La Chronique Agora

Or : ce dont personne ne vous parle (2)

Par le Dr Thomas Chaize (*)

Le pic de production (bientôt le Peak Gold ?)
La hausse du prix de l’once d’or a eu un effet stimulant sur la production mondiale d’or : elle a évité que la production d’or ne baisse brutalement.

Il me semble que ce début (à confirmer) de vague de baisse de la production d’or a des origines différentes que les précédentes vagues de baisse du 20ème siècle, qui avaient des origines exogènes (Première et Deuxième guerres mondiales, politique monétaire).

Certes, il y a une grande inertie entre la reprise de l’exploration et la production, mais je ne suis pas sûr que cela suffise à expliquer cette stagnation / baisse de la production d’or. Malgré cette inertie, la production d’or devrait déjà donner les premiers signes de reprise ; néanmoins ce n’est pas le cas.

Cette stagnation / baisse de la production d’or me semble avoir des origines endogènes à la production d’or : ce n’est pas le monde qui fait baisser la production d’or, c’est la production qui prive le monde d’or, ce qui est très différent.

III. L’avenir de la production d’or ?
a. Concentration d’or de plus en plus faible
Il reste encore de l’or à extraire un peu partout dans le monde (l’or a une grande répartition géographique), mais avec des teneurs et des concentrations de plus en plus faibles. En Afrique du Sud (premier producteur mondial), il faut parfois aller chercher l’or dans des filons à 4 000 mètres de profondeur dans des conditions humaines effroyables, avec des techniques complexes et un coût énergétique très élevé.

Pour une tonne de minerai, on recueille seulement trois ou quatre grammes d’or. Les teneurs d’or dans le minerai ont beaucoup changées depuis l’époque de la ruée vers l’or et du mineur avec sa "batée" sur les bords d’une rivière qui exploite un gisement alluvionnaire, aux USA, au Canada ou en Australie au 21ème siècle.

Terminée la découverte de pépites d’or de plusieurs kilogrammes sur les bords d’une rivière par un prospecteur chanceux.

A titre d’exemple, une mine d’or dans un gisement de quartz de la Californie au milieu du 21ème siècle avec des teneurs considérées comme très basses à l’époque, contenait entre 15 et 35 grammes d’or par tonne !

Cherchez un peu pour voir aujourd’hui un gisement d’or avec un teneur d’une once d’or par tonne (31,103 grammes) !

Même en Europe, il y a eu de l’or, mais l’exploitation est tellement ancienne (Antiquité), les teneurs sont aujourd’hui tellement faibles, que très peu de mines sont encore rentables.

Il reste de l’or dans le monde mais avec quel coût d’exploitation ? Si je vous dis que j’ai un gisement d’or fabuleux, mais qu’il est sur la Lune, vous comprendrez aisément que l’on ne peut pas vraiment le considérer comme une réserve économique viable : c’est un peu la situation de l’or dans le monde aujourd’hui…

b. Hausse des coûts de production inéluctable
Chaque année qui passe voit le coût moyen de la production d’or augmenter, et cette tendance est définitive.

Malgré des techniques d’exploration de plus en plus efficaces, les gisements découverts sont plus petits et avec des teneurs plus faibles, c’est-à-dire de moins en moins rentables.

Que l’on découvre de nouveaux gisements, cela ne fait aucun doute — mais ils seront plus éloignés, plus petits et plus chers. Dans ces conditions, il est difficile pour l’once d’or de retomber un jour au prix de 2001.

Il faudra encore attendre quelques années pour savoir si la hausse du prix de l’once d’or peut permettre à la courbe exponentielle de la production d’or de continuer sa folle croissance.

Il est cependant déjà possible aujourd’hui d’en douter, même si il est nécessaire, à cause de l’inertie entre exploration et production, d’attendre encore quelques années pour parler de déclin définitif ou temporaire et de pic de production de la production d’or dans le monde (Peak Gold, à l’image du Peak Oil).

Voici la citation d’un économiste que le journaliste Timothy Green relate en 1968 : "dites-moi quand l’homme changera, et moi, je vous dirai quand l’importance de l’or cessera".

Meilleures salutations,

Thomas Chaize
Pour la Chronique Agora

(*) Spécialiste des matières premières, le Dr Thomas Chaize est reconnu aux Etats-Unis aussi bien qu’en France. Il a beaucoup publié outre-Atlantique, notamment sur des sites aussi prestigieux que GoldEagle, 321Gold, 321 Energy, SilverSeek… Il participe également régulièrement à la rédaction de L’Edito Matières Premières.

[NDLR : Tous ces facteurs — et bien d’autres encore — pourraient propulser l’or jusqu’à 2 000 $… voire au-delà : il est encore temps de profiter de la hausse !]

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