La Chronique Agora

Obamacare ou le shutdown, quel est le plus grand danger pour les Etats-Unis ?

▪ Après une séance de bourse bien terne mardi, les opérateurs ont pu refaire le plein de sensations hier. Les indices américains sont partis dans tous les sens dès la première heure de cotation… pour finir globalement sans direction — voire plutôt à la baisse si l’on se fie au Nasdaq et au Russell 2000.

Pourtant, « l’effet Yellen » (la super-colombe de la Fed qui rêve de dépasser le maître en matière de création monétaire) était censé jouer de façon favorable. Mais Wall Street n’a pas salué l’officialisation par Barack Obama de son intention de proposer sa candidature au poste de présidente de la Réserve fédérale.

La validation de ce choix par le Sénat ne devrait constituer qu’une formalité — même si quelques élus républicains lui reprochent son penchant immodéré pour la planche à billets.

N’a-t-elle pas rappelé à plusieurs reprises qu’une politique monétaire non-conventionnelle (dont le fer de lance est le quantitative easing) peut être progressivement édulcorée (c’est le fameux tapering) si la conjoncture redevient plus favorable, ou renforcée si les ventes contraires se remettent à souffler… ce qui semblait bien être le cas fin septembre.

Au-delà des signaux économiques plus mitigés qui remettent en cause les discours résolument optimistes tenus cet été, Ben Bernanke n’a-t-il pas renoncé au tapering du fait d’un faisceau d’indices laissant présager d’un shutdown alors même que la situation budgétaire américaine apparaît nettement moins tendue qu’au milieu de l’été 2011 ?

Sans oublier que l’hypothèse d’un défaut semble complètement surréaliste. En effet, la Fed n’a qu’à presser sur la touche « imprimer » pour que l’Amérique dispose de n’importe quel montant de liquidités permettant de payer les intérêts de la dette aux créanciers.

▪ Qui sont les assistés, dans l’affaire ?
Le sentiment ultra-majoritaire reste que Ben Bernanke n’avait pas besoin d’être extra-lucide pour pressentir que le débat politique s’est nettement crispé depuis que la Maison Blanche a décidé d’imposer la mise en place d’Obamacare.

Les opposants à la couverture sociale pour tous arguent qu’il s’agit d’un projet socialiste qui n’aurait jamais dû voir le jour dans un pays libéral. C’est le genre de « cadeau » qui encourage un comportement d’éternel assisté, ce qui est aux antipodes de la culture américaine.

Curieusement, 2 500 milliards de dollars d’assistanat en faveur des banques en cinq ans ne les choque pas ! L’absence de transmission des flux de liquidités à l’économie réelle non plus : le devenir de cet argent leur semble beaucoup moins préoccupant que la perspective d’éventuels gaspillages engendrés par des frais médicaux.

Lesdits frais médicaux s’avèrent en de nombreuses circonstances cinq fois plus élevés aux Etats-Unis qu’en Europe ou au Canada : cela ne les alarme pas non plus.

En revanche, si le train de vie de l’Etat leur apparaît trop coûteux, ils sont les premiers à voter n’importe quel budget en faveur de la lutte contre le terrorisme, ou pire, pour financer ce que Bill Bonner appelle des « guerres coloniales ».

Le retour sur investissement est nul, il s’agit de gouffres budgétaires, mais le problème des Etats-Unis, c’est Obamacare… pas le lancement de volées de missiles à plusieurs millions de dollars pièce (dont certains se demandent si Vladimir Poutine ne serait pas en mesure d’empêcher qu’ils touchent leur cible… mais chut ! La technologie américaine est réputée infaillible).

▪ Le vrai problème des Etats-Unis
Comme je l’expliquais mardi, le vrai problème des Etats-Unis n’est pas de trouver de nouvelles cibles à bombarder mais bien de préserver le rôle central du dollar dans le commerce international.

De ce point de vue, un défaut des Etats-Unis constituerait un accroc majeur dans la crédibilité du billet vert. Qui aurait envie de commercer et de détenir une monnaie dont l’émetteur n’honore pas ses dettes ?

Le scénario du « défaut partiel » (une procédure qui nécessite un intense travail préparatoire pour éviter une situation de chaos comme ce fut le cas avec la Russie en 1998 ou l’Argentine en 2001) a déjà été évoqué ces derniers jours et nous avons repris certains des articles consacrés à ce sujet.

Ce qui nous a « émoustillé », c’est la confirmation du principe de répartition des créanciers entre seniors (prioritaires) et juniors (qui devront attendre, voire passer leur tour), comme nous l’avons observé de façon tout à fait concrète dans le cas du « non-défaut » grec. Les CDS n’avaient en effet pas été activés ; ce n’était qu’un défaut partiel, doublé d’une restructuration.

Si l’on suit le raisonnement jusqu’au bout, la véritable question pourrait consister non pas à déterminer si un défaut partiel est justifié ou non (si la Grèce avait pu faire usage de la planche à billet, elle continuerait de rembourser sa dette pharaonique rubis sur l’ongle… comme le Japon ou la Grande-Bretagne) mais qui parmi les créanciers des Etats-Unis aurait le plus à y perdre.

Sans nul doute des fonds de retraite américains qui peuvent continuer de fonctionner en tirant sur leurs réserves, en attendant que l’on fasse jouer ou qu’on leur invente des mécanismes de compensation.

Et si cela ne suffisait pas, des créanciers non-résidents au pedigree suspect pourraient à leur tour être privés de leur rémunération.

Par « suspect », il faut comprendre des fonds immatriculés dans des paradis fiscaux, des entités soupçonnées de blanchir de l’argent sale, des comptes appartenant à des personnes ou des institutions figurant sur des listes noires, etc.

Si certains pays figuraient également sur ces listes (parce que faisant commerce avec des ennemis désignés des Etats-Unis et ne respectant pas les sanctions internationales qui leur sont opposées), quel « traitement » leur serait appliqué ? Nous vous laissons le deviner !

Mais la réponse — en pratique — n’est pas pour tout de suite !

▪ Attendez-vous à l’impossible…
En revanche, nous n’hésiterons pas à distiller lors de nos prochaines chroniques des hypothèses qui ne font pas consensus et qui risquent de faire grincer quelques dents.

Pour ceux qui sont convaincus que plus le microcosme tente de vous convaincre que certaines hypothèses sont impossibles, plus il faut vous attendre à ce que l’impossible (au sens large) survienne… et y compris ce que vous soupçonniez inconsciemment dès le départ.

Seuls les petits secrets ont besoin d’être soigneusement cachés aux yeux du grand public. Les plus grands complots n’en ont pas besoin : ils sont protégés par l’incrédulité de tous ceux qui en sont les victimes.

Si vous êtes prêt à me suivre pour découvrir comment échapper aux prochains mauvais coups qui seront portés à votre épargne, à vos conditions d’existence, au futur de vos proches… ainsi qu’à la démocratie en général (elle est d’ores et déjà beaucoup plus mal en point que vous ne le soupçonnez), attendez-vous à décrypter la conspiration du mensonge et rire aux dépens de ceux qui n’hésitent pas à vous pourrir la vie pour embellir la leur !

Mais attention, car même démasqués, ils demeurent tout aussi dangereux. Ils bénéficient d’innombrables complices à tous les échelons de la société et jusque dans votre entourage.

Vous les connaissez bien : ce sont tous ceux qui subissent mais qui ne veulent pas savoir.

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