La Chronique Agora

Noël, bulle et prestidichiffration



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NDLR : La Chronique Agora profite de la trêve des confiseurs et s’interrompt pendant quelques jours. Nous serons de retour dès le lundi 4 janvier pour reprendre nos commentaires sur les hauts et les bas de la vie économique et financière mondiale… Et en attendant, toute l’équipe vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année !
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▪ Nous passons Noël en France. Jules est arrivé d’Amérique latine il y a quelques jours, dans la tempête et les pannes. Maria a pris l’avion depuis Los Angeles, alors qu’elle vient de terminer le tournage d’un film d’horreur en Argentine. Nous l’avons eue au téléphone juste avant qu’elle ne parte ; elle était en larmes :

"Papa, tu te rappelles comme j’étais inquiète en acceptant ce rôle ? J’ai pleuré pendant tout le voyage aller… je n’étais pas sûre… le film ressemblait à une série B…"

"Mais c’était génial. C’est vraiment ce pour quoi je suis faite… c’est là que je suis chez moi… il n’y a rien de tel au monde…"

"Snif… snif… tout le monde était si gentil… si professionnel"…

"Eh bien, où est le problème ?"

"C’est terminé… le film est fini… et je ne sais pas quand j’obtiendrai mon prochain rôle… j’ai pleuré jusqu’à Los Angeles".

De retour à Paris… nous déménageons. Il y a des cartons dans tout l’appartement. Les déménageurs sont arrivés à 8h du matin, de gros bras en veste rouge…

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Nous avons donc pris notre ordinateur portable et avons décampé jusqu’au café le plus proche. Nous nous sommes assis dans un coin, près de la fenêtre… Il était encore tôt, mais les gens étaient occupés, allant au travail, ouvrant leur boutique ou se préparant à partir pour les vacances. Une vieille femme portant un foulard tirait un cabas à roulettes… pour aller chercher son pain du matin. Des hommes en costume et imperméable, attaché-case à la main, allaient au bureau d’un pas décidé. Une jolie blonde essayait de héler un taxi. Et deux gendarmes — en uniforme bleu et cordelette rouge — avaient garé leur moto devant le café. Ils semblaient être en train de parler de quelque chose d’amusant. Ils riaient tous les deux. Ils font probablement partie de l’escorte de la Première dame française, Carla Bruni, qui habite non loin. Chaque fois qu’elle quitte son appartement, une escorte motorisée précède sa limousine noire.

Le problème, quand on travaille dans un café, c’est qu’il est difficile de se concentrer. C’est probablement ce qui est arrivé à Jean-Paul Sartre, qui a passé la majeure partie de sa carrière dans un café du Quartier latin. Nous ne savons pas grand-chose de ses travaux, mais ses conclusions nous semblent remarquablement sottes.

▪ Mais revenons-en au monde de l’argent… Après tout, c’est pour ça que vous nous payez, non ? Pour garder un oeil sur l’argent. Alors allons-y…

Voilà ce qui se passe dans le monde de l’argent : la dépression continue… On ne s’en rendrait pas compte en lisant les journaux ou en parlant avec des économistes. Selon les chiffres officiels, l’économie américaine s’est développée de 2,2% au dernier trimestre.

Comment est-ce possible ? Eh bien, à la Chronique Agora, nous avons inventé un nouveau mot pour décrire ce phénomène : la prestidichiffration. Allez-y, cherchez dans le dictionnaire — vous ne le trouverez pas. Mais ce mot décrit parfaitement une méthode qui consiste à faire en sorte que les choses semblent être différentes de ce qu’elles sont grâce à des trucs comptables.

Le chômage américain a dépassé les 10%… et continue apparemment de grimper. Les prix de l’immobilier ne sont pas en forme… probablement en anticipation d’une avalanche de nouvelles offres sur le marché, due aux "stocks cachés" de maisons dont les vendeurs voudraient se débarrasser… s’il y avait des acheteurs. Et le ménage américain moyen redécouvre les vertus de l’épargne.

Il est trop tôt pour savoir ce qui se passe exactement… mais nous avons quelques soupçons. La "croissance" enregistrée en ce moment est le produit de la prestidichiffration, non d’une authentique expansion économique. C’est de la croissance à la japonaise…

Ceux qui subissent la Chronique depuis longtemps s’en souviennent peut-être. Au  début des années 2000, nous parlions si souvent du Japon que les lecteurs en ont eu assez. Ils menaçaient d’annuler leurs abonnements si nous n’arrêtions pas.

Selon nous, l’économie américaine suivait le Japon dans un long et lent ralentissement, avec une déflation par intermittences… et une croissance par intermittences.

Nous nous trompions. Sous l’influence de stimulants sans précédent de la part des autorités, l’économie américaine n’a pas subi de ralentissement à la japonaise ; elle est entrée dans une bulle.

A présent, la bulle a éclaté… et il semblerait que les Etats-Unis entrent enfin dans le piège japonais. Les autorités ne peuvent pas y faire grand-chose. Les dépenses gouvernementales empêchent le PIB de s’effondrer. Mais c’est un PIB bidon… constitué de subventions gouvernementales, d’usines à gaz et de chèques à l’industrie financière.

"C’est une dépression", avons-nous expliqué à un petit groupe de lecteurs à Paris vendredi dernier. "Elle n’a rien en commun avec une récession d’après-guerre typique. Et elle ne finira pas avant d’avoir fait son travail".

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