La Chronique Agora

Notre sélection de l'été : Pour savoir où investir, il faut comprendre celui qui fait les marché

En attendant le retour de nos rédacteurs, retrouvez tous les jours un classique de la Chronique.

Vous voulez savoir où investir quand les marchés ne donnent pas de direction claire ?

"Je ne comprends plus rien aux marchés", me disait récemment un ami. "Je ne m’y retrouve plus dans leurs mouvements désordonnés. Je ne sais pas comment les interpréter. Toi, comment fais-tu pour savoir quoi faire ?" me dit-il, en plein désarroi.

Il touchait là un sujet sensible et d’actualité… mais qui n’est pas nouveau. J’imagine que nombre d’entre vous doivent partager la même appréhension. Ne vous inquiétez pas : nous allons tirer tout cela au clair, et je vais vous dire comment je fais mes choix d’investissement.

Les marchés sont à l’image de ceux qui les créent
Je ne disconviens pas que les problèmes économiques américains, du type subprime notamment, le prix du pétrole, des matières premières, le manque de croissance en zone euro (et en France), l’inflation qui refait surface et une année 2008 annoncée plutôt morose, ne sont pas de nature à rendre les marchés sereins.

Même si cette liste n’est pas complète, elle suffit néanmoins à comprendre les réactions actuelles des marchés. Pourquoi ?

Parce qu’il faut toujours garder en tête qu’un marché, quel qu’il soit, n’existe que par les humains et pour les humains. Voilà une belle lapalissade, pensez-vous… Peut-être, mais il est bon de la rappeler, car les petits porteurs ont souvent tendance à l’oublier et à penser que le marché est régi par d’obscures forces supérieures, un Deus ex machina qui tirerait les ficelles des hausses et des baisses.

La réalité est plus simple : un marché traduit le comportement des hommes, isolés ou en groupes. Il synthétise la diversité de leurs réactions — qui sont de nature humaine. Puisque les marchés sont le point de rencontre entre acheteurs et vendeurs, la volatilité naît donc de leurs comportements respectifs. Mais alors, pourquoi les rendent-ils aussi nerveux et circonspects ?

Comprendre l’Homme pour comprendre les marchés
Si les bourses réagissent lors des déclarations des banques centrales par exemple, ou à l’annonce des résultats d’une société, c’est parce que les opérateurs, à l’affût de nouvelles, réagissent selon leurs propres analyses, leurs espoirs, leurs craintes… et leur désir de se placer avant les autres pour gagner plus — ou de quitter le marché avant les autres pour limiter des pertes.

Lorsque les SICAV, FCP, institutionnels, fonds spéculatifs, etc. interviennent, ils investissent massivement et peuvent alors provoquer des décalages de cours importants à la hausse aussi bien qu’à la baisse, mais le principe reste le même : leurs analyses sont aussi faites par des humains et pour d’autres humains, leurs clients.

Evidemment, les machines interviennent aussi dans les prises de décisions. Mais la décision finale ne leur appartient pas. Et les programmes d’exécution d’ordres automatiques (vendre ou acheter à tels seuils) sont concoctés par des humains !

Acheteurs contre vendeurs : un équilibre sans cesse remis en cause
Les montagnes russes des cours de bourse ne résultent donc que de l’affrontement entre les motivations des acheteurs et des vendeurs. Et c’est la majorité qui l’emporte. Quand les forces sont équilibrées, la volatilité est faible et les cours grimpent, ou baissent, sans excès.

Mais en ce moment, nous sommes en présence de doutes, de craintes, de peurs, d’enthousiasme, de frénésie, de cupidité dont les effets se démultiplient. Ah ! Quand on dit que les marchés sont régis soit par la peur, soit par l’envie… nous sommes là au coeur de la psychologie humaine !

Alors quand les craintes s’accumulent, les intervenants sont nerveux, fébriles… et l’équilibre entre acheteurs et vendeurs est maintenu jusqu’à ce qu’un groupe fasse pencher la balance d’un côté, et l’on voit alors des variations fortes et brutales… Jusqu’à ce que le niveau des cours, qui sera alors atteint, permette de retrouver un nouvel équilibre.

Quand vous entendez parler de "forte volatilité sur les marchés", il faut en fait comprendre "la versatilité est importante" car ce sont des changements d’opinions qui provoquent de tels mouvements, qualifiés "d’irrationnels".

La peur, l’espoir, l’appât du gain peuvent être irrationnels… mais sont parfaitement explicables.

La peur du petit opérateur à l’effet boule de neige des subprimes
Il est courant de parler de "nervosité", de "tension accrue" sur les marchés ; le CAC 40 (ou tout autre indice) sert alors d’instrument pour la mesurer. Et quand on veut faire retomber la pression, on fait appel aux docteurs ès économie et finance qui diffuseront les solutions-potions adéquates.

Prenons un exemple très récent : pourquoi la crise des subprimes a-t-elle causé tant de dégâts ? Parce que les opérateurs ont tout à coup pris conscience des risques qu’il y avait à posséder des titres de créance sans avoir vérifié la solvabilité des débiteurs. Peur panique, ventes massives, "contraction des liquidités", chute des valeurs financières, chute des marchés immobiliers, et crainte de contagion à l’économie américaine entière. L’effet boule de neige est peut-être exagéré, mais le comportement de l’opérateur qui doit prendre une décision n’a rien d’irrationnel.

A l’opposé, quand une grande maison de courtage donne des informations rassurantes, relayées par quelques analystes ou "gourou", les opérateurs reviennent peu à peu à l’achat. Quand le gouvernement américain daigne enfin se pencher sur le problème des subprimes, la moindre solution tangible redonne de l’espoir, et c’est l’euphorie des intervenants !

Rien n’a changé fondamentalement, sinon que l’optimisme chasse les mauvaises pensées ; à moins que les marchés aussi veuillent fêter Noël !

Un peu de psychologie des intervenants pour anticiper les tendances
Le moral des opérateurs est déterminant en Bourse. Il faut leur donner de bonnes nouvelles à se mettre sous la dent, de bonnes perspectives, de l’espoir pour que la Bourse affiche une tendance haussière. Sinon, les cours broient du noir…

De même, lors de grandes opérations financières, c’est ce même état d’esprit des investisseurs, — optimistes ou non, confiants ou pas, plus ou moins conditionnés par la publicité — qui en détermine le succès. Les greffes financières et commerciales sont largement pratiquées ; mais comme dans la vie courante, il y a parfois des rejets…

Une fois que l’on a bien compris tous ces principes, on peut essayer d’en tirer parti. Il faut se demander comment ces hommes vont réagirdans les mois et les années qui viennent pour savoir comment se positionner aujourd’huiet tirer profit de leurs comportements.

Sur quels secteurs vont-ils vouloir aller ? Vont-ils vouloir prendre des risques, ou pas ? Quel sera leur état d’esprit en 2008 ? Vont-ils préférer des valeurs "refuges" ou bien vont-ils jouer le tout pour le tout ? Pour ma part, je pense que 2008 risque d’être une année difficile et complexeet que les opérateurs vont vouloir "assurer" leurs performances, donc chercher des secteurs sûrs.

Trouver les secteurs indispensables à nos sociétés
Pour moi, ce sont les secteurs des Energies et de la Santéqui tireront leur épingle du jeu. En cas de croissance ralentie, il faut se tourner sur les besoins fondamentauxde l’être humain. Nous aurons toujours besoin d’énergies et de soins médicaux — surtout avec nos sociétés vieillissantes. En plus, avec la Chine et l’Inde, ce sont les besoins fondamentaux de plusieurs millions d’êtres humains qui devront être satisfaits. Je mets donc à l’honneur énergie et santé en 2008.

Nous allons continuer d’avancer avec prudence, cherchant à percer l’état d’esprit des opérateurs pour ne pas faire de faux pas. Sans prendre de grands risques, nous achèterons des titres solides, négligés par la Bourse, et dont l’avenir paraît prometteur. Arrivera bien le temps où les marchés les rechercheront pour leur bon… comportement !

 

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