La Chronique Agora

Macron au Bilderberg, un faux procès

▪ Avec la nomination d’Emmanuel Macron à l’Economie, vous avez eu de quoi vous régaler, selon que vous lisez la prose des nostalgiques des période de libéralisme — de droite comme de gauche au cours des 33 dernières années d’alternance consécutives survenues depuis l’élection de Mitterrand — ou selon que vous avez adhéré aux discours humanistes pré-électoraux de François Hollande en 2012 et mis vos espoirs dans la résolution du problème de la "finance sans visage".

La gauche de la gauche a de quoi être satisfaite : la finance qui "domine le monde" n’a pas été mise au pas… mais François Hollande a fait en sorte qu’elle ait désormais un visage — le plus avenant possible.

Il s’agit de celui d’Emmanuel Macron ; celui dont Jacques Attali, qui l’a coaché, n’avait pas anticipé son ascension météorique au poste de ministre de l’Economie dès 2014. Il le voyait seulement devenir président de la France à l’horizon 2022/2027.

A condition qu’il y ait encore une France à présider… mais c’est un autre débat.

La gauche — et la gauche de la gauche — hurlent à la trahison de l’esprit du quinquennat Hollande

La gauche — et la gauche de la gauche — hurlent à la trahison de l’esprit du quinquennat Hollande. Cependant, pour paraphraser Talleyrand, il y a pire que trahir ses alliés : se tromper d’alliés.

Livrer une guerre à la finance (et ses quelques milliers d’hyper-privilégiés) qui a pourri le destin de milliards d’êtres humains en moins de deux décennies, c’est une louable entreprise… mais comme le rappelle Napoléon, "la guerre est un art d’exécution".

Une grande bataille se gagne grâce la maîtrise de milliers de petits détails, pas seulement dans la capacité du chef à galvaniser ses troupes contre l’adversaire.

▪ Beaucoup de "peut-être"…
Emmanuel Macron n’a peut-être pas vocation à prononcer des discours mobilisateurs avec la fougue d’un Manuel Valls à la Rochelle devant des militants médusés d’entendre à quatre jours d’intervalle "j’aime l’entreprise" puis "j’aime la gauche".

En revanche, il excelle peut-être dans l’art de prendre sans faire de tapage des mesures pertinentes — pas forcément "de gauche" — mais susceptibles de permettre au gouvernement d’atteindre les buts qu’il s’est fixés… c’est-à-dire remettre la France sur une trajectoire de croissance et réduire le chômage.

Il ne vous connaît pas… Il n'a aucun accès à vos comptes… Il n'exigera aucun frais de garde ou de courtage… Et pourtant…
Il pourrait vous rapporter jusqu'à 12 fois plus que votre conseiller bancaire !

Prêt pour une rencontre qui pourrait changer votre vie ?

Nous le jugerons sur pièces. Son passé de banquier d’affaires, d’énarque et de brillant inspecteur des finances ne suffit pas à le disqualifier à nos yeux, même si nous restons sceptiques sur les capacités de hauts fonctionnaires parfaitement formatés à faire preuve d’imagination et de sens critique face à la Pensée Unique — celle qui séduit l’immense majorité des "élites" recrutées à tour de rôle par les banques d’affaires et les cabinets ministériels.

S’agissant de ce conformisme qui règne de Bercy aux grands groupes du CAC 40, M. Macron a déclaré avec humour lors du passage de témoin avec Arnaud Montebourg (avec une spontanéité bien préparée) : "quand tout le monde me donne raison, j’ai l’impression de m’être trompé".

Peut-être vit-il avec cette conviction profondément ancrée en lui… Après tout, nous la partageons et lui restons fidèles depuis plus d’une décennie, à la Chronique Agora.

Ce qui nous choque en revanche, c’est ce mauvais procès en sorcellerie qui lui est fait pour avoir répondu à l’invitation des organisateurs du sommet Bilderberg (édition 2014 à Copenhague).

▪ Le Grand Complot ?
Soit, il lui a fallu de solides parrainages et réciproquement — la conviction de la part du comité de sélection qu’il s’agissait effectivement d’un "élément prometteur"… Cependant, nous croyons savoir que le Bilderberg n’est pas la seule entité à avoir convié M. Macron à participer à ses travaux. D’autres, tout aussi discrètes qu’influentes, ont pris ce genre d’initiatives bien avant sa nomination comme conseiller du président il y a un an (ceci expliquant certainement cela, il faut rester lucide).

Le symposium du Bilderberg — une sorte de super Davos — n’est qu’une organisation qui parmi d’autres… même si elle prétend réunir la crème de la crème des décideurs mondiaux.

Certaines de ces "autres entités" ont aujourd’hui (ou ont eu comme la Trilatérale) considérablement plus d’emprise sur la marche du monde que l’organisation présidée par David Rockefeller (comme le CFR ou le PNAC aux Etats-Unis).

En ce qui concerne le soupçon de constituer l’antichambre d’un "complot mondial"… Quand on réunit 300 participants chaque année dont bon nombre ne sont pas sur la liste l’année suivante, difficile de peaufiner les détails des manoeuvres sataniques des suppôts de la "World Company" qui gèrent le processus visant à asservir l’humanité… Par ailleurs, en plus d’un vote unanime irréalisable, il faudrait tout réexpliquer à chaque fois pour les "nouveaux" et s’assurer la discrétion absolue de ceux qui ne revienne pas en deuxième année !

▪ Il y a tout de même mieux que le Bilderberg, en matière de machiavélisme !
Donc, au Bilderberg il y a les invités (Fleur Pellerin et Emmanuel Macron pour la France en 2014), les membres permanents (comme Henry Kissinger ou Etienne Davignon) et enfin ceux qui se retrouvent promus dans les "hauts grades" (De Castries cette année… mais qui sera intronisé l’an prochain ?).

Pourquoi chercher les sources d’un complot au Bilderberg quand les banques centrales sont déjà et sans contestation possible devenues les maîtres du Monde

Et très franchement, pourquoi chercher les sources d’un complot au Bilderberg quand les banques centrales sont déjà et sans contestation possible devenues les maîtres du Monde par le biais de leur entreprise de faux monnayage — tandis que les néoconservateurs dominent la politique étrangère américaine depuis l’ère Hoover (oui, Edgar le paranoïaque) et déclenchent au choix coups d’Etat et guerres quand bon leur chante, au mépris de l’ONU et même des intérêts géostratégiques des alliés des Etats-Unis.

Qu’est-ce que le Bilderberg pourrait concocter de pire que la destruction délibérée des monnaies et le plus phénoménal transfert de richesse des classes pauvres et moyennes vers une "hyper-classe", sur fond de déstabilisation de la moitié du Proche-Orient et de l’Ukraine par les services secrets américains.

Autrement dit, en matière de complot, plus c’est gros (plus ça crève les yeux parce que ça se déroule sous nos yeux), mieux ça passe !

Quand on a la Banque du Japon et la Fed à la manoeuvre (cette dernière étant peut-être bientôt relayée par la BCE), est-il besoin de s’interroger sur le rôle ou la justification occulte de la présence d’un Emmanuel Macron au Bilderberg ?

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