La Chronique Agora

Ne pariez pas que la déflation sera éternelle…

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Le vieillissement pousse les Japonais retraités à vendre leurs bons du Trésor que la Banque du Japon rachète. C’est la « monétisation » du déficit. Le Zimbabwe et l’Argentine ont déjà suivi cette voie qui conduit à une inflation non maîtrisable.

Imaginez un pauvre économiste dépourvu de sens de l’humour.

Combien il doit souffrir !

Cette semaine devait être dominée par les banques centrales. Deux d’entre elles, majeures — la Banque du Japon et la Fed – devaient faire des annonces importantes.

Les spéculateurs ont placé leurs paris – en devançant les nouvelles puis en les attendant fébrilement.

La Banque du Japon a encore sorti son baratin.

Elle a promis de « contrôler la courbe des rendements ».

La banque centrale a déclaré qu’elle visait un rendement de 0% sur les obligations d’État japonaises à 10 ans.

Elle a ajouté qu’elle continuerait à acheter des actions du pays (via des ETF) et qu’elle appliquerait un taux d’intérêt négatifs de 0,1% sur les comptes courants que les banques détiennent chez elle.

Le marché actions japonais s’est effondré en 1989. Depuis, les infortunés Japonais enregistrent une croissance apathique, des récessions et une déflation intermittente.

Depuis plus d’un quart de siècle, les rouages de l’entreprise Japon tournent au ralenti. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé.

L’État a dépensé des centaines de milliers de milliards de yens sur des projets “d’infrastructure”, pour tenter de “faire redémarrer” l’économie grâce à l’impulsion budgétaire.

A moment donné, il s’est déversé plus de béton sur les routes, ponts, digues, et autres chantiers publics japonais que dans tout les Etats-Unis.

Les détracteurs ont affirmé que l’on avait utilisé tellement de ciment – pour canaliser les rivières à la campagne et construire des ponts hideux ne menant nulle part – que cela représentait le plus vaste programme d’enlaidissement [du paysage] de toute l’histoire.

L’État japonais a également tenté la politique monétaire.

Le ZIRP (politique des taux d’intérêts à zéro) a été inauguré à Tokyo. Les Japonais ont également inventé le QE (assouplissement quantitatif), qui était censé injecter plus de « liquidités » dans le système et booster les rendements des actions et obligations.

Pourtant, il semblerait que rien n’ait fonctionné.

De Tokyo à Harare, un chemin connu ?

Au lieu d’admettre que ces manipulations n’avaient pas accompli grand-chose – au lieu d’agiter le drapeau blanc… de faire marche arrière… et de laisser le marché régler ses problèmes – les autorités japonaises ont persisté, en annonçant davantage d’âneries, en procédant à de nouvelles interventions obstinées et en gaspillant encore plus la richesse réelle de la nation avec des projets idiots.

Comme les soldats de l’Armée impériale japonaise abandonnés sur un atoll perdu en 1945, elles ont continué à mener un combat perdu d’avance.

A 230% du PIB, la dette de l’État japonais est déjà la plus importante du monde.

Maintenant que les Japonais âgés, à la retraite, vendent leurs obligations d’État japonaises au lieu d’en acheter, la banque centrale finance la totalité du déficit public.

Et la Banque du Japon achète tellement d’actions et obligations qu’il paraît que des arnaqueurs créent de nouveaux investissements uniquement pour que les petits génies naïfs les achètent.

La banque centrale nous informe qu’elle va acheter davantage d’obligations d’État, et gonfler ainsi la pile existante – qui représente déjà un tiers de toutes les obligations d’État japonaises en circulation.

C’est ce que le Zimbabwe et l’Argentine ont fait. C’est une méthode classique permettant de mener une économie à la faillite en « monétisant » la dette.

Cela consiste à régler les dépenses de l’État avec de l’argent fraîchement créé.

Cet argent supplémentaire finit par aboutir à une inflation des prix.

Un choc brutal

Ce que vise la Banque du Japon, c’est la hausse des prix à la consommation.

Elle a même élaboré un mensonge orwellien afin de décrire le principal objectif de sa politique. Elle affirme qu’elle veut « une stabilité des prix de 2% ».

Sans blague. Elle décrit une inflation annuelle de 2% comme de la “stabilité”. C’est peut-être un problème de traduction.

Mais tout comme les autorités sont incapables d’inciter les prix à augmenter à ce frêle niveau de 2%… elles seront incapables de les y maintenir une fois qu’ils y seront parvenus.

Au contraire, l’inflation continuera son chemin. Les autorités, qui ont bâti une économie où les entreprises, les foyers et l’État peuvent à peine survivre avec des taux d’intérêt à zéro, ne seront pas capables de maîtriser l’inflation.

Les retraités encaisseront alors un choc brutal. Ils ont placé leurs économies dans des obligations souveraines qui ne leur rapportent presque rien. Ils vont découvrir ce qu’elles valent (des clous) lorsque l’inflation des prix à la consommation galopera à 3% ou 5% ou 10%

Ensuite, toutes les illusions selon lesquelles les autorités savent ce qu’elles font cèderont la place à la réalité, à savoir qu’elles ne valent pas mieux que des sorciers-guérisseurs, des diseuses de bonne aventure ou des candidats aux présidentielles.

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Après une création monétaire historique sans précédent, que ferez vous si l’inflation surgit à nouveau ? Votre contrat d’assurance-vie qui rapporte moins de 2% suffira-t-il à vous constituer une retraite décente ? Comment vous protéger ? Les réponses à ces questions sont ici : il suffit de cliquer.

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Hier, c’était le grand jour pour la Fed également…

Là encore, les spéculateurs attendaient avec fébrilité les dernières insanités.

La Fed allait-elle nous dire que, puisque l’économie se renforce, le moment est venu de relever à nouveau les de 25 points de base (en réalité, nada) ?

Ou allait-elle dire qu’elle continue à se montrer vigilante… « à dépendre des données »… comme un gardien au bord d’un volcan, prêt à y pousser une nymphe si les grondements s’amplifient ?

La deuxième insanité fut choisie. Mais nous étions prêt dans les deux cas — prêt à éclater de rire à la diffusion des nouvelles.

 

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