La Chronique Agora

Qui soutient encore Trump ?

élections américaines niveau de vie

Les personnes aux revenus modestes soutiennent Trump. Peu importe les statistiques gouvernementales et le prix du crédit, ils constatent que leur niveau de vie baisse et que leurs revenus réels baissent.

Quelle excellente période, pour un observateur doté d’un esprit espiègle !

La campagne présidentielle, cette année, est la plus absurde et la plus remarquable à laquelle nous ayons jamais assisté.

Après plus de deux siècles, les Américains ont enfin la démocratie qu’ils méritent : grotesque… fangeuse… et extrêmement divertissante, bien qu’elle ressemble à une partie de mud-wrestling [NDR : catch dans la boue].

Lors du débat de dimanche, l’un des candidats a véritablement promis, s’il gagnait, de mettre l’autre sous les verrous.

L’autre, très sérieusement, a dit qu’elle prendrait le risque de pousser la Russie à la guerre en soutenant les rebelles syriens liés à Al-Qaïda.

Il faudrait être doté d’un sérieux et d’un esprit civique démesurés pour ne pas éclater de rire, non ?

Ballonnés

Mais à la Chronique, nous nous préoccupons du monde financier. Et lui aussi n’arrête pas de nous faire ricaner.

Les actions et les obligations ont subi un sell-off. La livre sterling a plongé par rapport au dollar. Et le LIBOR – taux que certaines des plus grandes banques du monde s’accordent entre elles sur les prêts à court terme… et indicateur clé de la santé du système bancaire – a enregistré un pic.

La plupart des commentateurs nous disent que les investisseurs réagissent aux signaux de fumée émis par la Fed.

Apparemment, au bout de huit ans de taux d’intérêt réduits « par mesure d’urgence », les responsables de la banque centrale américaine s’interrogent sur cette urgence.

A présent, selon ce qu’ils sous-entendent, ils vont resserrer les conditions d’accès au crédit, comme s’ils en avaient vraiment l’intention.

Cette absurdité consistant à fixer des taux d’intérêt au sein de ce qui est censé être une économie de marché libre doit leur triturer les entrailles. Ils se couchent la nuit tout ballonnés et se réveillent avec la migraine…

Les banques centrales ont égaré les investisseurs, les ménages et les entreprises avec leur argent bidon et leurs signaux truqués concernant les taux d’intérêt.

Et maintenant elles sont perdues, elles aussi.

Sans argent honnête ou prix réels pour les guider, elles sont totalement désorientées. Elles ne savent plus où elles se situent… et elles ont peur de se retrouver là où elles ne veulent pas aller.

La peur perturbe leur digestion.

Alors, elles parlent de retour à la « normale ». Mais il n’existe aucun moyen de le faire. En tout cas pas sans souffrir de crampes et de douleurs, comme elles le méritent bien, d’ailleurs.

L’anéantissement de la Richesse

En sa qualité de dirigeant du plus grand hedge fund au monde, Ray Dalio a prédit fin septembre que même une augmentation de 1% des taux d’escompte de la Fed provoquerait des milliers de milliards de dollars de pertes en ce qui concerne les actions et les obligations.

Comment la Fed, sous Janet Yellen, a-t-elle pu rester sans rien faire après avoir feint, au cours de ces huit dernières années, de protéger les investisseurs contre le risque ?

Et comme nous l’avons souligné, il n’y a aucune raison de penser que ces pertes se limiteraient à quelques milliers de milliards de dollars.

Plus l’absurdité est grande, plus la crise qui s’ensuit est importante. En quelques semaines, les prix des actifs, dans le monde, pourraient être amputés de 75 000 milliards de dollars, au moins.

Actuellement, 14 000 milliards de dollars de dettes dans le monde sont assorties du taux d’intérêt le plus absurde (il est négatif !) que l’on ait connu en 5 000 ans.

Les actions américaines sont proches de plus-hauts record… alors même que les bilans se sont dégradés et que la croissance du PIB a décroché.

Quant à « l’inflation » et au « chômage », tels que mesurés par le Bureau of Labor Statistics (BLS), ils relèvent largement du fantasme.

Et le peuple le sait bien…

Notre ami Rob Marstrand, d’OfWealth, vient d’étudier un prix clé, celui d’un bien très apprécié des travailleurs américains : le pick-up.

Selon le BLS, le prix des automobiles a à peine bougé au cours de ces 20 dernières années. Mais c’est clairement absurde. Un pick-up Ford F-150, neuf, coûte environ 26 000 dollars, à l’heure actuelle. Le même pick-up de base coûtait environ 15 000 dollars en 1996.

Le BLS indique que ces deux prix reviennent au même car le pick-up actuel est « mieux ».

Oui, c’est juste. Il est mieux. Il contient plus d’électronique, des airbags, etc. Par conséquent, le BLS argumente que vous en avez autant pour votre argent, avec votre pick-up actuel, qu’en 1996.

Mais, bien entendu, celui qui a besoin d’un pick-up ne peut aller voir le concessionnaire et lui dire : « Je veux simplement un pick-up à 15 000 dollars. Vous savez, comme en 1996. »

Il doit tout de même débourser les 26 000 dollars… et le véhicule fait la même chose que sous le mandat de Clinton. Il le transporte, ainsi que ses outils, d’un point A à un point B. Mais cela lui coûte 70% de plus.

Des ajustements bidon

L’autre chose essentielle, dont un travailleur a besoin, c’est un endroit où se loger.

Selon le BLS, depuis 1996, les prix de l’immobilier ont grimpé d’environ 50%. Mais après avoir fait quelques vérifications, on découvre qu’il y a 20 ans, une maison type se vendait 137 000 dollars.

Aujourd’hui, son prix de vente moyen est de 305 500 dollars. Attendez un peu, ce n’est pas 50% de plus. C’est 123% de plus. Nous n’avons pas vérifié avec le BLS, mais nous supposons que la différence est due à ce même type « d’ajustement », réalisé par des intellos qui pensent qu’une maison actuelle est « mieux ».

Peut-être bien. Mais le travailleur type a tout de même besoin de vivre dans une maison type et de conduire un pick-up type lui permettant d’effectuer son travail type. Il ne peut dire : « Allez, je vais prendre cette maison, mais sans ces deux chambres. Je n’en ai pas les moyens ».

Mais attendez… Ce travailleur type gagne-t-il 70% de plus à l’heure actuelle qu’il y a 20 ans ?

Selon le Census Bureau, le revenu nominal moyen (non corrigé de l’inflation) d’une personne de « niveau universitaire » mais non diplômée, était d’environ 29 000 dollars en 1996.

Aujourd’hui, si nous avons bien compris, ce revenu est de 40 000 dollars. Cela représente une augmentation de 38%, et non de 70%.

L’Etat – avec ses ajustements bidon – démontre que le travailleur type en est au même point. Mais ce n’est pas le cas. Après deux décennies au cours desquelles les prix ont augmenté trois fois plus vite que les revenus, le travailleur type s’en sort nettement moins bien qu’il y a 20 ans.

Ses principales dépenses — et nous n’avons pas parlé de l’éducation et des soins médicaux, pour lesquels, même les chiffres truqués de l’état montrent une augmentation de 200 et 100%, respectivement, par rapport à 1996 – lui coûtent plus cher qu’il y a 20 ans… alors qu’il ne gagne que 5 000 dollars de plus.

Sinon, pourquoi les électeurs consacreraient-ils une seule minute à écouter des voyous tels que Donal Trump ? De l’argent falsifié, des statistiques et des taux d’intérêt truqués : voilà ce qui a créé l’économie au sein de laquelle les électeurs de Trump ont vu baisser leur revenu réel.

Ils savent qu’ils ont été escroqués. Ils comptent sur Donald pour y remédier.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile