La Chronique Agora

Les stimulants monétaires aggravent la crise… et le chômage

** La dépression s’aggrave.

* "Ce ne sont pas des licenciements… ce sont des pertes d’emploi permanentes", déclarait Barry Rithotlz hier matin. "Ces gens ne retourneront pas au travail de sitôt".

* Telle est la différence entre une récession et une dépression. Lors d’une récession, les gens perdent leur emploi… puis en retrouvent un lorsque les choses reviennent à la normale. Mais dans une dépression, la perte d’emploi est permanente. Ils épuisent leurs allocations chômage et se désespèrent. Ils doivent trouver un nouvel emploi dans de nouveaux secteurs. Parce que les choses ne peuvent retourner à la normale : "la normale" est épuisée.

* "Durant la période 2001-2007", nous rappelait notre vieil ami Marc Faber cette semaine, "la Fed a réussi une chose qui n’avait encore jamais été faite — créer une bulle mondiale pour à peu près tout. Les actions, les obligations, l’art, le pétrole, l’immobilier — peu importe, tout a grimpé. La seule chose qui faisait exception était le dollar".

* Comment la Fed est-elle parvenue à une réussite si remarquable ?

* Grâce aux stimulants !

* Après un demi-siècle de stimulants monétaires — le crédit, l’inflation et la masse monétaire augmentant de plus en plus rapidement — la Fed a mis le pied au plancher suite à la nano-récession de 2001. Elle a mis ses taux d’intérêt à 1% seulement — bien au-dessous du taux d’inflation des prix à la consommation — et les y a maintenus jusqu’à ce qu’une expansion se produise pendant trois ans.

* Des stimulants, ça stimule. En 2007, l’économie prenait les virages bien trop vite. Comme nous le supposions, les stimulants ne stimulaient pas moitié aussi bien que l’espéraient les empêcheurs de tourner en rond. Au lieu d’augmenter la production réelle aux Etats-Unis, ils poussèrent les Américains à dépenser et spéculer… et les entrepreneurs chinois à construire de nouvelles usines afin de leur donner quelque chose à acheter. Aux Etats-Unis, la dette a augmenté cinq fois plus rapidement que le PIB ; pour chaque dollar de revenu supplémentaire, les Américains ont ajouté 5,50 $ à leur dette. En Chine, la capacité industrielle se développa plus vite que jamais. Des villes industrielles entières, de la taille de New York et de Chicago, se créaient de toutes pièces — en quelques mois seulement.

* A présent, le monde a trop d’usines… et trop de consommateurs n’ayant pas d’argent pour consommer.

** Vous nous avez entendu raconter cette histoire de nombreuses fois. Vous aimeriez probablement que nous passions à l’étape suivante… et que nous contions ce qui se passe ensuite. Au lieu de ça, nous continuons à regarder en arrière.

* "Par le passé, les bulles étaient localisées", expliquait Marc. "Une bulle dans un secteur attirait l’investissement d’un autre secteur. Sur un marché, les prix grimpaient en flèche. Sur un autre, ils s’effondraient. Dans l’ensemble, les choses ne changeaient guère".

* Mais une bulle mondiale sur tout, voilà quelque chose de nouveau. Et ça a causé une autre nouveauté — un krach mondial. Nous en évitons les obus et enjambons les décombres depuis deux ans maintenant.

* L’une des conséquences les plus importantes et les plus évidentes en est le chômage. Même Ben Bernanke pense que les licenciements seront un problème pendant des années. Que faire ? Plus de stimulants !

* "La [Fed] est d’avis qu’une politique monétaire très accommodante sera appropriée durant une période prolongée", a-t-il dit mardi.

* Ces nouveaux stimulants réussiront-ils ? La dépression prendra-t-elle fin bientôt ?

* "Non", est la bonne réponse. La dépression doit suivre son cours. Elle doit éliminer les excès de capacité et réduire les excès de dette. Tant que ce ne sera pas fait, la situation de l’emploi empirera, au lieu de s’améliorer.

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