La Chronique Agora

Or : ce dont personne ne vous parle (1)

Par le Dr Thomas Chaize (*)

Le sujet ne sera pas ici la monnaie d’or, la masse monétaire, l’inflation ou l’étalon or, mais la situation de la production d’or dans le monde.

Cela fait aujourd’hui presque six ans que la production mondiale d’or stagne, voire baisse. Pourtant, la hausse des prix de l’once d’or aurait dû favoriser une augmentation de la production mondiale d’or.

Il y a quelques années, les grands gourous de la finance nous avaient pourtant prédit que la hausse — qu’ils jugeaient impossible — de la "relique barbare" ferait grimper la production d’or et serait fatale au prix de l’once d’or. Aujourd’hui, le prix de l’once d’or a presque triplé et la production d’or réussit difficilement à se maintenir au même niveau…

I. Assistons-nous à l’inexorable baisse de la production mondiale d’or ?
Ce sujet, je l’ai déjà abordé en 2004 dans trois articles distincts sur la production d’or. Ils sont cependant toujours d’actualité.

a. Les précédentes vagues de baisse
Il y a eu au 20ème siècle trois grandes vagues de baisse de la production d’or :

– 1914-1918 (Première guerre mondiale)
– 1939-1945 (Deuxième guerre mondiale)
– 1970 (fin de l’étalon-or pour le dollar, le Gold Bullion Standard, et ventes massives des banques centrales)

Il faut signaler qu’après chaque vague de baisse de la production d’or, il faut alors entre 15 et 20 ans à l’or pour dépasser son précèdent sommet.

b. Depuis 2001, la production stagne, voire baisse !
Le maximum de la production mondiale d’or a eu lieu en 2001 avec 2 600 tonnes d’or produites en un an dans le monde. Depuis cette date, la production mondiale d’or baisse légèrement tous les ans alors que le prix de l’or jaune augmente avec force et constance.

La hausse record des prix de l’or de 255 $ à plus de 700 $ n’a pas suffi à maintenir la production d’or à son niveau de 2001.

II. Les raisons de la baisse de la production mondiale de métal précieux
a. Les investissements miniers sont trop faibles
La raison principale est le manque évident d’investissement dans l’exploration minière dans les années 1990, à cause du prix de l’once d’or ridiculement bas.

La baisse continue des prix de l’or depuis les années 1980 et jusqu’à très récemment a obligé les mines aurifères à réduire au minimum leurs investissements d’exploration.

Malgré un redémarrage de l’exploration minière depuis 2001, il faut attendre cinq à dix ans entre la découverte d’un gisement et la fonte du premier lingot d’or.

La hausse du prix de l’once d’or en dollar a sorti les compagnies minières de leur longue hibernation aurifère. Cela a eu de nombreux effets positifs sur la production d’or, suffisamment pour éviter que la production ne décline brutalement, mais pas assez pour trouver un nouveau Klondike ou Eldorado.

Malgré le réveil de l’investissement dans l’exploration, la production stagne faute de découverte de gisement de classe mondiale. Les grands producteurs d’or ne s’y trompent pas : ils préfèrent racheter leurs concurrents plutôt que de chercher de nouvelles pépites aurifères.

Nous verrons la suite dès demain…

Meilleures salutations,

Thomas Chaize
Pour la Chronique Agora

(*) Spécialiste des matières premières, le Dr Thomas Chaize est reconnu aux Etats-Unis aussi bien qu’en France. Il a beaucoup publié outre-Atlantique, notamment sur des sites aussi prestigieux que GoldEagle, 321Gold, 321 Energy, SilverSeek… Il participe également régulièrement à la rédaction de L’Edito Matières Premières

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