La Chronique Agora

Les terres rares n'ont pas dit leur dernier mot

Selon Bloomberg la semaine dernière, « les prix des terres rares vont accentuer leur baisse depuis les plus hauts atteints cette année ». C’est une déclaration officielle : le boom que nous avons dernièrement suivi avec enthousiasme… a fait un flop.

Mais nous tenons à vous informer que l’histoire ne s’arrête pas là. Il est tentant de tirer une conclusion semblable à celle de Bloomberg lorsqu’on examine la récente performance du REMX, l’ETF des terres rares :

En effet, selon une analyse de Hallgarten & Co. à New York, le prix des terres rares les plus abondantes, le cérium et le lanthane, pourrait plonger d’encore 50% au cours de l’année prochaine.

La réalité est un peu plus complexe.

▪ Pour dire les choses simplement, l’investisseur dans les terres rares a mangé son pain blanc. Certes, la Chine contrôle 97% de la production mondiale. Certes, elle a mis un frein à ses exportations. Mais elle ne peut empêcher les utilisateurs de terres rares de rechercher des alternatives.

« Si vous croyez que vous pouvez continuer à faire monter les prix de ces matières tout en gardant vos clients, vous êtes complètement à côté de la plaque », affirme Jack Lifton, l’un des plus éminents experts en terres rares. « Le principal client des terres rares métalliques est une industrie automobile mondiale utilisant les aimants permanents à base de terres rares. Cette industrie trouvera un moyen de s’en passer ».

La récente mauvaise passe traversée par les actions liées aux terres rares a été également alimentée par un rapport de JP Morgan sur le chouchou de l’industrie, Molycorp. A la lumière des événements actuels, cela vaut la peine de s’y pencher un peu plus longuement.

« Qu’a dit le rapport de JP Morgan ? » demande notre chroniqueur Byron King, qui suit la saga des terres rares depuis début 2008. « En vérité, moins qu’on pourrait le croire ».

« Le rapport soulignait que les prix des terres rares ont chuté depuis juillet, ce qui n’est pas une grande nouvelle si tant est qu’on se tient au courant de ces choses. Le rapport avançait également l’hypothèse que la demande non chinoise chuterait sur le court terme, ce qui n’est pas non plus un secret d’Etat digne de WikiLeaks ».

« La grosse révélation était que JP Morgan réduisait son objectif de prix pour les valeurs Molycorp, passant de la précédente estimation à 105 $ par action à 66 $. Toutefois, du moins à mon avis, cela n’était pas nouveau, parce que je ne me suis jamais vraiment attendu à ce que les titres Molycorp dépassent les 60 $ ».

« Les investisseurs qui ont du bon sens n’existent plus », écrivait Byron il y a quelques jours, « ceux qui écoutaient des histoires comme celle d’une jeune entreprise canadienne nommée XYZ, avec quatre salariés à Vancouver, et qui possédait un gisement au fin fond du monde ».

« Même si l’entreprise de Vancouver a huit salariés, et que l’un d’entre eux a été diplômé en chimie il y a 25 ans avant de devenir agent de change, les histoires minéralogiques et géologiques sont certes intéressantes mais ne mèneront nulle part. Plus maintenant. Cela n’impressionne personne ».

« Aujourd’hui, les investisseurs veulent entendre parler de métallurgie, à un niveau d’expertise technique, et ne veulent plus de d’effets d’annonce. Ils veulent des études de faisabilité et des diagrammes d’ingénierie de la part de laboratoires sérieux ».

« C’est-à-dire que les gens veulent savoir qu’il y a de la chimie réelle et de l’ingénierie réelle en cours. ‘Montrez-moi les tubes à essai !' »

Nous pourrions même ajouter : « montrez-moi l’application qui en sera faite ! »

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