▪ Les marchés ont grimpé la semaine dernière suite à l’annonce que les électeurs grecs avaient approuvé de nouvelles mesures d’austérité. La crise grecque a donc été résolue… Dominique Strauss-Kahn n’a peut-être pas violé cette femme de chambre, après tout… et les Chinois achètent de l’euro.
Ouf… on a eu chaud ! Mais la crise grecque est derrière nous, maintenant. On peut retourner au travail… et devenir tous plus riches.
Les Français et les Allemands feront semblant de résoudre le problème. Les Grecs feront semblant de réduire les dépenses. Et les prêteurs peuvent faire semblant de récupérer leur argent.
Mais qu’est-il arrivé à toute cette dette que la Grèce ne pouvait pas payer ?
Attendez une minute… Nous savons ce que vous pensez. Vous pensez que maintenant que la crise est derrière nous, les taux d’intérêt peuvent revenir à la normale. Et lorsque les taux d’intérêt sont à la normale, il n’y a pas de problème. Après tout, ce n’était qu’un problème temporaire causé par des prêteurs nerveux et avides, n’est-ce pas ? Aussi longtemps que le poids et le crédit des autorités financières européennes — avec un peu d’aide de leurs collègues à l’est et à l’ouest — soutiennent la Grèce, tout devrait bien se passer. Les Grecs peuvent emprunter pour boucher les trous de leur budget et payer les intérêts des précédents prêts.
Et vous avez raison — en quelque sorte.
Enfin, vous auriez raison si les prêteurs étaient nés d’hier. Ils prêteraient simplement de plus en plus, de manière à ce que les Grecs puissent emprunter plus, pour les siècles des siècles, amen.
Et n’oubliez pas les autres débiteurs européens — l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, par exemple. Ils sont plus ou moins dans la même galère. Ils doivent emprunter de l’argent maintenant, en grande partie pour rembourser la dette empruntée auparavant. Tant que les intérêts ne grimpent pas, ça peut durer longtemps.
▪ Mais si les prêteurs avaient un peu d’expérience ? On dit souvent que le marché actions s’intéresse à l’avenir. Le marché obligataire, lui, s’occupe d’ici et maintenant. Et si les acheteurs d’obligations se rappelaient soudain la manière dont ils se sont fait dépouiller la dernière fois ? S’ils se souvenaient de ce qu’il se passe quand les débiteurs empruntent tant qu’ils ne pourront jamais rembourser ?
Cela ne les pousserait-il pas à penser que…
- Prêter plus serait une erreur
- Ou qu’il faudrait au moins exiger des taux plus élevés ?
Eh bien, votre imagination vaut bien la nôtre.
Les Grecs doivent trop d’argent. Idem pour un certain nombre de pays européens… et pour les Etats-Unis d’Amérique.
Que voulons-nous dire par « trop » ? Eh bien, rien de précis. Mais si on additionne toute la dette, elle dépasse les 100% du PIB. Ce qui signifie qu’on devrait « normalement » consacrer quelque chose comme 5% du PIB ou plus pour régler les intérêts afférents. Si un gouvernement peut collecter 20% ou 30% de son PIB en impôts, cela signifie qu’il doit consacrer jusqu’à un quart de ces recettes fiscales rien que pour couvrir les intérêts sur de l’argent qu’il a déjà dépensé.
Imaginez-vous dans une telle position. En théorie, vous pourriez vous en sortir. Vous pourriez arrêter de dépenser plus que vous ne gagnez… puis utiliser la croissance pour vous désendetter. Mais ce n’est pas ce qu’il se produit. Des foules de zombies descendent dans les rues. Les pressions politiques forcent les gouvernements à continuer de dépenser. Et si votre déficit est plus profond que votre taux de croissance, vous vous endettez plus encore.
Voyons voir… les Etats-Unis ont un taux de croissance du PIB (si l’on en croit les autorités) de moins de 2%. A combien se monte le déficit ? 10% environ ? Hmmm… Ce n’est pas terrible.
Mais le calcul est évident, non ? Même pour les gens qui achètent des obligations, n’est-ce pas ?
Alors comment se fait-il que les obligations US grimpent, au lieu de baisser ?
C’est là la vraie question, n’est-ce pas ?
NB : les Chinois achètent des euros.