La Chronique Agora

Les riches ont des problèmes

▪ Nous nous attendons à une phase de vente… soit à la fin du QE2… soit en anticipation. Quand arrivera-t-elle ? Nous n’en savons rien, mais elle ne nous fera pas attendre éternellement.

En attendant, nous voyons de plus en plus de tirades anti-riches dans la presse. La plupart des gens détestent les riches. Pourquoi pas, après tout ?

Les riches sont doués pour s’accaparer toutes les bonnes choses de la vie. C’est pour ça qu’ils sont riches, finalement.

A eux les belles maisons. Les belles voitures. Les belles filles.

Vous les voyez profiter de la vie en classe affaires, tandis que vous vous faites des courbatures en économie. Vous les voyez ranger leurs Mercedes et leurs Audi dans leurs grands garages, tandis que vous devez vous contenter d’un humble monospace. Leurs épouses ont toujours l’air de sortir d’un institut de beauté…

Leurs actions grimpent… tandis que vous avez toutes les peines du monde à trouver un travail !

Les riches apprennent à manipuler le système à leur avantage. C’est comme ça que marchent toujours les choses. L’argent aime le pouvoir. Le pouvoir aime l’argent. En général, ils trouvent le moyen de fonctionner ensemble.

Les riches gémissent sur la quantité d’impôts qu’ils paient. Ils se lamentent sur les propositions de « ponctionner les riches ». Ils râlent au sujet des « distributions » aux zombies. Mais ils ont probablement plus de contrôle qu’il apparaît.

Prenez Mark Zuckerberg, par exemple, P-DG du site Facebook. Voilà quelqu’un qui dit qu’il serait « OK » si on augmentait ses impôts sur le revenu. Sous cet aspect, il rejoint le choeur constitué de Warren Buffett, Ted Turner et autres bonnes âmes.

Eh bien, devinez quoi. Vous savez pourquoi une augmentation du taux d’imposition sur les revenus ne les dérange pas ? C’est parce qu’ils sont si riches que l’utilité marginale de l’argent frôle le zéro pour eux. Ils ne remarqueront même pas cette hausse. L’argent compte à peine quand on en a autant qu’eux. C’est comme une boule de neige en plus pour un Esquimau. Ça ne fait aucune différence.

De toute façon, ils ne paient pas grand-chose en impôts sur le revenu. Leur richesse est généralement en actions. Et la majeure partie de leur argent provient de plus-values boursières, qui ne sont pas taxées comme des revenus normaux.

▪ Nous avons vu passer un article de Vanity Fair, il y a quelques semaines. Il expliquait que 1% des ménages américains gagnaient désormais près d’un quart de tous les revenus… et contrôlait 40% de la richesse du pays. Les gens les plus riches ont vu leurs revenus augmenter de 18% au cours de la dernière décennie. Aux niveaux intermédiaires et bas, en revanche, les revenus ont en fait baissé. Un grand nombre des meilleurs emplois sont passés à l’étranger… tandis que le coût de la vie continue de grimper.

Les riches deviennent plus riches que jamais. Les classes moyennes ont du mal à joindre les deux bouts. Prenez le carburant à 4 $ le gallon. Pour un riche de New York ou San Francisco, ça n’a guère d’importance. Mais c’est quasiment vital pour un fermier d’Alabama ou de Géorgie.

Si vous êtes riche, faites attention. Parce que tôt ou tard, les foules vont piger ce qui leur est arrivé. Elles vont alors se soulever et vous courir après. Ce ne sera pas joli.

Les gens vont finir par comprendre comment les choses fonctionnent. Ils verront comment les « riches » — ou au moins quelques-uns d’entre eux — ont comploté avec le gouvernement pour dépouiller les classes moyennes et inférieures. Pas exactement intentionnellement. Cela impliquait plus de stupidité que de ruse. Mais voilà ce qui s’est passé.

Les autorités ont créé le système monétaire basé sur le dollar en 1971. Les gains en termes de salaire ont pris fin trois ans plus tard.

La Fed a maintenu les taux d’intérêt artificiellement bas… et sapé le pouvoir d’achat du dollar. Il était plus raisonnable de dépenser que d’épargner.

Cela a érodé les avantages de la construction de capital — que ce soit sous la forme de machines ou de formation des travailleurs. L’argent facile a dévalorisé le labeur, la patience et l’épargne nécessaires pour créer une industrie à haute valeur ajoutée. Les Américains sont devenus de bons consommateurs, non de bons producteurs. Dans la mesure où ils ne produisaient pas des produits de haute qualité, ils ne pouvaient exiger des salaires élevés. De plus en plus, la main-d’oeuvre est passée à des emplois de service à salaire bas demandant peu de formation et peu d’investissement… tandis que les travailleurs faisaient leurs courses dans des magasins discount.

Pendant ce temps, les impôts sur les plus-values ont été réduits, et les profits des entreprises ont augmenté à mesure que les emplois étaient délocalisés vers des économies où les salaires étaient moins chers.

Les classes moyennes et inférieurs ont été prises au piège par la dette, en particulier des prêts hypothécaires subventionnés par le gouvernement fédéral. Les autorités ont ensuite transformé l’industrie financière en gigantesque hedge fund.

Le génie d’un hedge fund est dû aux mathématiques. Si j’investis votre argent et que je prends 20% des gains, ça ressemble à un accord honnête. Je ne gagne d’argent que si vous en gagnez. Et vous gardez la part du lion. Mais au cours du temps, je finirai par avoir tout votre argent. Parce que vous encaisserez toutes les pertes tandis que je grignote vos gains, année après année.

Les crédits du secteur financier ont mal tourné ; les autorités sont alors intervenues pour les renflouer. A présent, Wall Street profite de l’existence typique d’un hedge fund : « face, je gagne, pile, tu perds ». Le dollar — tout comme le yen — est devenu la devise finançant la spéculation partout dans le monde. Si les spéculations se passent bien, le secteur engrange de gigantesques honoraires. Si elles tournent mal, les autorités prêtent encore plus d’argent aux spéculateurs en détresse — à taux zéro.

Evidemment, nous prenons toujours le parti du plus faible. En plus, nous avons été riche et nous avons été pauvre. Etre riche n’est pas forcément plus amusant, mais au moins, quand vous êtes faible en plus d’être riche, vous n’avez pas de problèmes d’argent.

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