La Chronique Agora

M. le Marché joue avec sa proie

** "Quel genre de formation donne-t-on aux anciens employés de la finance ? On leur apprend à dire : ‘et avec ça, une grande frite ?’"

* Et de l’Associated Press :

* "Un nombre record de propriétaires immobiliers prennent du retard sur leurs remboursements hypothécaires tandis que l’économie américaine détruit des emplois à un rythme alarmant, les grandes et les petites entreprises réduisant leur main-d’oeuvre".

* "Un demi-million d’emplois américains ont disparu ce mois-ci, avec les pires licenciements de masse depuis plus de trois décennies, alors que le pays continue sa spirale descendante vers ce qui pourrait être les jours les plus difficiles depuis la Grande Dépression".

* "L’économie est "en chute libre", a déclaré un analyste.

* Eh bien… il n’y a pas de quoi rire. Mais attendez, le pire est encore à venir.

* Oui, cher lecteur… nous pensons… nous espérons… que nous vivrons un rebond post-bulle classique. Si nous avons de la chance, il durera entre trois et six mois… et donnera à tout le monde une chance de reprendre son souffle.

* M. le Marché est comme un chat. Il joue avec sa proie avant de la manger.

* Et il est parfaitement capable de donner au monde entier l’impression que la crise du capitalisme du XXIème siècle est terminée.

** Et maintenant ? Les actions pourraient revenir au-dessus des 10 000 points sur le Dow… les prix des maisons pourraient se stabiliser… les matières premières pourraient grimper en même temps que les rendements obligataires.

* Si cela se produit… vous savez quoi faire, cher lecteur. Vendez !

* Une chose en particulier nous fait croire qu’un rally substantiel se prépare : les prédictions apocalyptiques qu’on lit dans les journaux sonnent faux. On ne peut pas éliminer une mentalité de bulle d’un seul coup. Il faut un long séjour à Guantanamo… avec plusieurs faux espoirs de libération… suivis de tortures supplémentaires.

* Pour l’instant, les gens ont perdu de l’argent… mais ce dernier les fascine toujours. Ils en parlent encore. Ils en plaisantent. C’est tout juste s’ils ne se vautrent pas dans leurs pertes.

* "J’ai perdu 40%", déclare l’un. "Et tu crois que tu souffres… les gars du fonds XYZ viennent d’être entièrement ruinés"…

* Lorsqu’on lui à demandé comment était le travail à Wall Street, notre contact de Goldman a répondu en un seul mot : "Armageddon". Un autre contact chez Citigroup a déclaré que la banque était devenue "un zombie" — morte, mais toujours vivante.

* C’est vrai dans le monde entier… et dans quasiment tous les secteurs. L’apocalypse est à la mode. Ca "fait style". Cette année, la mode se porte façon fin du monde.

* Mais qui y croit vraiment ? Qui pense réellement que la fin est proche ? N’espérons-nous pas tous qu’Obama réussira un tour de force vraiment extraordinaire ? Même si nous pensons que la bulle a éclaté… nous avons l’impression que d’une manière ou d’une autre, tout finira bien.

* Les gens sont fascinés par le krach… ils l’observent comme on regarde un film d’horreur. Ils voient la jolie blonde descendre dans la cave… et ils savent qu’eux, ils n’iront pas. Ils ne feront pas cette erreur… elle pourrait terminer découpée en petits morceaux… pas eux !

* Mais lorsque la vraie apocalypse s’installera… ils auront l’impression d’être déjà dans la cave… A ce moment-là, la dernière chose qu’ils voudront sera de parler de l’horreur qui les entoure. Ils voudront plutôt tout oublier. Ils ne voudront plus entendre parler d’actions… de prix des matières premières… ou de faillites et de renflouements. Ils en auront ras-le-bol de tout ça.

* Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir, cher lecteur. Nous aurons un rebond… puis une nouvelle chute, pire encore. Les gens n’abandonneront pas espoir soudainement ; il faudra les écraser lentement. Ensuite, au lieu de profiter du spectacle de l’humiliation des grands capitaines d’industrie et des maîtres de l’univers… la scène prendra un thème tragique… avec des gens ordinaires pendus aux crochets de boucher de la dette… mis au pilori du chômage… tabassés par les pertes sur leur maison et leur compte-épargne.

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