La Chronique Agora

La lumière au bout du tunnel pour l’or ?

▪ Mon intuition me soufflait que quelque chose se tramait ces derniers jours (de 2012) sur le marché de l’or. Notre équipe d’investissement observait l’or et les valeurs aurifères dégringoler sans aucune raison évidente. Nous n’étions pas les seuls à penser ainsi : de nombreux analystes ont été pris au dépourvu. Un commentaire de la Barclays Research indiquait que la semaine avait été exceptionnellement « brutale… avec des intervenants quelque peu déconcertés par l’absence d’impact qu’auraient pu générer certains éléments apparemment positifs du marché ».

Mon pressentiment ne s’est réalisé que quelques jours plus tard lorsque Zero Hedge a fait savoir que Morgan Stanley Wealth Management conseillait à ses clients de se débarrasser de deux fonds de John Paulson. Tandis que les clients de MS vendaient leurs titres, ce hedge fund géant est devenu un vendeur forcé d’or et de titres aurifères.

Ce qui complique le marché de l’or est le fait que Paulson est si fanatique du métal jaune qu’il offre un « gold share class » aux investisseurs, ce qui signifie que les titres sont libellés sur de l’or physique. L’inconvénient est que lorsque qu’un investisseur se débarrasse de ses titres, l’entreprise doit convertir l’or en dollars, ce qui l’oblige à vendre sa position de couverture sur le SPDR Gold Shares ETF (GLD). La fâcheuse conséquence de tout cela est une baisse à court terme du prix de l’or, du fait de l’ajustement du marché.

Le graphique ci-dessous montre comment, jusqu’au 12 décembre, l’or, l’indice S&P 500 et le bon du Trésor US à 10 ans progressaient au même rythme jusqu’à ce que le métal chute de façon spectaculaire. C’était peut-être le jour où « Paulson a reçu le fax de dégagement », avance Zero Hedge.

Paulson n’est qu’un exemple parmi d’autres nombreux gestionnaires de hedge funds qui ont dû subir des liquidations cette année. A notre grande déception, l’or et l’industrie minière aurifère se sont trouvés du mauvais côté de ces transactions.

Le métal a également pris un coup ces derniers temps lorsqu’un grand investisseur ou un groupe d’investisseurs a fait un pari négatif sur les futures sur l’or, avec une position vendeuse spéculative de janvier à février qui a pratiquement doublé de taille. Le Crédit Suisse suggère que cela pourrait être dû à l’action d’un hedge fund.

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La perte de Paulson peut vous faire gagner. Chez U.S. Global Investors, nous étudions des modèles de probabilités et des modèles statistiques pour nous aider à améliorer nos chances sur le marché. C’est comme compter les cartes à Las Vegas — rien ne garantit qu’on touchera le jackpot mais généralement on améliore ses chances si on comprend les mathématiques des probabilités et si l’on place ses paris en fonction.

▪ Un indicateur qui en dit long… et la fin d’une année électorale
L’un de nos indicateurs préférés est l’oscillateur, qui montre la probabilité que l’or revienne à sa moyenne après une hausse ou une baisse spectaculaire. Nous pensons que cela aide les investisseurs à mettre la correction actuelle dans le contexte avec les mouvements historiques et détermine des opportunités d’achats et de ventes potentielles.

Si l’on se base sur les données de ces 10 dernières années, l’or semble approcher d’une situation de survente après sa dernière correction. En termes d’écart type, la variation en pourcentage sur une année glissante indique que l’or a reculé à hauteur de 1,2 écart type. Un tel événement n’a lieu qu’environ 10% du temps, avec de grandes probabilités de favoriser un retour à la moyenne.

La vie, c’est gérer les prévisions. Avec l’or et les valeurs aurifères, il y aura des anomalies à court terme, comme par exemple les liquidations de hedge funds. Une autre différence historique pour les valeurs aurifères est liée au cycle de l’année des élections présidentielles américaines.

Les producteurs aurifères ont tendance à enregistrer de faibles performances pendant l’année de l’élection présidentielle américaine. Quel que soit le parti qui occupe la Maison Blanche et quel que soit le parti qui souhaite la reconquérir, si l’on remonte à 1984, le Philadelphia Gold and Silver Index (XAU) baisse en moyenne de 18,4% au cours de l’année pendant laquelle les Américains doivent se décider à élire un nouveau président.

Ce n’est pas la fin du monde pour l’or et les valeurs aurifères. Regardez ce qui arrive l’année qui suit une élection présidentielle américaine. Si l’on remonte jusqu’en 1985, le XAU a fortement augmenté lors des années suivant les élections, avec une augmentation de 23,4% en moyenne.

Les gouvernements manquant de courage pour établir une discipline budgétaire, je m’attends à ce que les taux d’intérêt restent dans le négatif pour longtemps encore. Les banquiers centraux continueront à faire marcher la planche à billets vu qu’on ne s’attend pas à un changement de politique. Selon moi, cela maintiendra tout au long de 2013 les achats d’or motivés par l’inquiétude.

 

Frank Holmes est directeur général et directeur de l’investissement de U.S. Global Investors Inc. Cette société de conseil en investissement gère environ 2,08 milliards de dollars répartis en 13 fonds d’investissement et autres clients. Né à Toronto, il est entré au capital de U.S. Global Investors en 1989 après une carrière couronnée de succès sur les marchés canadiens. Grâce à ses connaissances approfondies, il est expert dans les secteurs des matières premières et de la gestion de portefeuille. Le fonds Global Resources a également été nommé meilleur performer par Morningstar parmi tous les fonds d’actions américaines durant la période de cinq ans se terminant le 31 décembre 2006.

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