▪ Partout où l’on regarde, c’est le même message.
"Les créances douteuses des banques espagnoles au plus haut depuis 15 ans", titrait hier Le Monde.
Pendant ce temps, la Cour des Comptes livre un verdict sans appel sur les finances de l’Etat français :
"La croissance des dépenses est encore trop forte pour espérer assainir les comptes publics, estime la Cour des comptes dans son rapport annuel", pouvait-on lire dans Les Echos. "Elle préconise de geler le salaire des fonctionnaires jusqu’à 2013 et de limiter le principal avantage fiscal des entreprises".
Et sur quoi Simone Wapler, rédactrice en chef de MoneyWeek, a-t-elle mis le doigt dans un article paru dans La Quotidienne de MoneyWeek ?
"Grâce à un énorme tour de passe-passe statistique, le taux de chômage américain annoncé au mois de janvier a miraculeusement reculé de 9,4% à 9%", explique Simone. "Si l’on en croit Bloomberg, la Fed ne relèverait ses taux que lorsque les trois quarts du chemin de 9% à 5% seront faits, soit 6%".
"Ce n’est pas demain la veille, dormez en paix braves gens. Car il faudrait inventer d’énormes couleuvres statistiques pour y arriver. Le taux de chômage est un ratio hautement sensible et donc sujet à de multiples ajustements. Il vaut mieux, pour avoir une idée plus claire de la situation, vous intéresser au pourcentage des gens employés par rapport à la population active potentielle et au nombre d’emplois créés".
Une note d’Albert Edwards, un des plus brillants économistes de la Société Générale, "montre que le ‘taux de participation’ a culminé à 67% en 1998 et 2000. Plus des deux tiers de la population en âge de travailler travaillait effectivement. Depuis, ce taux de participation n’a pas arrêté de s’éroder et il est actuellement un tout petit peu supérieur à 64%".
"Toujours selon la même note, si le taux de participation était resté à son point culminant de 67%, le taux de chômage serait de 13%. En d’autres termes, le nombre de chômeurs dépasserait 20,5 millions. Les calculs d’Edwards recoupent également ceux d’un expert en décryptage des statistiques économiques américaines, John Williams de ShadowStats".
"Enfin, le nombre d’emplois créés reste dramatiquement bas et il n’a pas échappé — même à l’establishment financier — que, malgré un chômage en baisse, 36 000 emplois seulement ont été créés. Pour baisser le taux de chômage, il faudrait que l’économie américaine crée environ 300 000 emplois par mois jusqu’en 2016".
Oui, cher lecteur, il faut regarder les choses en face. Les autorités se félicitent de la reprise, les médias envisagent une année 2011 de retour à la croissance, les marchés n’en finissent plus de s’enivrer avec l’argent gratuit distribué par la Fed, la BCE et autres institutions financières… Mais toutes ces manifestations d’enthousiasme ne font pas disparaître la réalité : nous vivons une Grande correction.
Pour l’investisseur non préparé, elle pourrait être dévastatrice. Pour les autres… comme nous le disons souvent, c’est dans les grandes crises que se trouvent les plus grandes opportunités.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora