La Chronique Agora

Les OPRA se multiplient !

▪ C’est incontestablement le phénomène de ce début d’année : la multiplication des OPRA (offres publiques de rachat d’actions) et autres dividendes exceptionnels animent l’actualité des boîtes.

En fait ces opérations permettent de rendre de l’argent aux actionnaires. J’ai commencé à en parler à mes lecteurs de Small Caps Confidentiel la semaine dernière, et ils ont pu voir comment les cours ont explosé suite à ces annonces.

Ce phénomène touche aussi bien les grosses capitalisations que les petites. L’an dernier, Bouygues avait décidé de racheter 11,7% de son capital avec une forte prime. La semaine dernière, Havas en a fait de même en proposant de racheter 12% de son capital avec une prime également substantielle… La semaine dernière, Itesoft a décidé de verser un coupon global de 0,88 euro par action, ce qui représentait un rendement de l’ordre de 37% par rapport au cours coté du moment. Oui, un dividende de 37%, vous avez bien lu ! Xiring, une autre petite boîte, avait fait de même en 2010 et 2011, versant un dividende exceptionnel à ses actionnaires d’environ 25% avant d’être rachetée par Ingenico.

Toujours côté petites valeurs, on a appris vendredi soir après la clôture que Linedata Services, un éditeur dans l’édition et l’intégration de progiciels destinés au secteur de la finance, allait racheter 25,7% du capital à 16 euros, soit une prime de 33% par rapport au dernier cours coté. La direction de Linedata, qui n’apportera pas ses titres à l’opération, précise que cette offre permet d’extérioriser la juste valeur de la société dans un contexte de décote du titre.

On est comme dans le monde des junk bonds — ces obligations à très haut rendement car très risquées (« obligations pourries », littéralement) qui ont fait la fortune de certains investisseurs américains au milieu des années 1980.

▪ Pourquoi un tel besoin de récompenser l’actionnaire en ce moment ?
Je vois trois raisons à ce genre d’opérations qui devraient perdurer tout au long de l’année.

Primo, de nombreuses entreprises ne sont pas satisfaites de leur cours de Bourse en dépit de leurs efforts pour communiquer. Une société comme Linedata n’est pas avare de publications, organise régulièrement des déjeuners avec la presse mais reste sous-cotée par rapport à ses concurrents avec un PER inférieur à neuf.

Même cas, par exemple, pour Havas qui soulignait sa décote par rapport à des comparables — comme notamment Publicis.

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Il est souvent frustrant d’afficher de bons résultats, de faire des efforts pour bien les communiquer au marché, de vous donner une bonne visibilité sans que le marché les reconnaisse. Votre titre stagne en Bourse. Alors racheter des actions pour les annuler avec un prix nettement supérieur à celui du marché est un signal fort, qui montre que la valorisation boursière est un vrai problème pour les dirigeants d’une société qui ont pris cette décision.

De plus, bien souvent les actionnaires principaux (comme c’est le cas chez Linedata) n’apportent pas leurs titres et, mécaniquement, remontent au capital. Il y a un effet relutif évident qui leur permet de disposer de plus de titres de façon mécanique… C’est du win-win, comme disent les Américains.

Secundo, de nombreuses entreprises sont gorgées de cash et ne savent pas comment l’utiliser. A l’heure où le climat économique est incertain, il est parfois de bon ton de faire une pause dans sa politique de croissance externe et d’utiliser différemment son cash.

C’est par exemple le cas d’Itesoft qui, avant l’opération de dividende exceptionnel, possédait une trésorerie nette de 9,2 millions d’euros soit plus de 60% de sa capitalisation boursière. Car le souci, c’est que si vous n’utilisez pas votre cash, vous pouvez être soumis à la grogne des actionnaires qui ne comprennent pas comment vous utilisez votre argent et surtout pourquoi vous êtes assis sur une montagne de cash… Cela peut être contre-productif à la longue pour l’entreprise.

Enfin, racheter des actions peut vous protéger contre une prise de contrôle rampante. Comme je l’ai dit plus haut, les actionnaires principaux voient en général leur participation remonter au capital, ce qui rend une offre hostile beaucoup plus compliquée. Ce n’est pas cette raison qui a motivé les opérations de Bouygues, Havas, Linedata Services ou encore Itesoft… Mais toutes les entreprises ne sont pas dans ce cas.

Première publication dans Small Caps Confidentiel du 02/04/2012.

 

 

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