▪ Aujourd’hui, nous annonçons hardiment une NOUVELLE THEORIE sur la manière dont le monde fonctionne.
Oui, cher lecteur, vous êtes le premier à l’entendre.
Les idées sur la marche du monde sont nombreuses. La plupart sont basées sur une sorte de dialectique… une tension entre une chose et une autre les poussant à osciller entre une direction et une autre… le yin et le yang de forces opposées, se battant constamment pour dominer.
Le bien contre le mal. Le progrès contre le recul. Le prolétariat contre la bourgeoisie. L’élite fortunée contre le peuple. La démocratie contre le totalitarisme. La liberté contre l’esclavage.
Et nous offrons là une nouvelle théorie améliorée ayant sa propre dynamique : les producteurs contre les parasites.
▪ Prenons un exemple : le cas BP.
BP a accepté de fournir aux zombies 20 milliards de dollars de viande crue :
"BP soutient le fonds de 20 milliards de dollars contre la marée noire", déclare le Financial Times.
BP est un producteur. La société produit quelque chose de précieux. En fait, elle produit la chose qui est la ressource la plus précieuse et la plus importante du Pentagone — l’énergie liquide. Elle le fait avec profit, récompensant aussi toutes les petites veuves, orphelins solitaires et riches oisifs qui possèdent ses actions. BP verse normalement des dividendes ; ces dividendes sont actuellement suspendus, puisque BP a besoin de liquidités pour financer le fonds de la marée noire.
Oui, elle fait aussi des erreurs, pour lesquelles elle doit payer.
Mais autour de BP tourne aujourd’hui une armée de parasites. Des zombies qui ne travaillent pas, pas plus qu’ils ne bûchent. A la place, ils font des procès et essaient d’obtenir des choses de la part des producteurs sans les payer. Le désastre occasionné par BP dans le golfe du Mexique est une aubaine pour eux — comme un bus de touristes grassouillets lâchés dans un quartier mal famé.
Vous vous rappelez ce qui s’est passé pour le secteur du tabac aux Etats-Unis ? En 1998, les fabricants de cigarettes se sont couchés et se sont ouvert les veines. 250 milliards de dollars ont été versés dans le cadre d’une gigantesque action collective. L’argent était censé contribuer à réparer les dommages causés par le tabagisme. Mais au lieu de cela, 19 $ sur 20 finirent dans les poches des avocats, des activistes et des bureaucrates. En d’autres termes, ce sont les zombies qui l’ont eu.
Le procès du pétrole sera-t-il différent ? Ce n’est guère probable. Les zombies en empocheront une grande partie. Et la majorité du reste sera utilisée pour transformer d’honnêtes travailleurs en zombies. Au lieu de chercher un nouvel emploi, par exemple, les habitants de la région du golfe auront toutes les raisons de rester sur place pour collecter des chèques. S’ils prennent un nouvel emploi, leurs dédommagements baisseront !
▪ Voici notre théorie : au début, une économie, une entreprise, un pays… ou même un budget familial… tous sont frais, propres et dynamiques. Au cours du temps, petit à petit, les parasites s’installent — comme des coquillages sur un bateau. Ensuite, ils se développent. Et ils finissent par devenir aussi gras que des tiques sur un chien en été.
Au début, ce ne sont que de petits ennuis. L’économie peut les supporter.
"Les masses veulent du pain ? Bon, pourquoi pas. Donnez-leur des jeux, aussi. Et confiez une sinécure à mon beau-frère".
Peu à peu, de plus en plus de gens veulent une part du gâteau. Un département superflu dans une entreprise florissante. Des subventions pour un groupe. Des faveurs spéciales pour un autre. Un emploi inventé… un cadeau financier… un renflouage. Une dépense ici, une extravagance là.
Lorsque les choses vont bien, les parasites prennent plus de sang — après tout, l’économie peut se le permettre. Lorsqu’elles vont mal, ils s’emparent de leur hôte affaibli et c’est la curée. Vous êtes prêt, chez BP ?
Cela réussit parce que dans la plupart des cas, il est généralement moins cher de céder que de combattre.
Sans même s’en rendre compte, les vivants deviennent des zombies collaborateurs. Les entreprises de tabac se transforment en percepteurs d’impôts pour les autorités. Les pétrolières aussi. Les citoyens ordinaires font la queue pour être inspectés aux aéroports, comptés par les agents du recensement, interrogés par le fisc. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le pays tout entier est zombifié.
Les zombies gagnent. Puis… c’est l’effondrement, la révolution, la guerre, la faillite… Les zombies sont éliminés… la vie renaît.
Voilà pourquoi les autorités luttent tant pour empêcher un effondrement financier. La dernière chose qu’ils veulent est une nouvelle économie toute fraîche et saine.