La Chronique Agora

Monsanto et les OGM : un progrès à manier avec précautions

▪ Parfois les merveilles de la modernité ne sont pas si merveilleuses. Malgré les meilleures intentions des individus ou des entreprises qui innovent, leurs trouvailles font parfois autant de mal que de bien… voire plus. L’histoire des innovations humaines est une histoire de conséquences involontaires. Elle est, par essence, une histoire sur le mode « tirer d’abord et viser ensuite ».

Cette tendance ne signifie pas que l’on devrait d’instinct se défier de chaque innovation qui naît ; elle suggère plutôt qu’on ne devrait pas faire confiance d’instinct à chaque innovation. Pour illustrer cette idée, je vous propose de retourner en 1967.

Lorsque j’ai visité Disneyland pour la première fois en 1967, j’avais huit ans et pas assez de « Tickets E » à mon goût.

A cette époque, les Tickets E permettaient d’accéder aux meilleurs manèges du parc, comme le Matterhorn Bobsleds. Et pour un petit garçon de huit ans, le Matterhorn était la seule attraction réellement attirante. Mais puisque mon carnet contenait aussi plusieurs tickets D, C, B et A, je devais me contenter d’attractions moins prisées, comme le « Mark Twain Steamboat » qui exigeait un Ticket D ou le « Dumbo Flying Elephants », accessible avec un Ticket C.

La plupart des manèges accessibles avec des tickets B et A étaient trop insipides pour intéresser un petit garçon de huit ans. Même les attractions gratuites étaient plus amusantes, en particulier le « Carrousel du Progrès » de General Electric ou la « Maison du Futur » de Monsanto. Ces deux attractions rendaient hommage aux merveilles de la technologie.

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Le Carrousel de GE retraçait 60 années d’innovations qui ouvraient un avenir de possibilités illimitées… toutes fonctionnant entièrement à l’électricité. Même pour un enfant de 8 ans, le Carrousel du Progrès était si captivant qu’il aurait pu valoir au moins un ticket D. La Maison du Futur de Monsanto décrivait « une maison de 1986 » ultra-moderne remplie de gadgets tape-à-l’oeil, tous fonctionnant à l’électricité.

Mais le progrès, ce n’est pas seulement s’exclamer « c’est impressionnant ! », mais aussi « c’est atroce ! »

▪ Tatous et OGM
Les accidents arrivent… en particulier lorsque les scientifiques « prouvent » par avance qu’ils sont impossibles. Un exemple ? La thalidomide a passé avec succès une série de tests sur les animaux… avant de se révéler catastrophique lors des essais sur l’homme. Selon James L. Schardein, expert en tératogènes (des substances à l’origine de malformations à la naissance), « pour près de 10 espèces de rats, 15 espèces de souris, 11 races de lapins, deux races de chiens, trois espèces de hamsters, huit espèces de primates et pour d’autres sortes d’animaux comme les chats, les tatous, les cochons d’Inde, les porcs et les furets chez qui la thalidomide a été testée, les tératogènes ne sont apparus qu’occasionnellement« .

Je sais ce que vous pensez : « comment la thalidomide pourrait-elle être toxique pour les êtres humains si elle ne l’est pas pour un tatou ? » Je partage votre incrédulité. Mais c’est vrai. Il s’avère que les tests sur les animaux ne prouvent rien de façon concluante.

« Selon la FDA, 92% des médicaments identifiés comme sûrs et qui prouvent leur efficacité thérapeutique dans les tests sur les animaux, échouent lors des tests sur l’homme du fait de leur toxicité et/ou de leur inefficacité et ne sont donc pas autorisés », affirme une étude menée par le Medical research modernization committee. « En outre, plus de la moitié des 8% des médicaments qui obtiennent l’autorisation de la FDA doivent être plus tard retirés du marché ou recatégorisés du fait d’effets secondaires sérieux et inattendus ».

Au vu de ces données, on ne devrait pas être surpris que plus de 100 000 Américains meurent chaque année de réactions indésirables dues à la prise de médicaments — ce qui en fait la quatrième plus importante cause de mortalité du pays, selon le New England Journal of Medicine.

Néanmoins, malgré la tendance bien connue des « merveilles de la modernité » à entraîner des conséquences involontaires, Monsanto insiste sur le fait que son dernier prodige, les OGM (organismes génétiquement modifiés), combine les caractéristiques génétiques de différentes espèces pour créer une espèce « modifiée ».

C’est vrai ; ceux qui ont inventé l’Agent Orange et autres délicieuses dioxines ont aussi créé un large éventail de produits alimentaires meilleurs que ce que Dieu Lui-même a réussi à créer. Peut-être manquait-Il simplement d’imagination pour créer une espèce de maïs pouvant supporter une forte dose de Roundup, le pesticide le plus vendu de Monsanto.

On ne peut certes pas reprocher aux ingénieurs en génie génétique de Monsanto de manquer d’imagination. Pour emprunter une expression de leurs collègues chez Disney, ils sont des experts dans le domaine de l’imagineering. Mais pas besoin de s’inquiéter, Monsanto a testé ses OGM à plusieurs reprises sur diverses espèces animales et a trouvé que ses produits sont aussi sûrs que possible. Pourtant, certains rats de laboratoires en France ont apporté la preuve du contraire…

Certes, une étude sur les animaux qui accuse un produit en particulier peut être aussi invalide qu’une étude sur les animaux qui « prouve » les vertus d’un produit particulier. Ceci étant, l’étude sur les animaux que nous évoquons suggère que les recherches sur les OGM restent encore à faire… et que l’humanité pourrait se porter mieux si Monsanto conduisait un peu plus ses recherches dans un laboratoire et un peu moins sur les terres agricoles du pays.

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