La Chronique Agora

Les mauvais comptes font les bons insoumis

Mélenchon

Revenons quelques mois en arrière. Vous ne pouvez pas avoir oublié le style Mélenchon, cette indécrottable propension à faire dans le binaire en se targuant d’être le candidat du camp du bien, celui qui promet à qui veut l’entendre que grâce à lui rien ne sera plus jamais comme avant.

Faute d’être parvenu à devenir président, le leader de La France Insoumise occupe désormais un siège au Palais Bourbon. Le valeureux Jean-Luc a la peau dure, parce qu’à l’entendre s’exprimer au sujet de sa nouvelle prébende, on se demande s’il n’aurait pas préféré casser des cailloux à Cayenne !

Bon, même si la tâche est rude, en se battant bien les flancs, Jean-Luc Mélenchon parvient toujours à trouver de quoi rendre les heures un peu moins longues…

Mais ce dont je voudrais vous parler aujourd’hui, c’est de ce qui s’est passé dans l’arrière-boutique de La France Insoumise lors de la campagne présidentielle. On commence en effet à découvrir des procédés qui ne sont pas vraiment en phase avec les valeurs défendues par Jean-Luc Mélenchon et ses acolytes.

Je passe sur le fait que l’ancien sénateur socialiste ait recruté nombre de ses collaborateurs de campagne sous le statut d’autoentrepreneur, ce statut d’« auto-esclave » comme il l’a lui-même qualifié.

Evoquons plutôt le cas Sophia Chikirou. Cette proche de Jean-Luc Mélenchon a travaillé en tant que « directrice de la communication » de l’équipe de campagne du candidat lors de la dernière élection présidentielle.

Mediascop, sa société de conseil en communication, a par ailleurs perçu plus d’1 M€ de la part de l’équipe de campagne au titre de la prestation de divers services.

Lorsqu’elle a examiné les comptes de La France Insoumise, la Commission de contrôle des comptes de campagne (CNCCFP) a « dénombré initialement pas moins de 46 prestations possiblement surfacturées, payées parfois le double du tarif ‘normal’ de l’entreprise », comme l’explique France Info.

Dans sa décision finale, la CNCCFP n’a retenu qu' »un peu plus de 32 000 euros, sans que l’on sache pourquoi elle validait le reste. Cette décision est pour partie à l’origine de la démission du rapporteur qui était chargé d’examiner les comptes du candidat de La France Insoumise », épisode dont je vous ai précédemment parlé.

Espérons que la presse spécialisée se penchera à nouveau sur la question une fois les comptes 2017 de Mediascop publiés, afin de vérifier les soupçons de surfacturation du rapporteur démissionnaire.

Pour ce qui est de Raquel Garrido, porte-parole et avocat de JLM pendant la campagne, on devrait se réjouir du fait que La France Insoumise a regroupé tant de personnes prêtes à faire campagne bénévolement.

En ce qui me concerne, je serais curieux de savoir si les bénévoles des innombrables campagnes de Jean-Luc Mélenchon sont heureux d’avoir contribué à l’enrichissement de Sophia Chikirou, cet « entrepreneur » à succès, de Jean-Luc Mélenchon, ce millionnaire insoumis, et des autres « rentiers de la Révolution collectiviste », comme les appelle H16.

Ecolo… mais pas trop !

Venons-en maintenant à un autre entrepreneur à succès, lui aussi adepte du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ! », j’ai nommé Nicolas Hulot.

Lors de sa déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique (HATVP), le ministre de la Transition écologique et solidaire a indiqué posséder tout de même six voitures, une moto, un bateau et un scooter électrique.

« Quatre de ses engins ont près de 20 ans et ils ne respectent sans doute pas les dernières normes anti-pollution », commente Le Parisien. Capital précise que le clou est le combi Volkswagen du ministre :

« D’après nos informations, […] il s’agit d’un modèle California Beach de 2016. Une version 4×4 dotée d’une boite automatique 7 rapports et d’un moteur diesel 2 litres de 204 chevaux. Ce bloc émet 183 grammes de CO2 par kilomètre, d’où un malus à l’achat de 6 300 euros. »

Médias : indépendants… mais pas trop non plus !

Le financement public de la presse et de l’audiovisuel public me semble présenter bien plus d’inconvénients que d’avantages (enfin ça dépend pour qui, bien sûr !). Au nombre de ces inconvénients, le premier est celui de la dépendance des médias vis-à-vis du pouvoir politique.

Pensez-vous qu’Emmanuel Macron reçoit un traitement privilégié de la part de la presse française ? C’est la question qui était au coeur d’un débat sur LCI le 28 février. On y commentait notamment des propos tenus par Jean-Luc Mélenchon qui n’y est encore une fois pas allé avec le dos de la cuillère dans l’un de ses billets de blog. Voyez vous-même :

« Le pouvoir médiatique est d’essence complotiste. » […] « La haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine ».

Voilà le genre de réflexions nuancées que l’on trouve sur son blog.

Présent sur le plateau, le journaliste et écrivain Maurice Szafran s’est ému de ces propos : « vous retrouvez toutes les thématiques de l’extrême-droite depuis les années 30 sur les médias : c’est parfait ! c’est un complot ! », a-t-il déploré. Je dois dire que je suis assez d’accord avec lui.

En même temps, j’aurais apprécié que Maurice Szafran n’esquive pas la question que lui posait Arlette Chabot, à savoir :

« Tous les médias sont devenus macronistes, soutiennent Macron ? Ce sont des accusations recevables ou pas ? »

Or, l’éditorialiste phare de Challenge a préféré commencer par répondre en ces termes :

« Le problème ce soir, c’est pas les médias et Macron. Le problème, c’est le délire de Jean-Luc Mélenchon ».

Dommage qu’aucun des intervenants présents sur le plateau n’ait répondu à Maurice Szafran que certains – et pas n’importe qui – pensent qu’il fait peut-être partie du « problème ».

Peut-être vous souvenez-vous en effet qu’en mars 2017, la Société des journalistes (SDJ) de Challenges avait dénoncé les pressions exercées par Maurice Szafran sur l’équipe rédactionnelle de l’hebdomadaire en vue d’une ligne plus en faveur de celui qui deviendra par la suite président.

La SDJ déplorait en particulier « les interventions multiples et déplacées de Maurice Szafran auprès de la direction et de l’équipe web, suite à la parution d’un article critique à l’égard de Macron ».

Eh oui, deux poids, deux mesures, une fois de plus…

Depuis cette affaire, son poulain est devenu président, Bruno Roger-Petit – un autre éditorialiste de Challenges – est devenu porte-parole de la présidence de la République française, et Bertrand Delais – un journaliste-documentariste réputé très proche d’Emmanuel Macron – a été nommé président de La Chaîne Parlementaire le 14 mars. Nul doute que Maurice Szafran doit dormir sur ses deux oreilles !

La série sur cette question de l’indépendance s’achève… à très bientôt !

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