La Chronique Agora

Obama s'attaque aux problèmes du secteur immobilier US

** Nous sommes ravi de voir M. Obama passer à l’action… remontant ses manches et agissant directement pour redresser le secteur automobile américain. Dans un monde où les actifs s’écroulent et où la dépression règne, nous avions besoin de rire un peu.

* Oui, cher lecteur… nous nous sentons positivement béni. Nous voyons des choses que nous ne pensions jamais voir — krach, dépression, nationalisations… des choses que nous pensions lire uniquement dans les livres d’histoire. Des choses si extravagantes, absurdes et imbéciles que nous ne pensions jamais les voir répétées… de notre vivant. Nous n’avions jamais imaginé les voir au XXIe siècle… aux Etats-Unis d’Amérique.

* Autrefois, nous nous moquions des pays étrangers. Ils protégeaient leur secteur immobilier… et payaient des fortunes pour avoir des voitures de qualité inférieure. Ils prétendaient que leurs ronds-de-cuir gouvernementaux géraient mieux l’économie que les ronds-de-cuir du secteur privé. Leurs banques centrales imprimaient de l’argent pour stimuler la consommation nationale. Ils se mêlaient des marchés. Ils bidouillaient leurs devises. Ha. Ha.

* D’autres pays ont repris leur secteur industriel. C’est ce qui a mené par exemple à cette merveilleuse avancée de la technologie automobile — la Trabant. Vous vous souvenez de la Trabant ? Nous guère — sinon que c’était une voiture si exceptionnelle qu’il fallait attendre plusieurs années avant de pouvoir en acheter une. Mais c’était en Allemagne de l’est, avant que le Mur tombe. Il fallait attendre de nombreuses années avant de pouvoir acheter quoi que ce soit. Puis, lorsque l’occasion s’est présentée… et que le Mur est tombé… on a pu acheter de vraies voitures.

* Et que faisait-on des Trabant ? Nous n’en savons rien, mais nous nous rappelons avoir lu une anecdote selon laquelle les gens se contentaient de les laisser dans la rue, avec les clés sur le contact…

* Mais pourquoi les autorités américaines ne se lanceraient-elles pas dans l’automobile ? C’est dans la constitution américaine, non ? La "clause automobile", comme l’appelle Byron King : "tous les Américains auront le droit à la vie, la liberté et une berline cinq-portes".

* Les autorités américaines sont déjà dans le secteur de l’assurance, de toute façon — et ils ne font pas les choses à moitié. Le gouvernement américain détient 80% d’AIG — on a déjà vu avec quel succès. Il est depuis longtemps dans le secteur ferroviaire. Amtrak contrôle ce qui devrait être l’un des couloirs de transport les plus lucratifs au monde — de Boston à Washington DC. D’une manière ou d’une autre, l’entreprise continue de perdre de l’argent.

* Et voilà que le gouvernement américain prend aussi le contrôle de l’automobile. Rick Wagoner a été contraint de quitter General Motors dimanche dernier, pour qu’Obama puisse mettre son propre homme au volant.

* Obama : "j’espère que les mesures que j’annonce aujourd’hui permettront de répondre à de nombreuses questions que les gens se posent quant à l’avenir de GM et Chrysler. Mais au cas où il resterait quelques doutes, permettez-moi de le dire aussi simplement que possible — si vous achetez une voiture Chrysler ou General Motors, vous pourrez faire entretenir et réparer votre automobile comme toujours. Votre garantie est sûre. En fait, elle sera plus sûre qu’elle l’a jamais été. Parce qu’à partir d’aujourd’hui, le gouvernement des Etats-Unis soutient votre garantie".

* Et cette garantie, combien dure-t-elle ? Cinq ans… 75 000 kilomètres… ou jusqu’à ce que je gouvernement se retrouve à court d’argent — ce qui arrivera en premier.

* Les marchés boursiers n’ont pas semblé apprécier. Wagoner était probablement un incompétent. Sa stratégie ne fonctionnait pas, et l’entreprise semble aller tout droit à la faillite. Et alors ? Dans une économie de marché, les entreprises ont le droit de faire faillite, n’est-ce pas ? Leurs biens immobilisés peuvent alors être repris par d’autres sociétés, pour en faire meilleur usage. C’est ainsi que les choses sont censées fonctionner. Sauf qu’à présent, tout le monde semble avoir perdu foi dans le "pouvoir d’auto-guérison du marché". On a donc invité les charlatans, avec leurs élixirs magiques et leurs potions miracle, à tenter quelque chose.

** Goldman Sachs a changé de refrain sur l’or. Au lieu de dépasser les 1 000 $ comme prévu il y a quelques temps, la société annonce désormais s’attendre à voir les cours tourner aux alentours des 930 $ cette année.

* Le constructeur immobilier Lennar a annoncé avoir perdu 155 millions de dollars au premier trimestre.

* Et des milliers de manifestants s’apprêtent à se faire entendre auprès du G20.

* "Ne faites pas payer les erreurs des capitalistes aux travailleurs", disait une affiche à Grenade, le week-end dernier. C’est probablement le ton des râleurs partout dans le monde.

* C’est là que les choses deviennent amusantes, non ? Les manifestants veulent que le gouvernement "fasse quelque chose". Mais que peut-il faire… sinon interférer avec le libre échange… et faire passer le fardeau des pertes de ceux qui les méritent vers ceux qui ne les méritent pas ?

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