La Chronique Agora

Malgré l'injection de dette, la crise économique n'a pas pris fin

▪ Levons un peu le nez et regardons ce qu’il se passe autour de nous. Lorsqu’on observe quelque chose de trop près, on peut manquer le reste du tableau, comme si l’on observait un bourgeon en train d’éclore sans réaliser qu’on est au printemps.

Mais d’abord une chance de rencontrer nos lecteurs…

Nous avons prévu un voyage en Chine le mois prochain. Nous y serons avec notre collègue Addison Wiggin et trois de nos enfants ; nous séjournerons à Pékin et Shanghai. Si vous vivez en Chine, nous aimerions vous rencontrer. Nous organiserons un cocktail dans les deux villes. Il n’y aura peut-être pas des masses de participants… mais il y aura de l’ambiance. Pour participer, envoyez un mot (en anglais) à notre assistant : darius.m.fisher@gmail.com

▪ Maintenant, revenons-en au printemps…

En avril 2007, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Irlande — et de nombreuses autres économies — étaient saturées de dette. Cette dette devait être éliminée. C’est ainsi qu’a commencé une Grande Correction. Sur notre globe terraqué, tout a un but. Et le but d’une correction, c’est de corriger les erreurs. Dans le cas qui nous occupe, la Grande Correction devait purger les erreurs d’une expansion de crédit déjà vieille de plus d’un demi-siècle.

Le désendettement a commencé dans le secteur des prêts subprime. Il s’est ensuite étendu, remettant en question la valeur de tout ou presque. Il a causé les plus grandes pertes de l’histoire — en majeure partie dans les actions, l’immobilier et les produits dérivés. De mémoire, ces pertes étaient estimées entre 20 000 et 30 000 milliards à l’échelle mondiale.

Les sauveteurs étaient en force sur les lieux à l’automne 2008, après que Lehman Bros. a rendu l’âme. Dans les faits, ils ont — partiellement — mis fin au processus en refusant de laisser les principaux emprunteurs faire faillite. Si une grande institution ne pouvait rembourser ses dettes, ils lui prêtaient plus d’argent.

En Irlande, par exemple, les prêteurs avaient mis bien trop d’argent dans l’immobilier. Lorsque les emprunteurs ont déclaré qu’ils ne pouvaient payer, le gouvernement est intervenu, annonçant avec pompe qu’il couvrirait tous les prêts.

Eh bien ! A quoi pensaient-ils ? Les mauvaises dettes se révélèrent être bien supérieures à ce que le gouvernement irlandais pouvait gérer. Bientôt, non seulement les banquiers avaient des problèmes, mais il en allait de même pour le gouvernement lui-même. L’Irlande était en train de faire faillite. Plus les prêteurs privés augmentaient leurs taux, plus l’Irlande coulait. Le gouvernement avait désespérément besoin d’un renflouage ; il s’est tourné vers le FMI et Bruxelles. A présent, le trou est plus profond… et les Irlandais cherchent un nouveau renflouage.

▪ Aux Etats-Unis, l’histoire est la même. Les autorités ont renfloué les banques, Fannie, Freddie, AIG, General Motors et ainsi de suite. Mais dans la mesure où les Etats-Unis peuvent imprimer leur propre devise, ils pouvaient renflouer sans couler leur propre navire. A court terme au moins, leur crédit ne se trouvait pas atteint. La Fed a racheté les mauvais prêts et les dérivés de prêts hypothécaires — à hauteur de 1 200 milliards de dollars environ — en imprimant de l’argent. Contrairement aux Européens, dont la Banque centrale est dirigée par les Allemands, qui ont des résidus d’intégrité financière, la Fed a suivi la Banque du Japon. Elle a réduit les taux de prêt à zéro. Elle a monétisé la dette — d’abord les 1 200 milliards de dollars de dette du secteur privé un peu partout dans le monde… puis les 600 milliards de dollars (encore en cours) de prêts du secteur public.

Sans oublier les 700 milliards de dollars du programme de relance TARP. Ou les baisses d’impôts.

Additionnez tout ça, et vous obtenez une facture totale qui pourrait dépasser les 20 000 milliards de dollars.

Quel a été le résultat de toutes ces dépenses et tous ces efforts ? Eh bien, si l’on part du principe que la Grande Correction devait être stoppée à n’importe quel prix, c’est un succès relatif. Le PIB américain a diminué… mais de 4% au maximum. Le chômage n’a pas dépassé les 10% — en grande partie grâce à la manière de calculer ce chiffre.

Le chômage US semble céder à contrecoeur aux assauts des autorités. C’est du moins ainsi que les journaux présentent la chose. Selon nos calculs, toutefois, la création d’emploi suit tout juste la croissance démographique. Parallèlement, l’immobilier américain a chuté de 20% environ… et continue sa baisse.

Pour autant que nous puissions en juger, la Grande Correction n’a pas été stoppée… elle a simplement été ralentie, retardée et magnifiée par les emprunts du secteur public et l’impression monétaire — en quantités gigantesques.

 
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