La Chronique Agora

Madame Michu fâchée par l'inflation

Par Simone Wapler (*)

Madame Michu sait depuis longtemps qu’il y a de l’inflation. Tout augmente plus que l’indice des prix à la consommation publié par l’INSEE. Enfin, tout ce que madame Michu achète.

Alors lorsque le ministre Christine Lagarde affirme que l’inflation 2007 est inférieure à 2%, madame Michu se fâche. C’est une farce. Quiconque se nourrit, se loge, se chauffe, fait le plein de sa voiture, téléphone, paie ses assurances, ses impôts, et ses charges de copropriété le sait bien. L’indice des prix est un indice dont l’exacte teneur est secrète (si, si, je vous assure, allez vérifier sur www.insee.fr). C’est un thermomètre contrôlé par l’Etat, qui mesure la dérive d’un paquet de biens inconnus et pas nécessairement utiles. Pas les biens et services dont madame Michu a besoin.

Problème de pouvoir d’achat = inflation ou érosion monétaire
Pour madame Michu, un chat est un chat. Ce que les gouvernements appellent "problème de pouvoir d’achat", c’est de l’inflation ou de l’érosion monétaire. Pendant des années, selon un processus bien connu de madame Michu, on a caché la poussière sous le tapis. "Il n’y a pas d’inflation, nos indices le prouvent", serinaient les politiques. "D’ailleurs, madame Michu, vous constatez que les écrans plats, les lecteurs de DVD, les téléphones mobiles et les systèmes de navigation GPS voient leurs prix baisser considérablement".

Mais madame Michu est têtue et consomme peu de gadgets électroniques. Il est d’ailleurs très incommode de faire mijoter un pot-au-feu avec des baladeurs numériques à écran tactile couleur. Face aux gémissements répétés de cette bourrique de madame Michu, les politiques ont fini par évoquer "un problème de pouvoir d’achat". La vérité, c’est qu’il y a de l’inflation, réelle, visible et que la poussière sous le tapis commence à se voir.

L’or monte contre toutes les monnaies = inflation ou érosion monétaire déjà là
Soyons sérieux : personne n’achète de l’or financier pour se faire plaisir.

L’explication actuelle de la hausse de l’or est simple : de plus en plus de gens, comme madame Michu, savent qu’on leur ment. On leur ment car les indices des prix à la consommation ET l’émission monétaire sont contrôlés par les mêmes instances. On leur ment car ces mêmes instances se sont entendues par delà les frontières. Le mensonge est devenu si énorme que les Etats-Unis ont arrêté, depuis avril 2006, de publier le montant de la masse de dollars en circulation (agrégat M3 en jargon économique).

Une masse de dollars imprimés à partir de rien inonde le monde qui s’en aperçoit. Les pays producteurs de matières premières ont augmenté leur prix depuis sept ans. Le choc a été encaissé cahin-caha par les pays riches. Ils ont délocalisé la production et la transformation des biens manufacturés vers des pays émergents dont la main d’oeuvre était moins coûteuse.

Madame Michu est restée dubitative. Certes, lorsqu’elle a dû remplacer son lave-vaisselle ou son lave-linge (irréparable, madame Michu, ça vous coûterait plus cher qu’un neuf), elle a trouvé que le prix était correct.

Récemment, elle a acquis un fer à repasser à vapeur pour 12 euros. Mais elle n’y trouve pas réellement son compte. Son "problème de pouvoir d’achat" n’est pas dans le prix du fer à repasser. Il est dans l’augmentation du prix du kWh. Et maintenant, même monsieur Michu gronde : l’essence, vous avez vu !

Objectif : 1 000 $ l’once en 2008. Nous surperformons le métal de 32,5%
Le métal jaune a progressé de 20% en euros sur l’année 2007. Si vous avez suivi mes recommandations sur les minières, vous avez accumulé un peu plus de 210% de plus-values sur quatre positions, soit une plus-value moyenne par position de 52,50%.

Une seule position a donné lieu à une faible moins-value : la junior Alamos, victime d’une correction. Ceux qui répugnent à détenir de l’or physique, ou ceux qui recherchent une liquidité maximale, ne doivent pas hésiter à investir dans les certificats conseillés. Les minières que je recommande ne servent qu’à doper les performances.

L’or en 2008 : cours à trois chiffres
L’année 2008 sera celle de l’once à trois chiffres en dollars. Mais deux scénarii sont possibles : une poursuite du rythme de hausse actuel qui a débuté en 2006, ou un emballement et une accélération de la hausse jusqu’à la phase finale de 1 800 $ l’once.

J’aimerais que le premier scénario se produise : nous aurions encore plus d’une année pour engranger sereinement des profits. Si le deuxième scénario se produit, les profits seront supérieurs mais concentrés sur une période plus courte. Cependant, le passage en phase trois est possible, tant les événements s’accélèrent, notamment sur le front du pétrole. Le grand marché haussier de l’or se caractérise par trois phases distinctes.

– Phase 1 : le début de la hausse. Seuls les initiés (comme vous) ont pris position durant cette première étape − la plus longue. Elle a commencé en 2001 et s’est achevée début 2006. Elle a porté l’or de 260 $ (300 euros) à plus de 500 $ (420 euros) l’once. Cette première phase a été ignorée par la plupart des observateurs spécialisés.
– Phase 2 : certains gros investisseurs et quelques particuliers initiés prennent à leur tour position. Les fondamentaux qui sous-tendent la hausse apparaissent de plus en plus clairement. Cette phase, commencée en 2006, a emmené l’or de 500 $ (420 euros) l’once à son niveau actuel de 860 $ (630 euros) l’once. Elle devrait durer encore cette année.
– Phase 3 : l’or fera la une des journaux et sera "vu à la télé". La hausse qu’il va connaître sera rapide, fulgurante et dangereuse : les retardataires se placeront massivement. Nous serons alors entrés dans une phase de bulle spéculative sur l’or, qui ne tardera pas à éclater.

Il y a une similitude des parcours de l’or entre la période septembre 2006 à avril 2007, d’une part, et la période septembre 2007 à aujourd’hui, d’autre part. Dans les deux cas, l’or a connu une forte poussée. Dans les deux cas, les traders du COMEX ont été pris à contre-pied : ils s’attendaient à une consolidation qui n’est pas venue. Cette consolidation reste à venir. Si la consolidation s’avère forte et ramène l’or nettement sous 800 $ (750-760 $), cela signifiera que nous restons toujours bien en phase 2. Moins violente, elle signifiera que nous rentrons en phase 3. Il faudra se tenir sur ses gardes.

Aujourd’hui, vous pouvez donc encore entrer sur l’or physique. N’ayez pas peur des niveaux actuels.

Meilleures salutations,

Simone Wapler
Pour la Chronique Agora

(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements « tangibles ». Elle analyse chaque mois le secteur aurifère et les marchés étrangers dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières ou dans différents rapports d’investissements.

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