La Chronique Agora

L'extraordinaire flambée du fret (2)

Par Sylvain Mathon (*)

Qu’est-ce qui fait varier les cours du fret ?
Nous allons parler ici du transport de "matières sèches" et non d’hydrocarbures. Le prix du carburant n’est pas le plus important : il entre, au même titre que le risque de change ou d’encombrement, dans le jeu des surtaxes que les transporteurs appliquent de façon systématique.

Dans un contexte où il n’y a pas assez de vraquiers pour tout le monde (les chantiers navals chinois et coréens mettent les bouchées doubles, mais ça ne suffit pas), la demande de fret et la chaîne d’approvisionnement restent les clés de tout.

La demande ! Uniquement la demande !
Pour la demande, c’est très simple : la Chine et l’Inde. La Chine fait la pluie et le beau temps dans le secteur de l’acier de base : il suffit de voir sa partie de "poker menteur" avec les leaders du minerai de fer…

En attendant, les fonderies chinoises tournent toujours à plein régime, malgré les inquiétudes du gouvernement qui multiplie les mesures dissuasives (ils craignent les surcapacités).

Les exportations d’acier de l’Empire du Milieu ont augmenté de 80%
En vain jusqu’ici : selon les dernières statistiques des douanes chinoises, les exportations d’acier de l’Empire du Milieu ont augmenté de 80% durant les huit premiers mois de cette année, à 45 millions de tonnes ! Quant aux exportations de ciment chinois, elles sont passées de 6 à 40 millions de tonnes entre 2004 et 2006.

L’acier représente à lui seul pas moins de 60% des transports maritimes mondiaux
L’acier est un facteur décisif dans le coût du fret : le secteur représente à lui seul pas moins de 60% des transports maritimes mondiaux.

Ajoutez-y d’éventuelles difficultés logistiques — les engorgements comme celui du port de Casa, les contrôles de sécurité renforcés dans les ports américains — et vous tenez les principaux leviers du marché.

Le renouvellement de la flotte est menacé
… Ah, un dernier paramètre : un cargo, c’est très rentable, mais ça coûte cher — de 20 à 180 millions de dollars à l’achat en moyenne. Or ces investissements sont financés à 75% par des prêts bancaires.

Un assèchement prolongé du crédit pourrait bien, à terme, handicaper le lancement de nouveaux navires — à un moment où l’offre disponible est déjà sous pression : la quasi-totalité des quelques 6 600 cargos disponibles à l’affrètement navigue déjà non-stop…

Meilleures salutations,

Sylvain Mathon
Pour la Chronique Agora

(*) Globe-trotter invétéré et analyste averti, Sylvain Mathon, est un peu "notre" Jim Rogers… Après avoir travaillé durant dix ans au service de grandes salles de marché, il met depuis février toute son expertise en matière de finances et de matières premières au services des investisseurs individuels dans le cadre de Matières à Profits — une lettre consacrée exclusivement aux ressources naturelles… et à tous les moyens d’en profiter.
Pour en savoir plus, continuez votre lecture…

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