La Chronique Agora

Northern Rock et les digues britanniques

** Northern Rock a été nationalisé.

– La cotation du prêteur en difficulté a été suspendue à la Bourse de Londres suite à l’absorption en urgence opérée par le gouvernement ; et les investisseurs se demandent maintenant ce que valent exactement leurs actions… si elles ont encore une quelconque valeur.

– A la fin de l’année dernière, dans des scènes proches de celles auxquelles on assistait pendant la Grande Dépression, les épargnants se sont rués sur cette banque, qui est aussi le cinquième plus gros prêteur du Royaume-Uni. Northern Rock s’appuie principalement sur le cash flow provenant des marchés financiers pour la majeure partie de son financement : elle a donc été particulièrement exposée pendant la crise du crédit entraînée par la folie des subprime au cours de l’été 2007.

** Maintenant que Northern Rock a été nationalisée, même si ce n’est que temporaire, les investisseurs voient le grand cygne noir encercler la City.

– "Les marchés considèrent Northern Rock comme un baromètre de la santé du secteur financier", déclarait Adam Cole — directeur mondial de la stratégie des devises chez RBC Capital Markets — à propos de la débâcle, avant d’ajouter, "… les risques du secteur financier entraînent des risques de chute de la croissance et des baisses des taux d’intérêts".

– Le Chancelier britannique, en politicien qui se respecte, s’est empressé d’apaiser la panique et les palpitations des épargnants et des investisseurs dans tous les coins du Royaume-Uni.

– "Dès que la banque aura repris le dessus", a annoncé Alistair Darling, "si les gens ont des propositions à faire, nous les écouterons, mais il leur faudra répondre à une question très simple — qu’y a-t-il de mieux pour le contribuable britannique ?"

– Apparemment, la préservation de la valeur de la devise du contribuable britannique ne fait pas partie de l’équation de Darling.

– La livre sterling, longtemps le pilier des devises fiables, a récemment dégringolé face à l’euro et a perdu du terrain face au dollar également. En d’autres termes, le contribuable anglais est plus pauvre d’1% par rapport à son homologue américain… et la comparaison n’est pas des plus réjouissantes.

– Les fondations du secteur financier britannique, qui contribue à plus d’un quart de la croissance brute du pays, commencent à se fissurer. On peut alors se demander si Darling va pouvoir colmater toutes les autres fuites des digues de la City.

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