La Chronique Agora

A quoi s’attendre sur les marchés à partir de juin ?

banques centrales

Richard Duncan

▪ La ligne directrice et la communication des banques centrales, c’est bien beau mais c’est la liquidité qui fait bouger les marchés. Lorsqu’il y a beaucoup de liquidité, les prix des actifs ont tendance à augmenter ; lorsque la liquidité se fait rare, les prix des actifs ont tendance à chuter. Par conséquent, les investisseurs ont besoin d’une façon simple de mesurer et de prévoir la liquidité, une sorte de jauge de la liquidité.

 

La différence entre ce que le gouvernement a absorbé et ce
que la Fed a injecté donne un excédent de liquidité de 320 milliards de dollars

Une jauge de la liquidité aux Etats-Unis est relativement facile à construire. Lorsque le gouvernement emprunte des dollars pour financer son déficit budgétaire, il absorbe de la liquidité. Lorsque la Fed crée des dollars via l’assouplissement quantitatif (quantitative easing), elle injecte de la liquidité sur les marchés financiers. En 2013, le gouvernement US a absorbé 680 milliards de dollars pour financer son déficit budgétaire tandis que la Fed a injecté un peu plus de 1 000 milliards de dollars via le QE. La différence entre ce que le gouvernement a absorbé et ce que la Fed a injecté donne un excédent de liquidité de 320 milliards de dollars.

Toutefois, l’histoire ne s’arrête pas là. La Fed n’a pas été la seule banque centrale à créer de la monnaie fiduciaire et à acheter des actifs en dollars l’année dernière. Afin d’empêcher leur monnaie de s’apprécier, beaucoup de banques centrales dans le monde ont créé leur propre monnaie et l’ont utilisée pour acheter les dollars entrant dans leur économie du fait de leurs excédents commerciaux avec les Etats-Unis.

Les banques centrales comme la Bundesbank demandent à rapatrier leur or des coffres américains et français.

Ce qu’elles ne savent pas, c’est qu’elles risquent fort de ne jamais revoir leurs lingots !

Découvrez pourquoi sans plus attendre : il pourrait y avoir de spectaculaires profits à la clé.

 

Une fois les dollars achetés, elles les ont investis dans des actifs en dollars américains pour générer un rendement. Voici donc une seconde source de liquidité. Elle peut être mesurée par l’augmentation des réserves de devises étrangères. En 2013, ces dernières ont augmenté environ de 700 milliards de dollars. Près de 60% de ces réserves étaient en dollars américains.

Cette seconde source de liquidité a donc ajouté environ 420 milliards de dollars supplémentaires à la liquidité des Etats-Unis, ce qui donne une liquidité totale de 1 420 milliards et une liquidité supplémentaire de 740 milliards de dollars.

L’excès de liquidité de 740 milliards de dollars en 2013 fut le plus important jamais enregistré

▪ Excès record et fin du QE
Lorsque qu’une liquidité totale (c’est-à-dire le QE combiné avec le montant de dollars accumulés en tant que réserves de change) est supérieure au déficit budgétaire, il y a de la liquidité en excès et le prix des actifs a tendance à augmenter. Mais lorsque la liquidité totale est inférieure au déficit budgétaire, il y a un assèchement de liquidité et le prix des actifs a tendance à baisser. L’excès de liquidité de 740 milliards de dollars en 2013 fut le plus important jamais enregistré. Cela explique pourquoi le marché boursier a gagné près de 30% et pourquoi les prix de l’immobilier ont augmenté de 13%.

Cette jauge de la liquidité explique également les booms des prix des actifs qu’on a connu par le passé. Même si le QE n’a débuté que fin 2008, les banques centrales hors des Etats-Unis ont depuis les années 1980 accumulé de grandes quantités de dollars comme réserves de devises. Les deux pics précédents de liquidité excédentaire ont été enregistrés en 2000 lors de la bulle du Nasdaq et en 2006 lors de la bulle immobilière. C’est l’excès de liquidité qui est à l’origine de ces bulles.

La jauge de la liquidité est un outil fort utile pour les investisseurs lorsqu’elle est utilisée pour prévoir les niveaux futurs de liquidité. Elle est relativement facile à calculer. Le Congressional Budget Office publie ses projections de déficit budgétaire et la Fed fournit un timide programme de réduction de ses achats d’actifs offrant une estimation de la quantité de monnaie fiduciaire qu’elle créera chaque mois au cours de 2014.

La seule donnée qui nous manque donc est le montant de dollars qui seront accumulés en tant que réserves de devises. Pour tenter de la calculer, on peut se baser sur les estimations du déficit courant américain. Depuis 1970, la plupart des années, la quantité de dollars accumulés comme réserves de devises est égale à la taille du déficit courant américain.

Une base trimestrielle pour 2014 suggère que la liquidité restera excédentaire au cours du premier semestre de l’année mais qu’un assèchement de la liquidité débutera au troisième trimestre

Si l’on se base sur les estimations de déficit budgétaire, le programme de réduction progressive des achats d’actifs par la Fed et les estimations du déficit courant, une base trimestrielle pour 2014 suggère que la liquidité restera excédentaire au cours du premier semestre de l’année mais qu’un assèchement de la liquidité débutera au troisième trimestre et prendra de l’ampleur au quatrième trimestre. Si cette analyse est juste, les prix des actifs chuteront probablement au cours du second semestre — à moins que la Fed ne se lance dans plus d’assouplissement quantitatif qu’elle ne le déclare actuellement.

Etant donné que la Fed porte la reprise économique en gonflant le prix des actions et de l’immobilier, il est peu probable qu’elle permettra de sitôt une chute du prix des actifs entraîner l’économie vers le bas. Pour empêcher cela, il semble que la Fed devra continuer son QE en 2015 — voire après.

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