▪ La demande a été si forte pour les 900 millions de dollars d’obligations émis il y a deux semaines par l’Etat d’Illinois que les rendements sont tombés à 15 points de base en dessous de ce qu’on attendait.
Oui, nous savons. L’Illinois doit encore cinq milliards de dollars ; son système de retraite est le pire de tous les Etats de l’union américaine. C’est également l’Etat que Moody’s a déclassé le mois dernier.
C’est aussi l’Etat que le marché des CDS classe à trois contre un dans la catégorie des Etats qui vont se retrouver en défaut de paiement.
Pourtant, 29% des offres d’achat venaient de l’étranger — où le rendement de 6,95% n’est même pas exempt de taxes — ce qui prouve bien que les marchés mondiaux sont prêts à acheter tout ce qui pourrait donner un rendement décent.
▪ C’est vrai, la constitution de l’Illinois déclare que les bons obligataires sont les premières factures payées chaque mois — avant l’éducation, la justice, les retraites et le reste. Mais "pendant ce temps", déclare le P.D-G d’Allstate, Thomas Wilson, "la valeur de ces titres va baisser quand les gens vont réajuster le risque. Nous nous inquiétons plus pour la valeur du marché que de ne pas récupérer notre argent".
Allstate (basé dans l’Illinois, peut-être sans ironie, d’ailleurs) a réduit ses détentions de "muni bonds" de 13% au cours des trois derniers trimestres. Un géant de l’assurance qui détient 20 milliards de dollars de "muni bonds" subit les mêmes risques, façon subprime, que ceux que nous avons listé dans la lettre d’information Apogee Advisory :
– acceptation par les investisseurs
– produits dérivés compliqués ;
– banques encouragées à multiplier les transactions ;
– prévisions idiotes de bénéfices sans fin sur les investissements ;
– quantité d’emprunteurs sous-qualifiés ;
– montants ahurissants d’effet de levier et de dettes ;
– pression politique et sociale de croître à tout prix.
Le marché des muni bonds, de plusieurs milliers de milliards de dollars, demeure peu régulé, et malgré des incidents de haute volée dans le marché des subprime, les obligations municipales subissent encore des taux de crédit surévalués de la part des meilleures entreprises de Wall Street.