La Chronique Agora

Nouvelles technologies : ne manquez pas la révolution du memristor !

▪ Régulièrement paraissent des articles annonçant la fin imminente de la loi de Moore et de l’accélération des progrès dans le monde de l’électronique. Par égard pour votre portefeuille, ne croyez pas cela. La destruction créatrice, pour reprendre le terme de Joseph Schumpeter, continuera à créer des opportunités de profits décisives.

En 2007, les chercheurs de Hewlett-Packard ont présenté le premier memristor reconnu comme tel. Mot-valise formé par les termes anglais memory (mémoire) et resistor (résistance), le « memristor » ou « memristance » est le quatrième composant théorique d’un circuit électronique et a été décrit pour la première fois en 1971. Si l’action HP ne produira sans doute pas le genre de bénéfices que nous espérons ici, cela l’aidera indirectement à les générer.

Du fait de ses propriétés uniques, le memristor permettra de concevoir des circuits bien plus puissants. Contrairement aux circuits conçus à base de transistors qui constituent le cœur de l’électronique moderne, les circuits memristifs conservent leur état après coupure de la source d’énergie. En théorie, on pourrait allumer un ordinateur à base de memristors et retrouver toutes les données en mémoire qu’il avait lorsque vous l’avez éteint. La mémoire memristor pourrait remplacer les disques durs et les mémoires vives à base de transistors.

▪ Toutefois, les memristors peuvent faire plus qu’agir comme une mémoire. Ils peuvent remplacer les composants « processeurs » existants. Cela signifie que beaucoup plus de fonctionnalités peuvent être mises en œuvre dans un seul composant. Au lieu de faire circuler sans cesse les données entre les centres de traitement et des mémoires distinctes sur la carte électronique, les memristors font tout cela.

Les données sont alors disponibles pour être traitées dans des délais moindres. Les memristors réduisent la taille du hardware, le coût et la consommation énergétique. En outre, les memristors peuvent couvrir plusieurs tâches selon d’autres façons, ouvrant ainsi toute une série de possibilités passionnantes.

Les composants de circuit existants n’ont que deux états : soit quelque chose, soit rien, 1 ou 0. L’arithmétique binaire est ainsi utilisée pour construire la fonctionnalité mathématique nécessaire pour insérer la logique qui donne à l’ordinateur son « intelligence ». Contrairement aux composants binaires, les memristors peuvent exister en plus de deux états. Cela permet l’utilisation de systèmes numériques sur une base supérieure à deux. Par conséquent, un seul memristor pourrait faire le travail de plusieurs transistors binaires. Cela permettrait d’avoir des processeurs plus rapides et plus puissants et une mémoire de plus haute densité.

Naturellement, une réduction de la consommation énergétique est une conséquence supplémentaire, puisque moins d’éléments sont nécessaires.

La capacité d’être soit logique soit mémoire, ainsi que la capacité à prendre plusieurs états, fait ressembler les memristors à des neurones dans le cerveau humain. Cette similarité n’a pas échappé aux chercheurs. Si l’on va au bout de cette logique, la capacité au multiétat signifie qu’un memristor pourrait exister dans pratiquement une infinité d’états. Par conséquent, les memristors pourraient être utilisés comme des composants analogiques plutôt que numériques. Selon les théoriciens informatiques, de tels composants seraient capables d’apprendre par eux-mêmes. En fait, des circuits memristifs simples ont déjà été utilisés pour modéliser la capacité adaptative des amibes.

Des efforts sont en cours pour cartographier totalement les 100 000 neurones du cerveau d’une mouche. Une fois cela terminé, le « circuit » du cerveau de la mouche pourrait peut-être être re-fabriqué avec des circuits memristifs. Cela nous aiderait à mieux comprendre l’intelligence animale et nous serions donc capables de développer une véritable intelligence artificielle.

S’ils sont suffisamment élaborés, de tels composants informatiques devraient être capables de reconnaître et de différencier facilement les visages humains et de comprendre le langage humain naturel.

La révolution du memristor arrive. HP prévoit que ses premiers circuits memristifs seront commercialisés au milieu de l’année 2013.
[NDLR : Pour être au rendez-vous en 2013… positionnez-vous dès maintenant sur les pionniers du memristor — il suffit de suivre les conseils de Ray Blanco et Patrick Cox. Cliquez ici pour en savoir plus]

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