les influences invisibles, les rumeurs abondent selon lesquelles la faillite de MF Global est en train de déclencher une série de liquidations forcées. Si de telles rumeurs sont vraies, ces liquidations pourraient aisément produire des chutes notables de cours sur tout le complexe matières premières — le maïs et le blé, en plus de l’or et de l’argent-métal. Et il est clair que les matières premières dans leur ensemble sont en mode liquidation — un fait qui tendrait à rendre les rumeurs crédibles. D’un autre côté, il est également possible que la faillite de MF Global n’ait rien à voir avec ces ventes.
Dans un cas comme dans l’autre, les arguments haussiers pour l’or (et pour l’argent-métal) n’ont pas grand-chose à voir avec la volatilité et le bruit de court terme. C’est plutôt le long terme qui compte — les « perturbations de la monnaie et du secteur bancaire ». Et c’est le genre d’histoire qui pourrait produire une nouvelle hausse spectaculaire du prix de l’or !
Les 20 dernières années ont peut-être été « une époque glorieuse » pour l’or, qu’on ne reverra plus jamais… ou du moins pas de sitôt. Peut-être, comme l’affirme M. Mackintosh, que l’or n’est plus un « refuge » fiable. Ou peut-être, comme le soupçonne votre correspondant, que la crise n’est simplement pas encore assez grave pour vraiment terrifier les gens.