La Chronique Agora

Nos prévisions pour la fin du monde tel que nous le connaissons

▪ Silvio Berlusconi a annoncé qu’il quitterait le gouvernement… une fois que les législateurs se seront mis d’accord sur un programme d’austérité.

C’est bien dommage. Le Cavaliere nous manquera.

Nous l’avons entendu lors d’un discours, une fois, à Rome. Nous n’avons pas compris un mot de ce qu’il disait. Mais il parlait bien. Il était à l’aise… amical… plaisantant… s’amusant.

Et maintenant ? Le pauvre homme ne pourra plus faire de politique. Il ne travaillera plus avec les grands de la finance pour tenter de résoudre les problèmes historiques du jour. Il ne lui restera plus que le bunga-bunga, l’alcool, la musique et les jolies filles. Il est bien à plaindre.

Nous sommes d’avis que les grands de la finance ne pourront pas résoudre les problèmes de dette de l’Europe — du moins pas sans quelques dégâts. L’Union européenne finira probablement plus désunie que jamais.

Jusqu’à récemment, tant l’économie que la politique s’exprimaient en faveur d’une Europe plus centralisée. Maintenant, ils veulent la déchirer.

▪ Mais nous avons fait tant de suppositions, ces dernières années… que nous sommes un peu perdu. Voici un passage en revue :

D’abord, au milieu des années 2000, nous avons supposé que le marché immobilier, le marché boursier et le secteur financier allaient s’effondrer. Ce qui a bien été le cas.

Ensuite, nous avons dit que ce ne serait pas suivi du schéma récession/reprise typique de la période d’après-guerre. Là encore, ça a bien été le cas.

Nous avions plutôt le sentiment que l’économie était entrée dans une Grande Correction… de laquelle elle n’émergerait pas avant de nombreuses années. C’est ce qu’il semble se passer jusqu’à présent.

Quant à ce qui est corrigé, quand et comment… nous admettons notre ignorance. Mais l’ignorance ne nous arrête pas, à la Chronique Agora ; c’est comme de la viande rouge pour un chien affamé : nous nous en repaissons.

Nous avons supposé que la bulle du crédit était la principale chose à corriger. Les niveaux de dette sont trop élevés. Ils doivent être réduits. Voilà pourquoi les autorités ont été incapables de retourner la situation. Durant une récession, elles peuvent rendre le crédit moins cher et plus abondant. En général, ça marche. Lorsque les coûts de financement sont plus bas, de nouveaux projets semblent logiques. Les gens recommencent à dépenser et investir. Mais ça ne fonctionne pas ainsi durant une correction de dette. Ce n’est pas une question de prix du crédit… mais d’excès de dette.

Le prix du crédit a été réduit à zéro aux Etats-Unis (taux directeur de la Fed)… et le gouvernement américain enregistre des déficits de plusieurs milliers de dollars. Les relances monétaires et fiscales n’ont pas marché : toutes deux ajoutent de la dette — alors que celle-ci doit disparaître.

Nous sommes également d’avis que cette correction s’achèvera avec la fin du système monétaire basé sur le dollar mis en place en 1971. Aucune devise fiduciaire n’a jamais survécu à un cycle du crédit complet. Le dollar ne sera pas le premier à y parvenir.

Le désendettement maintiendra les prix au plancher tout en laminant les profits et les ventes. Au fur et à mesure, les actions, l’immobilier et d’autres actifs finiront par être décotés jusqu’à vraiment atteindre le 36ème dessous.

L’économie morose, combinée à des crises de liquidité périodiques (comme celle que l’on vit actuellement en Europe) ainsi qu’à la baisse des prix des actifs, poussera les investisseurs vers la sécurité des obligations américaines. Cela limitera les coûts de financement du gouvernement américain — en dépit de déficits gigantesques. Cela convaincra également les autorités US qu’elles peuvent injecter de grandes quantités de cash dans le système sans crainte d’inflation. Et c’est bien ce qu’elles feront…

Le prix de l’or pourrait chuter durant la première phase de désendettement. Il grimpera ensuite lorsque commencera la dernière phase du processus de désendettement. C’est à ce moment-là que l’impression monétaire des autorités prendra vraiment de la vitesse. Les investisseurs sophistiqués — y compris les banques centrales étrangères — se méfieront. Ils achèteront de l’or.

Le prix de l’or grimpera. Le Dow chutera. Ils se croiseront à 5 000 $ environ.

▪ Mais nos suppositions ne s’arrêtent pas là. Nous pensons aussi que…

… Les économies matures auront beaucoup de difficultés à se développer. D’abord à cause du poids de la dette. Deuxièmement parce qu’une grande partie de leur capital est « investi » dans des secteurs zombie improductifs. Troisièmement parce que leur population stagne. Quatrièmement parce qu’elles ont déjà engrangé la majeure partie de la croissance provenant d’une utilisation accrue d’énergies fossiles bon marché.

… Dans la mesure où les économies développées ne peuvent pas croître… et qu’elles sont dans la dette jusqu’au cou… elles ne peuvent tenir les promesses faites à leurs citoyens. La bonne affaire que semble être l’Etat-Providence moderne ressemblera de plus en plus à une arnaque. Des jeunes hommes au chômage seront de plus en plus exaspérés. Ils chercheront des solutions radicales… et des dirigeants tout aussi radicaux, avec des réponses poujadistes.

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