Les nouvelles technologies permettent de surveiller et contrôler les masses de manière simple et peu coûteuse : l’esclavage est-il sur le point de redevenir à la mode ?
Aujourd’hui, nous terminons notre passage en revue des nouvelles menaces engendrées par la technologie. Qu’en est-il de la Révolution de l’information et des technologies qui vont avec, nous demandions-nous la semaine dernière. Font-elles pencher la balance du pouvoir vers la liberté ou vers l’esclavage ?
Nous avons un bureau à Beijing. Dans le cadre de nos activités, nous ne pouvons pas éviter de critiquer le gouvernement.
Les gouvernements ont des politiques économiques, et ces dernières sont invariablement idiotes.
Aux Etats-Unis, le marché boursier a toutes les chances d’imploser à court terme. En réaction, M. Trump semble mettre en place la pire stratégie possible — plus de dette, plus de dépenses… on augmente le gouvernement, on approfondit le Marigot, et ainsi de suite.
Le gouvernement chinois est pire encore.
Pendant des années, les Chinois ont géré une économie composée à près de 50% d’investissements.
On ne peut pas investir une telle quantité d’argent efficacement, activement et de manière sensée. Le gâchis de capital — la mauvaise allocation des ressources — a dû être colossal.
A présent, la Chine a des dizaines de villes-fantôme… des milliers de mètres carrés d’appartement et de locaux commerciaux invendus… une surcapacité dans quasiment tous les secteurs majeurs — et 40 000 milliards de dollars de dette impossible à rembourser.
Mais alors que nous pouvons encore librement critiquer M. Trump, la moindre critique de M. Xi pourrait condamner notre malheureux partenaire local à la prison.
La Chine a un nouveau système de « crédit social » basé sur la technologie.
Il s’agit d’un système fonctionnant grâce aux données et aux algorithmes ; il permet de suivre les gens… et de les contrôler.
On perd des points lorsqu’on est en retard sur ses mensualités de prêt immobilier, par exemple… ou si les caméras à reconnaissance faciale vous surprennent en train de traverser en dehors des clous.
Selon le score obtenu, la personne peut se retrouver interdite de voyage en avion ou en train, de prêt immobilier ou même de carte bancaire.
Vous pourriez donc aller à un distributeur et vous apercevoir qu’il ne fonctionne pas — pour vous. Et non seulement votre carte bancaire ne marche pas… mais personne ne peut vous dire pourquoi. Pas de veine, voilà tout. Pas d’argent non plus. Et, au fait, votre accès internet a été supprimé. Votre téléphone aussi.
Que s’est-il passé ? Etes-vous allé sur les mauvais sites internet ? Vous êtes-vous abonné aux mauvais magazines, êtes-vous affilié aux mauvaises associations ?
Avez-vous critiqué quelqu’un que vous n’auriez pas dû ? Ou faites-vous simplement partie d’un groupe — identifié par un algorithme — que les autorités veulent supprimer ?
Et que pouvez-vous faire ? A qui vous plaindre ?
Sommes-nous complètement paranoïaque ? Nous l’espérons…
Le milliardaire chinois disparu d’internet… effacé !
Cependant, nos partenaires chinois nous ont raconté une chose encore plus dérangeante. Nous avons écrit un livre avec notre fils. Il s’appelle Family Fortunes et décrit des stratégies pour conserver une fortune familiale sur plus d’une génération.
Un milliardaire chinois a vu passer ce livre. Il l’a apprécié et l’a fait traduire en chinois — puis il nous a invité à donner une conférence, suivie d’une réception avec cocktail et ainsi de suite.
Eh bien, nous avons découvert vendredi que ce milliardaire a été arrêté… et a désormais disparu. Complètement disparu.
Il s’agit d’un homme très riche, puissant, ayant apparemment les bons contacts parmi la hiérarchie chinoise. Mais vous pouvez aller sur internet, vous ne trouverez pas trace de lui ; il a été effacé… supprimé de l’Histoire et du présent chinois. Il n’est plus… et n’a apparemment jamais été.
Peut-être est-il dans un camp de travail. Peut-être est-il mort. Qui sait.
Oui… tel est le sombre pouvoir de la révolution de l’information. Nous dépendons de nos ordinateurs portables, smartphones, carte bancaires et toute une gamme de données électroniques — dont une bonne partie est compilée par les entreprises du Big Data comme Facebook et Google.
En utilisant ces données… et les liens électroniques vitaux qui nous connectent au reste du monde… les autorités peuvent désormais surveiller, manipuler et contrôler le comportement de millions de personnes.
Dans les faits, la nouvelle technologie — quand bien même elle s’est révélée jusqu’à présent parfaitement inutile en termes de croissance économique et de prospérité matérielle — pourrait bien rendre l’esclavage profitable à nouveau.
C’est-à-dire qu’elle pourrait permettre de contrôler de gigantesques masses de gens à un coût extrêmement bas.
Vous pourrez peut-être vous promener comme si vous étiez libre. Mais vous pourriez être totalement soumis aux règles des autorités… et totalement dépendant de leur crédit.
[NDLR : Intéressé par quelques mesures de protection qui vous permettront de conserver votre indépendance financière ? Tout est ici.]