▪ "Lorsqu’on visite l’Inde… et je suppose que c’est la même chose en Chine ou au Brésil… il y a une chose dont on ne se rend pas compte tout de suite… ce n’est pas tant une pensée qu’un sentiment"…
Nous expliquions à des collègues pourquoi c’est la fin du monde tel que nous le connaissons.
Mais nous allons y revenir…
Les marchés grimpent. Si ça continue, nous devrons corriger notre point de vue.
Selon nous… nous sommes encore dans le rebond prolongé qui suit la grande chute boursière de 2008-2009. Les actions doivent encore réaliser que l’économie subit une dépression. Oui, nous savons que ça ne ressemble guère à une dépression. Nous avons même arrêté d’employer ce terme.
A présent, nous l’appelons la "Grande Correction"… au cours de laquelle un certain nombre de choses devraient être résolues — notamment le boom boursier de 1982-2007… le système monétaire basé sur le dollar post-1971… et la gigantesque expansion du crédit qui remonte jusqu’à 1946.
Mais ce n’est pas tout. Il se pourrait que cette période corrige aussi toute l’extraordinaire poussée anglo-saxonne qui a commencé au XVIIe siècle. Les anglophones ont la belle vie depuis que Sir Francis Drake a battu les armadas d’Espagne et de France en 1588. Peu de temps après, l’Angleterre a commencé à mettre son empire en place… puis la révolution industrielle a transformé la Grande-Bretagne et les Etats-Unis en locomotives économiques.
En plus de réduire les prix des actifs et de désendetter l’économie, la Grande Correction pourrait être en train de réduire le pouvoir relatif et l’influence des gens parlant anglais. Nous n’en savons rien… mais c’est ainsi que nous percevons la situation.
▪ Maintenant, revenons-en à notre conversation…
"Bien entendu, c’est le capharnaüm à Bombay… la circulation est ingérable… la chaleur est insupportable… on trouve des gens qui ont l’air de ne pas avoir mangé pendant un mois"…
Mais il est impossible de ne pas remarquer que l’Inde avance. C’est chaotique ; c’est inconfortable ; c’est imprévisible… mais on avance. Les gens sont jeunes. Les immeubles sont neufs. Il y a de nouvelles voitures sur les routes… et de nouvelles boutiques qui s’ouvrent.
Nous avons vu quelques Nano, le nouveau modèle de Tata Motors — de mignonnes petites automobiles qui se vendent seulement 2 500 $. Il y avait aussi des dizaines de variétés de voitures telles qu’on n’en voit jamais sur les routes américaines ou européennes.
On ne peut pas s’en empêcher… on commence à se projeter dans l’avenir… et à imaginer ce que ce sera lorsqu’ils finiront tel pont ou telle route… ou lorsqu’ils démoliront tel bidonville… ou trouveront de nouvelles manières de faire les choses… de s’entendre les uns avec les autres… et de nouveaux moyens de gérer le pays.
Ensuite, quand on revient en France ou aux Etats-Unis, on est soudain de retour dans le passé. C’est un soulagement, parce que tout semble familier et ordonné. Comme dans un musée. Mais c’est aussi une déception… parce qu’on revient aux même vieux problèmes… aux mêmes personnes… et aux mêmes vieilles institutions. Alors que les économies émergentes regardent vers le futur, les économies développées regardent vers le passé.