▪ Il ne se passe rien de majeur, en ce moment. Ou plutôt, les changements majeurs se font avec une dangereuse discrétion, comme des plaques tectoniques bougeant millimètre après millimètre, presqu’imperceptiblement — jusqu’à ce qu’on se retrouve avec un seul continent là où il y en avait deux.
Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que les tremblements de terre sont à exclure.
Mais regardez ce qui se passe en France, par exemple :
« La France s’appauvrit, les riches partent. Ce n’est pas nouveau mais le phénomène prend de l’ampleur », expliquait jeudi dernier Simone Wapler dans La Stratégie de Simone Wapler.
On n’en parle pas en première page des journaux… mais c’est néanmoins un changement important, et qui en dit long sur ce qui est en train de changer dans notre pays.
« Jean-Yves Mercier, avocat fiscaliste du bureau Francis Lefebvre nous indique ‘le mouvement a crû nettement à partir du mois de juin, et s’est confirmé et amplifié après la présentation du projet de loi de finances à fin septembre’.«
« Les partants : artistes, auteurs à succès, dirigeants ou professions libérales. Les destinations préférées : Grande-Bretagne, Belgique, Luxembourg. Suisse en mineur car ‘plutôt pour des fortunes patrimoniales’, note l’avocat.
« Nous y voilà. Ce ne sont pas les ‘riches’ qui partent, mais les ‘non-assistés’, ceux qui sont possédés d’un démon : la volonté de gagner de l’argent et, pire encore, de le conserver ».
Peut-on les en blâmer ? Fiscalité de plus en plus lourde, mesures budgétaires qui semblent faites tout exprès pour contrarier la volonté d’entreprendre… Sale temps pour l’indépendance financière en France !
▪ Mais de même : peut-on vraiment blâmer le gouvernement ? Les caisses sont désespérément vides, la catastrophe est à nos portes… il faut bien prendre de l’argent quelque part, puisque, comme l’expliquait Bill Bonner jeudi, la croissance n’est plus un relais fiable :
« Martin Wolf, rédacteur du Financial Times, […] a enfin compris ce que nous disons depuis des années. La croissance ralentit. Et il n’y aucune garantie qu’elle reprenne de notre vivant. M. Wolf n’est pas certain du pourquoi. Personne ne l’est. Mais il cite les travaux de Robert Gordon, de la Northwestern University, qui remet en question l’idée que la croissance économique est éternelle. Peut-être ne l’est-elle pas ».
« Ce que nous avons remarqué, c’est qu’en dépit du terreau le plus fertile pour la croissance jamais vu depuis les débuts de l’histoire de la race humaine, le taux de croissance du PIB a décliné ces 50 dernières années. […] M. Wolf déclare être convaincu que M. Gordon a raison… que les économies développées ne se développeront plus comme autrefois. ‘Il faut s’y habituer’, dit-il ».
Mais, cher lecteur, d’autres changements sont en cours — tout aussi discrets… mais infiniment plus profitables.
La croissance est peut-être plus lente dans l’ensemble, mais elle n’a pas disparu — simplement, elle est moins visible, et il faut parfois chercher un peu plus loin.
L’explosion des biotech en est un exemple. Les petites valeurs, de leur côté, ont elles aussi beaucoup à offrir.
Le tout pour s’en sortir durant les années à venir, c’est d’avoir l’esprit ouvert… et de ne surtout jamais quitter des yeux ces plaques tectoniques !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora