La Chronique Agora

Les minières au secours de l'or (2)

Barrick se "dé-hedge", observions-nous hier. Ci-dessous, la suite des explications…

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Barrick consacrera 1,5 milliard à la réduction de ses ventes à terme à prix flottants, soit 6,5 millions d’onces (M oz).

Re-calcul : soit une perte de 230 $/oz et un prix de livraison moyen de 763 $/oz. Mais seule une partie des contrats flottants sera liquidée. Le solde, qui correspond à une perte mark to market de 2,2 milliards (chiffre actualisé), sera éliminé par la suite.

Ce n’est pas tout : il se trouve que ces contrats peuvent être honorés par la livraison… de cash. Barrick indique donc que "le débouclage de ces contrats flottants ne nécessitera aucune activité sur le marché de l’or". Les clients correspondants recevront des dollars de la Fed : grinçant paradoxe pour le premier mineur d’or au monde…

Livrons-nous à un ultime calcul : 6,5 M oz, c’est presque un an de la production de Barrick et 6% de la demande globale en 2008 !

Barrick aurait-elle mauvaise mine ?
Tout cela générera une perte exceptionnelle de 5,6 milliards qui sera imputée sur les prochains comptes trimestriels, qui auront… grise mine.

Mais pourquoi a-t-il agi ainsi ? Parce qu’il croit en la hausse de l’or !
Barrick "estime qu’une relance monétaire et fiscale globale sera nécessaire dans les années à venir, ce qui accroîtra le risque d’une hausse de inflation et aura un impact négatif sur la valeur future des monnaies". Perspicace !

S’il se déclare haussier sur l’or, Barrick a mis bien du temps à en tirer les conséquences quant à son son hedge book. D’ailleurs, ses actionnaires étaient suffisamment mécontents des pertes induites pour lui intenter un procès, que Barrick a réglé par une discrète transaction extrajudiciaire en début d’année….

Le cours de l’or en sortira-t-il gagnant ?
Déboucler les positions à terme en rachetant sur le marché de l’or devrait soutenir les cours de l’or.

D’où le commentaire d’UBS du 9 septembre, cette décision est "un événement important pour le marché de l’or" qui marque "le début de la fin" pour le hedging.

AngloGold, dont le hedge book en cours de réduction comptait 4,4 M oz à mi-juin, pourrait accélérer le rythme.

Pour UBS, il est clair que Barrick a déjà entamé les rachats d’or qui, dans le courant de l’été,ont dû soutenir les cours.

Les analystes opposés sur la question
Bien informé, UBS estime qu’il ne reste plus à Barrick que 2 M oz de contrats à terme à prix fixes à déboucler. La canadienne n’aurait pas perdu de temps ! Du coup, cela ne serait "pas si positif pour le prix de l’or", d’autant que Barrick attendra certainement une correction avant de reprendre ses rachats. Elle a le temps : 12 mois, comme elle se l’est imparti.

Pour John Reade, l’analyste d’UBS, "cet événement est déjà inscrit dans les cours".

D’autres analystes ne partagent pas ce point de vue, comme Ralph Preston, du broker californien Heritage West Futures : "que le premier producteur d’or au monde liquide une bonne partie de ses contrats de vente à terme témoigne d’un degré de confiance que l’on trouve habituellement chez les spéculateurs, pas chez les producteurs qui cherchent à se protéger."

Nous verrons bien !
Je note en tout cas que la tendance historique au "déhedging", qui avait fortement ralenti depuis 18 mois, est repartie à toute vitesse.

En somme, le chant du cygne du hedging en est à ses dernières mesures, et il les interprète presto. Vu la tendance négative que le phénomène exerce sur les cours, cette annonce est forcément une bonne nouvelle…
[NDLR : Et nous ne serons pas les derniers à en profiter ! Nos spécialistes ont déjà déniché les meilleurs moyens de vous positionner : suivez leurs conseils sans plus attendre…]

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