La chute de l’or survenue vendredi, avec un premier test des 1 600 $ depuis bien longtemps (il faut remonter au 15 août 2012), a suscité de nombreux commentaires. C’était même le deuxième sujet le plus discuté ce lundi après le quitus accordé au Japon et à la Fed pour leur « politique de relance à usage interne ».
Le sabordage du yen et du dollar ne saurait être assimilé à une politique de dévaluation compétitive… puisqu’aucun objectif de parité monétaire précis n’est visé. Les membres du G20 sont tombés d’accord sur le fait que ce sont bien les marchés qui décident — mais nous sommes priés de ne pas nous interroger sur leurs motivations.
Revenons-en au métal précieux : de nombreux stratèges (comme ceux de Société Générale et de Goldman Sachs) prédisent une année sombre pour la relique barbare !
L’or va être victime du redémarrage économique des Etats-Unis (avec 0% de croissance au quatrième trimestre et une chute des ventes de détail depuis six semaines, on sent très clairement que les choses s’améliorent, non ?) ainsi que de l’absence d’inflation au cours des six ou neuf prochains mois — enfin, surtout en Europe… malheureusement.
La demande d’or physique a reculé de 4% en 2012. Cette tendance devrait se confirmer en 2013 : le gouvernement indien a imposé de nouvelles taxes sur le métal jaune et la roupie est au plus bas, ce qui pèse clairement sur la demande.
Et puis, une nouvelle fois, pourquoi perdre son temps avec l’or qui ne rapporte rien… alors qu’il y a tellement d’argent à gagner avec les actions et leur fabuleux rendement qui éclipse complètement celui des emprunts d’Etat.
Vendez vos OAT, vendez votre or tant qu’il est encore temps ! La « Grande rotation » au profit des actions ne fait que commencer ; le basculement de l’or sous les 1 600 $ (en direction des 1 500 $) pend au nez de ceux qui s’accrochent sottement à leurs pièces et à leurs lingots.
▪ Alors… quels objectifs ?
Nous ne serions pas aussi catégoriques sur la question des objectifs. L’or s’inscrit en effet clairement dans un canal baissier, rythmé par un triple sommet déclinant (1 800/1 750/1 700 $) et des creux parfaitement étagés à 1 675/1 640 puis 1 590/1 595 $ si la correction se poursuit ces tous prochains jours.
Il faut tout de même reconnaitre que sous les 1 585 $, le scénario moyen terme ne serait pas très favorable et que le test des 1 500 $ ne saurait dans ce cas être exclu.
Mais nous assisterions dans la foulée à une chute symétrique du pétrole sous les 95 $ en direction des 91 $… Et là, il sera difficile de faire l’impasse sur la dégradation de la conjoncture.
Mais chut ! Personne ne croit que le syndrome de décembre soit durable. La Bundesbank se dit convaincue que l’Allemagne va renouer avec la croissance au premier trimestre 2013, ce qui éviterait le diagnostic d’une récession technique (deux trimestres de contraction du PIB).
La Bundesbank semble donc minorer fortement l’impact de la chute du yen — alors que les exportations allemandes sont le principal moteur de l’économie germanique. Elle semble également minimiser l’importance de la dégradation de la conjoncture chez ses principaux partenaires (la France affiche -0,3% de PIB et l’Italie -0,9%).
Le gouvernement allemand se montre prudent avec une anticipation de hausse de 0,2% au premier trimestre et de 0,4% du PIB pour l’ensemble de 2013 contre 0,7% en 2012… avant un rebond de 1,6% en 2014.
Tout le monde parie que l’Europe est actuellement au creux de la vague et que l’embellie est pour dans six ou neuf mois… comme tous les ans ! Sauf que cette fois-ci, les marchés ne partent pas d’un niveau de survente mais de surachat historique aux Etats-Unis.