▪ Où en sont nos deux super-cycles : la grande tendance de fond haussière des matières premières et la grande tendance de fond baissière du dollar ? Nous enregistrons de fortes secousses, des contretemps. Faut-il s’en inquiéter ?
Non. Je vais vous dire pourquoi dans un instant. Et surtout, j’ai hâte de vous annoncer une excellente nouvelle. Alors allons-y.
▪ Ne prenez pas les contretemps au premier degré…
Il faut distinguer deux choses pour comprendre les matières premières : la spéculation, et les fondamentaux.
– Les fondamentaux font la tendance de fond. C’est ce qui compte.
– La spéculation, c’est le « bruit » autour de la tendance de fond. Il ne faut pas s’en inquiéter. Au contraire, elle permet de saisir des opportunités, de trouver des fenêtres de tir. Je m’explique.
▪ Si les matières premières grimpent, c’est qu’elles ont de bons fondamentaux
Pas une matière ne peut voir son cours grimper si l’offre est pléthorique, la demande absente et les stocks pleins. Ça n’existe pas. En situation de marché excédentaire, le cours baisse.
De même, si le cours monte, c’est qu’à la base que nous somme en situation de tension sur la matière : offre insuffisante, demande excessive, stock insuffisant. C’est aussi simple que cela.
Retenez ceci : ce sont les fondamentaux qui font la tendance de fond des prix des matières. C’est mathématique. Voilà pourquoi il est important d’étudier les fondamentaux long terme des matières dans lesquelles vous investissez.
▪ C’est précisément pour cette raison que je reste positive sur le super-cycle haussier des matières
Voici le tableau : la planète Terre est un tout fini, les tensions sur l’offre sont de plus en plus pesantes, les coûts d’extraction/production sont de plus en plus élevés, les teneurs (pour les métaux) sont en baisse et la demande en hausse constante. Cette situation ne peut pousser les prix que dans une seule direction dans la durée : la hausse.
Quelques milliards d’habitants voient leur niveau de vie croître en flèche. Ils aspirent à vivre selon les « standards occidentaux », en achetant des voitures, des frigos, des lave-linge, des maisons… et en mangeant de la viande, du chocolat, des produits variés. La pression sur les matières premières dans les décennies à venir va être intenable. N’oubliez pas que nous serons quelque 9,3 milliards d’habitants en 2050.
Voilà pour les fondamentaux, et mon avis sur la tendance de fond haussière des matières en général. Venons-en au facteur perturbateur, qui induit des contretemps : la spéculation.
▪ La spéculation, c’est le bruit autour de la tendance de fond
En maintenant des taux d’intérêt à zéro, notre ami Ben permet aux investisseurs « d’emprunter de l’argent quasiment gratuit », massivement. Et ce, depuis des mois et des mois.
Qu’ont-ils fait avec tous ces dollars ? Ils jouent les actifs dits risqués : matières, émergents, actions. Ils « montent des tours de Babel » à coup d’argent facile, emprunté à court terme pour jouer.
Ce flot d’argent facile n’a qu’un seul et unique objectif : le profit immédiat. Il vient se greffer sur les tendances fondamentales des matières premières, pour les exacerber. Aussi bien à la hausse, qu’à la baisse.
Voilà pourquoi nous avons touché des sommets. Et voilà pourquoi nous en revenons aujourd’hui : la Fed remballe son QE2 ! Les matières décrochent et le dollar remonte. Les spéculateurs « longs » sur les matières ont dû vendre en toute hâte leurs matières pour rembourser leurs emprunts à court terme. Ce qui plombe davantage encore les matières et pousse le dollar encore plus à la hausse.
▪ Alors ne vous laissez pas embrumer quant au potentiel des matières
Les contretemps sont inévitables. Et le plus sage (quand on est convaincu de la tendance de fond haussière), c’est de se tenir prêt à acheter sur repli pour rentrer sur le marché à bon compte. Mais pour cela, il faut être patient.
▪ Je constate que l’or résiste furieusement
L’or résiste à la vague baissière. Il se maintient stoïquement autour des 1 525 $, après un court passage sous les 1 500 $. Impressionnant. Pourquoi ?
Il y a le put de Pékin bien sûr, dont nous vous parlons régulièrement à l’Edito. Mais surtout, il y a la demande des investisseurs particuliers, qui renforcent immédiatement leurs achats sur repli. Tant ils sont « inquiets » de la situation des dettes souveraines, tant américaines qu’européennes.
Comme le dit notre numismate Bruno Collin dans L’Investisseur Or & Matières : « Durant les deux premières semaines de mai, la Monnaie américaine a commercialisé plus de 85 000 onces de leur pièce d’or ‘phare’ : l’American Eagle. Si cette tendance se confirme, mai affichera un record de ventes depuis juillet 2010. Même son de cloche du côté de la Monnaie sud-africaine qui fabrique les célèbres Krugerrand. Le 13 mai, elle annonçait que les ventes de mai avaient dépassé le record d’août 2010. Cette tendance est confirmée par les sociétés spécialisées dans la commercialisation d’or physique. L’UBS a ‘confessé’ le 9 mai avoir réalisé la seconde plus importante vente d’or jamais réalisée »…
▪ J’ai une excellente nouvelle pour vous : l’or en euro flambe
Votre or physique est libellé en dollar. Mais vous raisonnez en euro. Or que se passe-t-il actuellement ? Votre or en euro flambe. A 1 086 euros l’once, il vient même de battre son record historique de décembre dernier à 1 078 euros !
En clair et sans décodeur, le pouvoir d’achat de votre patrimoine investi en actions et obligations européennes vient de perdre 7% en moins d’un mois, du simple fait du repli de l’euro. C’est énorme. Surtout s’il faut y ajouter une moins-value sur les titres.
En revanche, le pouvoir d’achat de vos avoirs investis en or physique s’est quasiment maintenu (au léger reflux de l’or près). Votre or valait 1 040 euros avant le krach de l’euro. Aujourd’hui, il vaut 1 086 euros. L’effet destructeur de la baisse de l’euro sur votre patrimoine est neutralisé grâce à l’or.
[Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises, dont cet article est extrait. Cette lettre internet gratuite est consacrée au marché des matières premières et au marché des devises. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché, ainsi que celui du Forex.]
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 25/05/11.