La Chronique Agora

L’or à 10 000 $… malgré tout !

▪ Il y a quelques jours, nous avons assisté au spectacle de la réunion de la Fed la plus attendue de ces dernières années. Au final, la décision (oh surprise !) a été prise de continuer le plan de soutien de l’économie par la Fed, au rythme de 85 milliards de dollars par mois.

Toutefois, la plupart des traders, obsédés par la moindre modification du rythme mensuel d’impression de la Fed, n’ont pas vraiment compris ce qui se passe réellement : la croissance du crédit est allée au-delà du potentiel productif de l’économie, aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. Chaque regain de croissance successif de l’argent et du crédit a un impact marginal à chaque fois plus faible sur l’économie réelle ; cela nécessite constamment une politique monétaire souple et peut-être, au final, une dévaluation formelle du papier par rapport à l’or.

Dans son dernier Gloom Boom & Doom Report, Marc Faber affirme que la Fed a perdu le contrôle du marché obligataire. Le rendement des bons du Trésor a doublé depuis les plus bas de l’été 2012 — un développement qui ne faisait certainement pas partie du plan de stimulation économique de la Fed. Les acteurs sur marché actions qui le travaillent habituellement à la hausse se méfient. « Ayant perdu le contrôle du marché obligataire », écrit Faber, « il est probable que la Fed va également perdre le contrôle du marché actions ».

Faber recommande aux investisseurs de réduire leurs positions actions. Selon lui, le marché risque un brusque déclin. Et de conclure : « les seules classes d’actifs qui ressortent comme étant survendues et d’une valeur relativement bonne sont les matières premières industrielles et les compagnies minières ».

Je suis d’accord. La valeur est rare. Les investisseurs ont fait monter les prix de tout, même des compagnies de peu de qualité, bien au-delà de toutes les estimations de valeur conservatrices.

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En vidéo
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… et trois moyens de vous en protéger.

Tout est là !

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Aujourd’hui, je souhaite publier à nouveau un essai vieux d’un an sur l’or et le système monétaire basé sur le dollar papier. Son principal message s’applique encore aujourd’hui à ce à quoi nous assistons cette semaine (et s’appliquera encore dans un an).

Beaucoup de problèmes peuvent provenir d’un système monétaire qui permet au crédit sans réserve de se multiplier, au-delà de la capacité de l’économie à servir ce crédit. Il semble que l’économie mondiale soit arrivée à ce stade, il serait donc bon de réfléchir à la manière par laquelle ce système pourrait s’adapter.

[Note : Ce qui suivra sur les prochains jours a été publié pour la première fois à l’été 2012. Avec l’annonce de la Fed de continuer son stimulus de 85 milliards de dollars par mois, nous avons pensé qu’il était intéressant de réétudier la fragilité du système monétaire basé sur le dollar papier.]

On se dirige probablement vers une once d’or à 10 000 $, sans que cela ne nécessite une décomposition de la société civile…

▪ Plus de cauchemars que de rêves
Les spéculateurs considèrent les banquiers centraux comme des héros des temps modernes, capables d’orienter les marchés en une seule phrase. L’image de Ben Bernanke, de Mario Draghi et de Masaaki Shirakawa en cape, collants et masqués nourrit les fantasmes des spéculateurs inquiets d’avoir peut-être trop payé pour des actions ou des obligations. « Certainement, le prochain round d’assouplissement me permettra de vendre ! » espèrent-ils. Peut-être… ou peut-être pas !

Dernièrement, les spéculateurs ont fait plus de cauchemars que de rêves. On tremble que la zone euro ne disparaisse. Le chaos et les faillites bancaires qui s’ensuivraient pourraient court-circuiter le système bancaire mondial. Dans ce scénario, la chancelière allemande Angela Merkel tient le rôle du traître. « Si seulement Merkel cède et donne son accord pour les eurobonds ou une union bancaire », pense-t-on, « nous serons déjà dans la course. Dès que Merkel est d’accord pour une union fiscale, le président de la BCE Mario Draghi pourra lâcher les armes puissantes de l’impression d’euros ».

Pas si vite. Les pouvoirs de Mario Draghi et d’autres banquiers centraux déclinent. Une dette excessive est comme de la kryptonite : chaque nouvelle vague d’impression a moins d’impact sur les marchés. Comme le dit l’adage : « ceci est un problème de solvabilité, pas de liquidité ». En d’autres termes, une augmentation de la masse monétaire ne peut redonner la santé à des prêts et à des obligations d’Etat malades. Le seul moyen de restaurer la solvabilité du système est de dégonfler l’économie ou de réduire le montant de la dette dans le système via la faillite de masse.

Ou bien existe-t-il un autre moyen ? Existe-t-il un « bouton de réinitialisation » sur lequel les banquiers centraux peuvent appuyer (avec l’approbation des responsables politiques) qui restaurerait l’équilibre du système ?

Nous savons que les banquiers centraux ne voudront jamais provoquer la déflation de l’économie ni annihiler la valeur de la dette, ce qui détruirait le système bancaire. Qu’en est-il alors de gonfler la masse monétaire pour diluer la valeur de la dette ? Tout cela d’un seul coup ?

Nous verrons la suite dès vendredi…

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