La Chronique Agora

Marchés actions : le krach est-il proche ?

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▪ Où est notre vieux drapeau d’Alerte au Krach, en lambeaux, couvert d’ecchymoses ?

Depuis 2009, nous l’avons hissé à plusieurs reprises. Et à plusieurs reprises, il a échoué à nous donner un signal utile.

Mais nous allons le sortir une nouvelle fois… et le laisser flotter, légèrement penaud, dans la tiédeur de l’air argentin.

Pourquoi ? Est-ce que nous savons si un krach arrive ? Non, bien sûr que non. Notre drapeau est-il un bon indicateur de ce qui va arriver ? Non, apparemment non.

Mais nous le considérons comme les fanions d’alerte aux requins qu’on voit sur les plages d’Australie (le seul pays au monde dont un chef d’Etat a été mangé par un squale). Ce drapeau ne signifie pas qu’on ne peut pas aller nager. Mais si un requin vient vous croquer, c’est votre propre faute, ma foi !

Et pourquoi levons-nous le drapeau à nouveau aujourd’hui ?

Eh bien, les valorisations sont si insensées (par rapport à la situation économique sous-jacente) que l’analyse Albert Edwards, de la Société Générale, se demande s’il n’a pas lui aussi perdu la tête :

La question à 64 000 $ n’est pas si, mais plutôt quand les investisseurs vont-ils réaliser ce qui se passe ?

« Nous sommes à une étape du cycle où je commence à douter de ma propre lucidité. J’ai déjà connu cela, cependant ; je sais très bien comment cette histoire se termine — et cela n’implique pas que je me retrouve dans un établissement psychiatrique (généralement). Le ralentissement des profits US s’aggrave et ce n’est pas seulement un phénomène lié à l’énergie ou au dollar US — une large part des données économiques américaines ont été décevantes en février. L’une des surprises positives, la masse salariale, est un indicateur retardé. La question à 64 000 $ n’est pas si, mais plutôt quand les investisseurs vont-ils réaliser ce qui se passe ? »

Hier, nous avons examiné quelque chose de si contre-intuitif, si contrarien, si inhabituel, que de nombreux lecteurs ont pensé que la folie nous avait atteint aussi. Ils nous ont conseillé de retourner bien vite « dans le cadre ».

Mais l’un des avantages d’être ici en Argentine, loin de toute civilisation, c’est que nous ne pouvons pas trouver le cadre. Nous sommes largement en retard sur l’actualité et coupé de l’opinion populaire.

▪ Le véritable effet des politiques des banques centrales
Cela nous a mené à réfléchir sur la manière dont nous — et quasiment tout le reste du monde — avons mésestimé l’effet des politiques des banques centrales. Comme nous l’avons mentionné hier, les autorités ne sont pas en train d' »imprimer de l’argent ». Pas plus qu’elles ne stimulent l’économie. Au lieu de ça, elles fournissent du crédit à l’industrie financière et à la partie la plus riche de la population. Les entreprises utilisent le crédit pour racheter leurs propres valeurs — février a été un record en la matière.

Tel est l’effet du crédit bon marché : il fait grimper les prix des actifs. Il encourage la spéculation et l’imprudence. Il n’augmente pas les prix à la consommation, pas plus qu’il n’aide l’économie réelle.

C’est pour cette raison que les riches deviennent plus riches : parce que les prix des actifs grimpent. Et c’est pour ça que les pauvres deviennent plus pauvres : parce que l’investissement réel — celui qui produit des emplois et des revenus — baisse.

Curieusement, même Alan Greenspan, désormais libre de dire la vérité, l’a dit :

Le plus gros problème de notre économie est un manque d’investissement réel

« Le plus gros problème de notre économie est un manque d’investissement réel ».

Au lieu de l’investissement patient et sensé qu’on observerait lors d’un authentique boom, les politiques d’argent facile encouragent les bulles. Hussman explique :

« Lorsque les préférences des investisseurs vont à la recherche du risque, des politiques monétaires trop souples peuvent avoir un effet désastreux en encourageant la spéculation imprudente et en améliorant la capacité des emprunteurs risqués à émettre de la dette pour des investisseurs en manque de rendement. Cela encourage les mauvais investissements et des distorsions financières, qui finissent par s’effondrer, comme nous l’avons constaté à la suite des bulles technologique et de l’immobilier. Ces germes ont été semés pour la troisième fois en 15 ans ».

Toutes les bulles éclatent. Elles éclatent que la Fed augmente les taux ou les baisse. Et toutes les bulles éclatent d’une manière qui détruit le crédit mais augmente la valeur du cash.

Tel est le curieux phénomène que personne ou presque — à part nous — ne voit venir : la Fed gonfle la masse monétaire à coup de milliers de milliards de dollars, mais au lieu de chuter, le billet vert pourrait devenir si précieux que les gens ne pourront pas vivre sans lui.

Le cash sera roi. Empereur. Rock star. Et gagnant d’un Oscar.

Brièvement.

Restez à l’écoute… nous arrivons à un moment important…

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