La Chronique Agora

Méfiez-vous des entreprises grosses consommatrices d'énergie

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Comme toujours, c’est Alcoa qui a ouvert hier le bal des publications de résultats des entreprises américaines pour le premier trimestre 2008. Et que nous dit Alcoa ?

Méfiez-vous des entreprises grosses consommatrices d’énergie
Car c’est bien l’envolée du cours du brut qui a plombé les résultats du géant de l’aluminium : il affiche une chute de 50% de ses bénéfices ce trimestre. L’an passé, il dégageait 660 millions de dollars sur la même période, contre 300 millions cette année.

N’oubliez pas ceci : l’industrie aluminium est l’une des industries les plus grosses consommatrices d’énergie qui soit. Avec un brut au-dessus de 100 $ le baril, alors que, début 2007, il affichait un cours à 55 $, inutile de vous dire que la facture énergétique a fait toute la différence…

On comprend mieux pourquoi des complexes industriels de traitement de l’aluminium récemment construits se sont développés au Moyen-Orient. Ils sont "assis" directement sur les gisements. Ce qui leur permet de mieux résister à l’envolée du cours du brut et de rester compétitifs. C’est ce que j’appellerais la filière "directement du producteur au consommateur" !

L’effet dollar enfonce le clou !
Non seulement le prix du brut a rogné les marges d’Alcoa, mais en plus, l’impact du coût énergétique est amplifié par la dépréciation du dollar. Avec un dollar en chute libre ces derniers mois, la facture énergétique devient de plus en plus salée ! Les entreprises européennes, elles, pourront au moins partiellement neutraliser le coût énergétique grâce à un euro qui s’est renforcé…

Alcoa a donc payé un lourd tribut au baril… Mais, malgré une chute de 50% de son bénéfice, l’entreprise s’en tire bien. Les choses auraient pu être bien pires. Pourquoi ?

L’envolée du cours des métaux lui a permis de sauver la face
L’activité "métaux primaires" d’Alcoa a vu son bénéfice s’envoler de presque 60%, à 307 millions de dollars. Grâce à l’envolée des cours des métaux sur le LME !

Et pour les mois à venir, l’entreprise anticipe une hausse du prix de l’aluminium, notamment grâce à la demande chinoise, ce qui lui permettrait de compenser le coût de la facture énergétique…

La conclusion ?
Attention aux entreprises énergivores ! Surtout si elles sont américaines. Car toutes les entreprises n’ont pas la chance de bénéficier de l’envolée des cours des métaux pour s’en sortir sans trop de casse…

Côté brut, les choses n’ont pas l’air de s’arranger
Le brut repart, en effet, à la hausse. Fait déclencheur de cette hausse ? L’OPEP qui persiste et signe : pas question d’ouvrir les vannes du pétrole. Les quotas resteront inchangés. Car, selon l’Organisation, la hausse des cours n’est pas due à une offre insuffisante mais au goulot d’étranglement que représente la capacité de raffinage, et surtout à la baisse du dollar. Et sur ces deux derniers points, l’OPEP a raison. Personnellement, je rajouterais à cette liste la spéculation !

Fondamentalement, le cours du brut devrait baisser
La demande ne peut que baisser face au ralentissement économique mondial et au retour des beaux jours. C’est une évidence. Pourtant, rien n’y fait. Le cours se cramponne à ses plus hauts niveaux. Et cela devrait durer dans les semaines à venir.

Retenez ceci : le prix du brut n’est pas guidé par les fondamentaux mais par la spéculation purement financière.

Avez-vous vu ? Pétrole en hausse, dollar en baisse. Forcément, les cours de l’or, de l’argent et du palladium sont respectivement repassés au-dessus des 923 $, 18 $ et 450 $ l’once cette semaine. Les cours des métaux précieux devraient bénéficier de la période chaotique des annonces de résultats. Attendez-vous à des profit warning…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.
 
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Source : L’Edito Matières Premières

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