La Chronique Agora

Les marchés boursiers et obligataires manipulés au détriment des jeunes

▪ Un spectre hante toutes les nations développées de la planète — le spectre d’une révolution de dette.

Lorsque nous vous avons quitté hier, nous examinions de quelle manière l’économie, ces 30 dernières années — et ces six dernières années particulièrement — a favorisé les personnes âgées au détriment des jeunes.

« Levez-vous, les jeunes », disions-nous en substance, « vous n’avez rien d’autre à perdre que les dettes de vos parents ».

Nous avons montré que les actifs boursiers des seniors avaient été multipliés par 28 depuis 1981. Ce n’était pas un marché haussier honnête : c’était un marché que l’explosion du crédit avait envoyé dans la stratosphère. Mais qu’en ont retiré les jeunes, dont les seuls atouts sont leur temps et leur énergie ? Hélas, l’économie de l’emploi et des salaires n’a été multipliée que par cinq.

Quand on observe de plus près l’emploi et les salaires, le spectre se fait plus sévère et plus menaçant. Parce que les salaires horaires ont à peine bougé ces 30 ou 40 dernières années. Les revenus des ménages ont en fait chuté, passant de 57 000 $ à 52 000 $ au 21ème siècle.

Mais lorsque nous avons enlevé nos mains du clavier de notre ordinateur hier, il restait une question en suspens, comme la fumée jaillissant d’un bâton de dynamite qui n’aurait pas encore explosé : pourquoi ?

Ce gigantesque changement — des milliers de milliards de dollars de richesse passant des jeunes travailleurs aux détenteurs d’actifs plus âgés — était-il un accident ?

Ce gigantesque changement — des milliers de milliards de dollars de richesse passant des jeunes travailleurs aux détenteurs d’actifs plus âgés — était-il un accident ? N’était-ce que la maturation d’une économie de marché à l’âge de l’électronique ? Etait-ce parce que la Chine a pris la route du capitalisme en 1979 ? Ou parce que les robots faisaient concurrence aux jeunes dans le domaine de l’emploi ?

▪ La réponse est non
Pour commencer, ce sont les personnes âgées qui contrôlent le gouvernement ; pas les jeunes. Les lobbies, eux aussi, sont financés par des entreprises bien établies, ayant leurs propres intérêts à coeur. Enfin, ce sont les seniors qui décident des résultats des élections : ils sont nombreux… et ils votent. Ils savent où est l’argent.

Deuxièmement, le gouvernement — suivant les ordres des personnes âgées — restreint la concurrence, subventionne les secteurs bien enracinés, augmente le coût de l’emploi des jeunes et dirige ses renflouages, son crédit bon marché et ses contrats vers les barbes grises.

Troisièmement, le système de crédit augmente les profits et les prix du capital existant. Il encourage l’emprunt et les dépenses, ce qui récompense la génération actuelle tout en repoussant les coûts à plus tard.

Rien de tout cela n’était un accident. Rien ne se serait passé sans l’intervention active de la génération supérieure, utilisant le gouvernement pour obtenir ce qu’elle n’aurait jamais pu avoir de manière honnête.

Cela ne revient pas à dire que les seniors étaient complètement conscients de ce qu’ils faisaient et des conséquences que ça aurait. Nous doutons que l’administration Nixon ait eu la moindre idée de ce qui se passerait après le changement du système monétaire en 1971. A l’époque, les dirigeants étaient sur la sellette, craignant que l’or américain parte vers des gouvernements étrangers. Peu de gens pensaient qu’une erreur avait été commise quand la convertibilité du dollar en or a pris fin.

c’est à ce moment-là qu’a été créé un monde dans lequel les parents et les grands-parents ont pu vampiriser leurs propres enfants

Pourtant, c’est à ce moment-là qu’a été créé un monde dans lequel les parents et les grands-parents ont pu vampiriser leurs propres enfants… durant les 44 années qui suivirent. Et ce n’est pas fini. La nouvelle monnaie-dette — qui peut naître par la seule vertu de l’emprunt, sans besoin d’épargne ou d’appui à l’or — était exactement ce dont avaient besoin les seniors. Selon nos estimations, ça a augmenté les dépenses de 33 000 milliards de dollars environ — bien au-delà de ce qu’aurait permis l’ancien système basé sur l’or. Ces dépenses ont fait grimper le patrimoine des vieux croûtons et a augmenté leur niveau de vie.

Parallèlement, un jeune de 25 ans se rendant au travail en 2015 ne peut prétendre à un seul dollar de plus, en termes de salaire horaire réel, que son père en 1980.

▪ Quant à la dette gouvernementale…
Dans le secteur des entreprises, les obligations en cours ne représentaient que 17% du PIB en 1981. Elles sont désormais à 11,6 milliers de milliards de dollars, ou 65% du PIB. A quoi était utilisé cet argent ? Une partie a été consacrée à de véritables investissements et améliorations visant à rendre les entreprises plus productives et plus profitables. Mais une bonne partie est allée là où l’on pouvait s’y attendre — rachats d’actions, achats d’autres entreprises et bonus aux haut dirigeants quand leurs actions grimpaient ! A qui tout ça a profité ? En majeure partie à des gens âgés de plus de 50 ans.

La dette gouvernementale est pire encore. Contrairement à la dette personnelle, elle ne suit pas la personne qui l’a contractée dans le tombeau. Elle reste, pour devenir le fardeau de la génération suivante — qui n’en a rien obtenu.

La dette fédérale américaine, en 1980, était inférieure à 1 000 milliards de dollars

La dette fédérale américaine, en 1980, était inférieure à 1 000 milliards de dollars. Aujourd’hui, elle est à 18 000 milliards. Cet argent a été utilisé pour financer des programmes fédéraux — dont bien peu fournissaient de vrais bienfaits aux jeunes.

Un accident ? Une erreur ? En partie. Mais les seniors devaient savoir ce qu’ils faisaient. Leurs lobbyistes demandaient les dépenses. Leurs politiciens les ont approuvées. Leurs entreprises encaissaient les revenus. Et eux, personnellement, ont empoché une bonne partie de l’argent.

Lorsque l’économie a menacé d’entamer une correction, ils ont exigé plus de crédit, à des termes plus faciles, pour que l’argent continue de couler. Et lorsque la bulle du crédit a éclaté en 2008, ils ont gémi pour que les autorités protègent leurs gains mal acquis.

Du capitalisme honnête ? Pas s’ils pouvaient l’empêcher. De la destruction créatrice ? Pas avec eux aux commandes. Payer pour ce qu’on obtient ? Pas s’ils pouvaient faire passer la facture à la génération suivante.

Jeunes du monde entier, unissez-vous !

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