La Chronique Agora

On ne peut pas forcer les prêteurs à prêter

** Ayez la bonté de nous pardonner si vous avez l’impression que nous nous attardons un peu trop sur le marché des prêts immobiliers américains. La raison pour laquelle nous le faisons, c’est que nous constatons que ce que la Réserve fédérale américaine prévoit de faire et ce qu’elle fait vraiment sont deux choses complètement différentes. Elle tente peut-être de venir en aide aux emprunteurs en détresse en leur donnant une chance de se renflouer grâce à des taux plus bas. Et elle tente peut-être également de relancer les marchés boursiers et l’immobilier. Mais rien ne fonctionne comme prévu.

– Avant la baisse des taux surprise de 50 points puis celle de 75 points la semaine dernière, les taux des prêts hypothécaires sur 15 et 30 ans étaient en réalité en baisse aux Etats-Unis. Le marché commençait à s’éclaircir un peu. Dès que la Fed a interféré dans le processus de fonctionnement du marché, celui-ci a immédiatement réagi en remontant les taux — l’inverse de ce que la Fed voulait obtenir.

– La leçon qu’il faut en tirer ? Vous pouvez faire du crédit plus bas. Mais vous ne pouvez pas le contrôler. Et vous ne pouvez pas forcer les prêteurs à prêter. Quel prêteur, dans un tel environnement, accepterait de refinancer les propriétaires immobiliers américains ?

– Sommes-nous à l’aube de cette crise nécessaire pour corriger les inégalités brutes de l’économie mondiale ? C’est en tous cas ce que pense Bill Gross, roi des obligations chez Pimco. "Ces dernières années, la demande a été stimulée de façon artificielle et fictionnelle, sous forme de consommation, par le déchaînement de la machine financière. La question qui se pose donc aujourd’hui, c’est : ‘est-ce que ce trou noir qui risque de tout faire imploser peut être totalement contré par une autre dose de rendement plus faible et de mesures politiques stimulant les dépenses déficitaires ?’"

– En d’autres termes, Bill Gross doute fortement qu’une baisse des taux puisse soigner tous les maux de l’économie mondiale. "Un taux court artificiellement bas à 1% était un antidote à l’époque du bourgeonnement du système bancaire virtuel", écrit-il aux clients sur le site de Pimco. "Cela ne peut en aucun cas être la solution aujourd’hui".

– Alors selon lui, quelle est la solution ? "L’économie américaine et son homologue mondial vont faire du somnambulisme pendant encore quelques temps ; la reprise de la prospérité telle que nous la connaissons dépendra surtout de réformes de la politique monétaire et fiscale plus proches de celles des années 1930 que des dix dernières années".

– Bienvenue dans les années 1930 cher lecteur, l’ère des dépenses gouvernementales astronomiques. Le gouvernement dépensait quand les entreprises ne voulaient pas et que les particuliers ne pouvaient pas. En quoi l’accroissement des dépenses va pouvoir nous aider à sortir de ce problème, nous n’en savons rien. C’est même ce qui a créé le problème. Mais si Gross a raison, attendez-vous à un dollar encore plus faible, une inflation encore plus importante, et des prix encore plus élevés pour l’or et le pétrole.

** Un signe qui ne trompe pas, selon notre trader Gabriel André, que quelque chose se prépare sur le marché des futures du pétrole brut. "Le contrat à terme sur le brut livraison mars 2008 se négocie depuis juillet dernier environ. Jeudi, il a clôturé un peu plus haut (92,33) pour prolonger un peu la reprise après la baisse de la semaine précédente. Il a clôturé juste au dessus de sa moyenne mobile à 50 jours, ce qui confirme sérieusement un marché haussier à court terme.

– "Ce serait un vrai signal d’achat si la première résistance de la moyenne mobile à 20 jours était touchée (92,69). Cela indiquerait qu’une baisse à court terme est enregistrée. De fait, après une augmentation vers les 100 $ début janvier et le mouvement de retrait qui a suivi, les prix ont trouvé un support solide dans le cours plutôt bas de décembre, autour des 85,40, dessinant un double plancher".

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