La Chronique Agora

Or et cash contre Grèce et marchés boursiers

▪ En Grèce, les files d’attente s’allongent. Jusqu’au coin de la rue. Tout le long du quartier.

Des files pour retirer de l’argent. Des files pour acheter de l’essence. Des files de gens soucieux de mettre la main sur des choses de valeur : nourriture, carburant, cash.

Il faut avoir pitié du malheureux qui arrive en dernier.

… Le pauvre chauffeur de taxi, par exemple, debout derrière 300 autres personnes… tentant de retirer 60 malheureux euros. Comme un tragique client de boîte de nuit… il fait partie des derniers à sentir la fumée. Une fois qu’il arrive à la sortie, elle est encombrée de gens désespérés, luttant tous pour sortir par la même porte étroite.

Rappelez-vous : lorsqu’un ours vous attaque dans les bois, inutile d’être plus rapide que l’ours. Il suffit d’être plus rapide qu’au moins un autre randonneur.

De même, inutile d’être le premier à retirer votre argent au distributeur ; il faut simplement s’assurer de sortir votre argent avant que la machine soit vide.

De même, lorsqu’un marché baissier attaque, pas besoin d’être le premier à vendre… mais mieux vaut vraiment ne pas être le dernier.

La Grèce continue de faire trembler les investisseurs. De l’autre côté de la planète, les analystes examinent "le début de la fin pour les valeurs chinoises".

Nous doutons que ce soit le début de la fin. Il est plus probable que ce soit juste la fin du début. Vendredi, la banque centrale chinoise a abaissé ses taux à un plus bas record, après que les actions ont perdu 7% à Shanghai en une seule journée. Les analystes s’attendaient à un rebond massif après la baisse de taux. Au lieu de ça, l’indice a replongé, perdant 3,3%.

"On a une situation potentiellement très moche cette semaine"

▪ Le début de la fin du début…
La Grèce… la Chine… Selon un commentateur, interrogé par Bloomberg :

"On a une situation potentiellement très moche cette semaine".

Notre supposition : les actions aux Etats-Unis et en Chine ont touché leurs plus hauts.

Le vétéran Richard Russell, qui étudie les marchés depuis 1958, est du même avis :

"Je pense que le sommet est apparu comme un voleur dans la nuit. Le Dow est tombé sous le seuil des 18 000 ; il est désormais négatif sur l’année.

Il y a une grande vague vers le dollar US, une fuite vers la sécurité. Selon moi, le dollar est désormais suracheté et surestimé. […] Je ne serais pas surpris de voir le Dow passer sous les 17 000 dans les jours qui viennent. [Et j’ose espérer] que mes abonnés sont hors du marché et détiennent seulement de l’or et de l’argent physiques".

Attendez. De l’or et de l’argent ? Un lecteur pose la question :

"Dans la même veine que la question de votre lecteur sur l’utilité du cash quand le cash est déclaré illégal, à quoi sert l’or s’il est déclaré illégal ?"

Pour faire court, la réponse est double. Premièrement, les métaux précieux ne sont pas illégaux pour l’instant. Et deuxièmement, rendre quelque chose illégal ne rend pas nécessairement cette chose impopulaire.

Roosevelt a interdit l’or en 1933. Les autorités voulaient le contrôle complet de la monnaie. Le dollar s’appuyait sur l’or, à l’époque, de sorte que contrôler le dollar signifiait obtenir le contrôle de l’or. Une fois l’or en main, ils pouvaient dévaluer le dollar simplement en recalculant de prix dollar-or, de 20 $ à 35 $. En un instant, les gens ont perdu 40% de leur richesse (telle que mesurée en or). Cette interdiction a duré 42 ans. Elle a pris fin en 1975.

Aujourd’hui, les autorités n’ont même pas besoin d’interdire l’or. Il est considéré comme "un actif comme les autres" — à l’instar d’un tableau de Van Gogh ou une Corvette 1967. Peu de gens en possèdent. Peu de gens s’en soucient — pas même les autorités. Elles n’y accorderont probablement guère d’intérêt — du moins pour l’instant.

▪ Vers une interdiction de l’or ?
Cela pourrait changer, bien entendu, si les files s’allongent. Les gens intelligents se tourneront vers l’or — non seulement juste à temps, mais juste au cas où. C’est une forme de cash — traditionnellement, la meilleure. On peut le contrôler. On peut l’échanger contre du carburant, de la nourriture et d’autres formes de richesse.

Beaucoup de choses peuvent mal tourner pendant une crise. Le cash vous aide à vous en tirer

Beaucoup de choses peuvent mal tourner pendant une crise. Le cash vous aide à vous en tirer.

Généralement, le prix de l’or augmente avec l’incertitude et le désespoir. Parce qu’il est utile. Comme le Bitcoin et les espèces dans votre portefeuille (par opposition à l’argent que votre banque vous doit), l’or n’est pas à la botte du gouvernement ou des banques. Inutile de faire la queue pour en avoir. Ou pour le dépenser.

Oui, à mesure que de plus en plus de gens se tournent vers l’or comme moyen d’éviter les files, les autorités pourraient à nouveau l’interdire. Mais lorsque nous fermons les yeux et tentons d’imaginer un monde où l’or est illégal… ce que nous voyons, c’est un monde où nous voulons plus que jamais en posséder.

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