La Chronique Agora

Nous sommes à la fin du cycle du crédit

Depuis 1945, le cycle actuel a été entretenu, maintenu en respiration artificielle, porté à bout de bras par les autorités. Aujourd’hui, il craque…

On use et on abuse du pouvoir des banques centrales, comme nous l’avons vu hier… mais jusqu’à quand ?

Comme le dit Jerome Powell, on peut augmenter la taille du bilan de la banque centrale. Il n’y a pas de limite mais…

… Mais d’abord il y a une limite aux taux d’intérêts – la limite du zéro… et il y a une limite à l’acceptation de la monnaie créée par la banque centrale – la confiance.

Peu à peu, quoi qu’elles fassent, quels que soient les innovations, astuces et subterfuges, les banques centrales sont démunies. C’est la fin du cycle long du crédit et je ne crains pas de dire que nous y sommes.

Je décrète la fin objective du cycle long du crédit.

Cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas jouer les prolongations, mais cela veut dire que c’est retarder pour mieux sauter. Le cycle long du crédit a débuté après la guerre en 1945 et nous sommes en 2020 ; c’est une longévité exceptionnelle, le cycle a fait son temps et on joue les prolongations depuis 2006 déjà !

On retarde les échéances

Je dis souvent que les autorités n’ont aucun pouvoir de traiter les problèmes qu’elles créent – à quoi j’ajoute ceci : vous n’imaginez pas les ressources qu’elles ont pour retarder les échéances.

C’est une de mes premières découvertes quand je suis entré sur les marchés financiers.

Le seul pouvoir des autorités – à part celui de vous mentir – est de retarder l’inéluctable.

J’en profite pour insister sur cette remarque que je fais souvent : dans les temps anciens, les runs, les attaques financières, se faisaient sur les banques. La banque centrale fournissait la monnaie de base quand les gens refusaient les actifs bancaires et voulaient de la vraie monnaie.

A notre époque, les runs se font sur les marchés, qui sont fonctionnellement de colossales banques ! Les porteurs de dettes et d’actifs financiers ont peur ; ils vendent sur les marchés et réclament de l’argent de la banque centrale. Les vendeurs font baisser les cours jusqu’à ce que la banque centrale prenne peur.

Rien n’a changé si ce n’est que les fonctions des banques commerciales ont été remplacées par la fonction des marchés. Un marché agit comme une colossale banque, il fait la transformation de durée et de risque, il est soumis aux mêmes risques de run.

Voilà l’enseignement que je vous demande de conserver présent à l’esprit ; cela resservira – et vous permettra peut-être d’échapper à la ruine dans un an… dans cinq ans…

Ce n’est pas le moment d’en parler ?

Powell ne s’est exprimé que sur le présent, il colmate et n’a rien à dire sur le futur. Il a d’ailleurs été très clair : le futur, la taille du bilan, les taux, l’inflation, la sortie, le long terme… tout cela, ce n’est pas le moment d’en parler.

Pour cela, il y a deux raisons :

La première est que l’on ne sait pas où on va et jusqu’où le système va se fissurer…

La seconde est que l’on n’a aucune idée ni du chemin que l’on va suivre, ni de l’endroit où il va nous mener.

Gagner du temps est plus que jamais la priorité.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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