▪ Dans le monde entier, les bourses ont battu des records en ce premier trimestre 2014. L’indice global — qui rassemble 17 des principaux indices boursiers avec une pondération des Etats-Unis de 41% — n’a jamais été aussi haut. C’est Wall Street qui a mené la danse ces cinq dernières années. De son niveau le plus bas à 667 points le 6 mars 2009, l’indice S&P 500 a augmenté de 180%. C’est la plus longue et la plus forte hausse depuis plusieurs décennies.
Les problèmes de surendettement global sont un frein à la croissance du PIB qui, au final, reste faible |
Si l’on considère que le cours des actions est un bon indicateur quant à la tendance future de l’économie, on peut alors conclure que tout va aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. S’il est vrai que divers indicateurs avancés signalent que l’économie mondiale est dans une phase de reprise, les prévisions montrent également que ce n’est pas une reprise autonome. Les problèmes de surendettement global sont un frein à la croissance du PIB qui, au final, reste faible. La croissance est aussi limitée par l’augmentation des réflexes protectionnistes partout dans le monde — et aussi par les incessantes interventions administratives des gouvernements qui accumulent règlements sur règlements. Ainsi le cours des actions ne correspond plus à la réalité du développement économique.
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Les prévisions concernant les marchés boursiers des pays industrialisés semblent meilleures que celles des pays émergents et en voie de développement, pays dans lesquels la politique restrictive des banques centrales, les turbulences sur les marchés des devises et la montée des taux d’inflation assombrissent fortement les perspectives. La sortie des fonds de ces régions, commencée il y a plusieurs mois, se poursuit.
▪ Les banques centrales ne suffisent plus
Ces cinq dernières années, c’est la politique monétaire ultra-expansionniste des banques centrales qui a le plus influencé le cours des actions. Les taux d’intérêt zéro et le QE ont été les moteurs d’une hausse du cours des actions au-dessus du niveau fondamentalement justifié, mais cette stimulation monétaire n’est pas suffisante à elle seule pour amener une hausse durable.
Au début, ces bulles peuvent suggérer une certaine prospérité mais elles deviennent par la suite un lourd fardeau pour l’économie mondiale |
A moyen terme, les banques centrales devront revenir à une politique monétaire neutre et réduire de plus en plus le QE sous peine de voir le risque d’inflation se transformer en un réel danger. L’inflation peut ne pas se traduire tout de suite à travers les prix à la consommation — mais il existe d’autres types d’inflation tels que celles des prix des actions ou des obligations, ou même de la dette publique. Au début, ces bulles peuvent suggérer une certaine prospérité mais elles deviennent par la suite un lourd fardeau pour l’économie mondiale, comme on l’a vu lors de l’éclatement de la bulle sur le marché immobilier américain.
Actuellement, les marchés boursiers jugent satisfaisant le cycle économique aux Etats-Unis. Ce point de vue transparaît également dans les commentaires de la Fed, ce qui atténue les perturbations sur Wall Street et donc, aussi, sur les marchés boursiers dans le monde.
▪ Attentions, cahots à venir…
Cependant, une lente transition vers une politique monétaire "normale" qui n’est ni expansive ni restrictive, pourrait ouvrir un chemin "cahoteux" pour les marchés, comme on peut l’observer depuis le début de l’année. Les perspectives moroses de profit des entreprises en Amérique du Nord et en Europe occidentale limitent de façon générale le potentiel de hausse des actions.
Les entreprises du CAC 40 ont vu leurs bénéfices et leurs marges diminuer en 2013. Les évolutions de cours en 2014 seront plus conditionnées par les données propres de l’entreprise. Dans une telle phase du marché, les fusions-acquisitions devraient jouer un rôle plus important.
En conclusion, les PER pour le CAC 40 autour de 15 pour 2013, 13 pour 2014 et 12 pour 2015, comparable ceux de l’EuroStoxx 50 (les PER sur le S&P 500 sont à peu près 20% plus élevés) montrent que les bourses ne sont plus bon marché. La sélection de titres doit se faire sur les données particulières de l’entreprise choisit, avec un focus sur celles qui ont un haut niveau de distribution avec un potentiel de croissance avéré.