La Chronique Agora

Est-ce que tout le monde est perdu ?

▪ Parfois, il y a de quoi vraiment désespérer de l’humanité. Non, correction : pas « parfois » — « souvent ».

Chaque fois qu’on a l’impression d’avancer un peu… le genre humain semble choisir de se réfugier dans les oripeaux confortables et connus du conflit et du « c’est moi qui ai raison ».

Le Mur est tombé en 1989 ; la pérestroïka, m’indique une courte recherche Google, s’est achevée « officiellement » en 1991.

Et aujourd’hui ? Eh bien, Poutine et Obama s’échangent insultes et menaces avec à peu près autant de maturité que des enfants dans une cour de récréation… la Syrie cristallise des tensions qui affleurent depuis des années… et la crise économique exacerbe les sentiments nationaux.

D’un autre côté, peut-être est-ce parfaitement normal ?

Après tout, pendant la Guerre froide, tout le monde était sur les nerfs… mais au moins, chacun savait où il se situait. Les « méchants », les « gentils », c’était clair.

Aujourd’hui, la mondialisation a bouleversé tous les repères ; même James Bond ne sait plus où il en est ! L’Union européenne, fondée sur les principes les plus respectables — mais souvent mise en place avec un manque flagrant de clarté et de démocratie –, a désorienté ses citoyens. Et je dirais qu’internet achève de brouiller les cartes en rendant tout accessible à tout moment, partout (sans oublier les nouveaux terrains d’agression que cela ouvre).

Peut-être cherche-t-on à retrouver un modèle connu et familier, avec à nouveau chacun bien rangé de son côté ? N’importe que couple ensemble depuis des années vous le dira : il est plus simple de se disputer que de faire des compromis, discuter, négocier. Quand bien même on en souffre au final.

▪ La renaissance des tensions actuelles fait dire à Bill Bonner que le complexe militaro-industriel est derrière tout ça :

« La véritable raison pour laquelle les Etats-Unis dépensent autant et se lancent dans tant de guerres, c’est qu’ils ont développé toute une classe de zombies militaires. Leur carrière, leur guerre, leur rang social, leur vie sexuelle — tout dépend du fait de se mêler des affaires des autres ».

« […] Eisenhower comprenait les choses différemment », conclut Bill. « Il voyait de quelle manière des forces internes puissantes poussent une machine militaire à devenir un empire… et à faire la guerre. Un ‘éducateur’ essaiera de se donner de l’importance en insistant pour plus d’éducation. Un boucher voudra plus de viande au menu. Et un homme ayant un pistolet en main déclarera — avec un sérieux parfait et une sincérité solennelle — qu’il faut tuer quelqu’un en Syrie pour protéger notre virilité ! »

Peut-être faut-il s’y résoudre ; peut-être que les êtres humains ne savent pas vivre sans conflit. Peut-être faudra-t-il encore quelques siècles pour y arriver… en espérant que la planète soit encore là à ce moment-là.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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