La Chronique Agora

L'exemple Porsche : la vente à découvert n'est pas à mettre entre toutes les mains…

Par Frédéric Laurent (*)

La spéculation est cruelle…
Tout le monde ne vit pas de la même manière cette période de crise. Porsche, le célèbre constructeur de véhicules de sport qui se targue d’être le constructeur le plus rentable au monde, vient de franchir le cap des 50% de détention du capital de Volkswagen.

Volkswagen baignait dans une folle spéculation boursière depuis le début de l’année 2008, et avait vu son cours culminer à plus de 1 000 euros.

Le titre a progressé de 900% avec des variations quotidiennes de 100%… 50%… 33%. Pourtant, vous le savez, le secteur automobile souffre terriblement. Comment expliquer ces performances ? Cette histoire n’était qu’affaire de spéculation.

Porsche détenait 32% du capital et envisageait d’augmenter sa part. Les acheteurs se sont positionnés, anticipant une forte montée du titre. Puis, beaucoup d’analystes estimant la valeur réelle du constructeur à 70 euros (le titre affichant alors 210 euros), les fonds, banques et autres gros institutionnels ont décidé de se placer à la vente : ils ont vendu le titre à découvert.

A ce moment-là, Porsche annonçait son souhait de monter à 74% du capital. Le titre allait grimper, or il n’y avait plus de flottant ! Panique : les vendeurs à découvert devaient absolument se racheter, à n’importe quel prix pour éviter des pertes encore plus importantes. Ce fut la course au rachat, l’engrenage infernal qui a fait monter le titre dans des proportions rarement vues.

En une journée, le titre a progressé de 146%, suivi le lendemain d’une nouvelle hausse de 82%. Le titre a culminé à 1 005 euros, soit une progression annuelle de 900%. Sa capitalisation boursière la plaçait à ce moment précis comme la deuxième capitalisation mondiale avec 295 milliards de dollars, juste derrière Exxon ! Ce fut du JAMAIS VU en Bourse.

Les dégâts furent énormes pour tous les spéculateurs qui s’étaient positionnés à la vente.

… surtout pour ceux qui perdent
Je vous rappelle, cher lecteur, qu’aussi tentante et parfois efficace soit-elle, la vente à découvert n’est pas un acte anodin en matière de spéculation. Alors qu’en achetant un titre, le risque maximum est votre mise de départ… le risque devient en théorie illimité dans une vente à découvert.

Les "vadeurs" (ceux qui ont vendu à découvert) de Volkswagen qui avaient vendu 250 euros le titre le matin… ont dû débourser 1 000 euros, soit quatre fois plus, pour déboucler leur position le soir, la sueur au front et les mains moites, acculés par les appels de marge, mais finalement bien contents d’avoir pu se racheter — car la hausse aurait pu continuer. Aujourd’hui le cours de Volkswagen est revenu à des niveaux plus normaux, autour de 250 euros.

Cela nous amène à la principale victime de cette course folle : Adolf Merckle, cinquième fortune allemande, qui avait tenté ce pari risqué de vendre à découvert Volkswagen. Il y a perdu 400 millions d’euros. On pourrait imaginer qu’il s’en soit remis. Sauf que… toutes les liquidités de sa holding y sont passées. Et le reste de sa fortune s’était constitué à coup d’endettement et d’effet de levier. Menacé d’asphyxie financière, les banques n’ont pas voulu lui prêter davantage, ni reporter les échéances qui tombaient.

Ne pouvant supporter cet échec personnel et les conséquences que cela aurait eu sur son empire financier et sur ses 100 000 employés, totalement brisé, il a préféré se donner la mort mardi dernier près de chez lui en Allemagne.

Moralité : investissons à notre rythme
Ce triste exemple doit nous servir de leçon. Nous devons garder à l’esprit que l’investissement comporte toujours des risques. C’est pour cela que je m’oblige à prendre en compte systématiquement le ratio risque/rendement avant de faire une recommandation. Je mets tout en oeuvre pour vous permettre de réaliser une performance de 8% à 10% cette année sans mettre en péril votre capital, sans effet de levier.

Donc restez serein, gardez les pieds sur terre et dites-vous bien que la performance est très souvent proportionnelle au risque pris. Nous investissons avec intelligence, prudemment, et attendons les fruits de la réussite. Et pour nous suivre sur cette voie, il suffit de continuer votre lecture

Meilleures salutations,

Frédéric Laurent
Pour la Chronique Agora

(*) Diplômé d’un DESS de Gestion Internationale de Fortune, Frédéric Laurent exerce ses activités de conseil et de gestion depuis une vingtaine d’années. Il a choisi de se mettre efficacement au service de l’investisseur particulier – bien souvent mal conseillé par les institutionnels. C’est dans ce but qu’il a rejoint les Publications Agora en intervenant régulièrement dans la rubrique Patrimoine de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine.

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