** Vous rappelez-vous ce que tout le monde ou presque disait lorsque le marché japonais a commencé à tomber en pièces en janvier 1990 ?
* "Ne vous inquiétez pas", disait-on. "Le Japon a l’économie la plus dynamique au monde… ce n’est qu’un recul temporaire".
* Eh bien, c’était il y a 17 ans. Les actions japonaises ont reculé… puis ont continué à reculer durant plus d’une décennie. Ce n’est que récemment qu’elles ont recommencé à grimper… et elles sont encore bien au-dessous du niveau atteint à la fin des années Reagan.
* Et vous rappelez-vous comment les experts et les économistes américains critiquaient les Japonais ? Ils refusent de laisser les grandes banques faire faillite, dirent les critiques… et prolongent ainsi la douleur d’une correction.
* "Nous ne ferions rien d’aussi stupide", semblaient-ils dire.
* Et vous vous rappelez comment nous prédisions que les Etats-Unis suivraient le Japon dans un long ralentissement déflationniste ? Oui ? Eh bien, oubliez ça… nous nous étions trompés, de toute évidence. Ou du moins nous avions sept ans d’avance… parce que nous avons fait cette prédiction en 1999 !
* Tout de même, nous ne nous trompions pas en prédisant que lorsque l’eau commencerait à dépasser le bastingage, les autorités financières anglophones se précipiteraient vers les pompes au moins aussi vite que leurs homologues japonais.
* Nous apprenons que les autorités politiques viennent au secours des grandes banques aussi rapidement que le permettent leurs seaux. Il s’agit du plus gros renflouage de ces cinq dernières années, disent les articles… les grandes banques atteignant en moyenne environ 2,7 milliards de dollars par jour en prêts de la part de la Fed. On dit que ces injections de cash sont "imposées" par la Fed elle-même… plutôt que d’être causées par le désespoir des banques. Tout de même, les récentes estimations mettent les augmentations de la devise américaine à près de 50% annuellement.
** La Banque d’Angleterre avait évité ces renflouages — jusqu’à jeudi dernier.
* Mark Gilbert nous en dit plus :
* "La Banque d’Angleterre, par contraste, est restée intransigeante : elle ne viendrait pas au secours des marchés monétaires en acceptant des nantissements de mauvaise qualité ou en offrant des liquidités à trois mois. En fait, la Fed et la BCE se sont fait réprimander — quoique indirectement — par le gouverneur de la banque centrale de Grande-Bretagne, Mervyn King, pour être venues au secours des banques commerciales".
* "’La provision d’un tel soutien en liquidités mine la valorisation efficace du risque en fournissant une assurance ‘ex-post’ pour les comportements risqués’, déclarait King dans un exemplaire du témoignage qu’il prévoit de donner devant le Comité du Trésor du Parlement britannique le 20 septembre prochain. ‘Cela encourage à prendre des risques à l’excès, et sème les germes d’une future crise financière’."
* "Victoria Mortgage Funding Ltd., une société anglaise ayant prêté environ 300 millions de livre en prêts <i>subprime</i> à des emprunteurs britanniques, a été mises sous tutelle cette semaine. Victoria ne pouvait assurer assez de financement pour rester en activité".
* Puis est arrivée la nouvelle selon laquelle les prix des maisons en Grande-Bretagne ont chuté en août — pour la première fois depuis deux ans. Quasiment en même temps, nous apprenions que la Banque d’Angleterre offrait de soutenir Northern Rock, une source majeure de financements pour les spéculateurs immobiliers britanniques.
* Mais il reste tout de même quelques voix pour parler au nom de la droiture et de la probité. Voici qu’arrive un rusé renard, Alan Greenspan, annonçant qu’il n’approuve pas de tels efforts de sauvetage et s’oppose à une baisse des taux d’urgence !
* S’agit-il la du même Alan "Bulles" Greenspan que celui qui a permis, encouragé et facilité la plus grande bulle de crédit de l’histoire ? Nous n’avons pas vérifié les empreintes digitales, mais nous pensons que c’est bien le même.
* Et tout ça se tient. Notre homme est une canaille, mais pas un idiot. Il voit arriver les problèmes… et il s’en éloigne autant qu’il le peut. Dans la mesure où un véritable secours est probablement impossible à ce stade, il commencera à critiquer les sauveteurs… mettant la faute là où elle ne devrait absolument pas être — sur les épaules de ses successeurs.
* Bien entendu, les secouristes ne pourront faire qu’empirer la situation — tout comme ils l’ont fait au Japon… tout comme ils le font à chaque fois. Le capitalisme fonctionne mieux sans renflouage. Les vaisseaux surchargés et pleins de fuites coulent ; les voies maritimes et les ports sont ouverts à de nouveaux bateaux et à de meilleurs capitaines.
* Mais les capitaines de demain ne votent pas, ne font pas de donations pour les campagnes électorales, ne travaillent dans les grandes banques, ne déjeunent pas avec des gouverneurs de la Fed. Ce sont les capitaines d’aujourd’hui qui obtiennent les faveurs et l’argent — qu’ils parlent japonais… ou toute autre langue.