La Chronique Agora

Les minières au secours de l'or (1)

Premier mineur d’or au monde, le canadien Barrick Gold est en train de réduire drastiquement la taille de son hedge book. Et comme il s’y prend tard, cela lui coûte cher. Cette nouvelle devrait accélérer la quasi-disparition du hedging.

Je m’explique…

Barrick, vous connaissez ?
Certainement. En 2008, ce groupe minier canadien basé à Toronto a extrait 7,66 millions d’onces d’or (M oz), soit 262,6 tonnes d’or ou encore 10,8% de la production mondiale de métal jaune (soit 2 414 t selon le World Gold Council).

Barrick lance un pavé dans la marre
Numéro un mondial du secteur, Barrick a annoncé le 8 septembre dernier son intention de lever entre 3,5 et 4 milliards de dollars par émission d’actions, soit 10% de sa capitalisation boursière ! Objectif : financer la réduction de ses ventes d’or à terme.

Pourquoi ? Petit retour en arrière…

Une canadienne à rebours des saisons aurifères
Dans les années 1980 et 1990, le cours de l’once, suivant une pente baissière infernale, menaçait les bénéfices des mineurs. Ni ces derniers ni leurs clients ne le voyaient d’un bon oeil.

Avec leurs banquiers — les bullion banks –, les mineurs d’or ont alors bricolé un système de couverture à base de produits dérivés : plutôt que de vendre le métal au comptant, la production était vendue d’avance, à prix fixe, via des contrats de long terme arrangés par les banques. C’est le hedging.

Mais la planche de salut qu’était le hedging durant la phase de baisse des cours de l’or s’est muée en poteau d’exécution avec le retournement de tendance des années 2000.

C’est la raison pour laquelle il disparaît : de plus de 100 M oz mi-2001, le hedge book ne totalisait plus que 15 M oz mi-2009. Dont plus des deux tiers revenaient à Barrick et AngloGold.

Comment Barrick compte se "déhedger"
Passons aux travaux pratiques. Aidé par ses banques, voici comment Barrick compte procéder.

Primo : le mineur veut liquider l’intégralité de ses contrats à prix fixe — c’est-à-dire de hedging proprement dit, comme nous l’avons évoqué plus haut — portant sur trois M oz (93,3 t). Il y affectera 1,9 milliard des dollars qu’il aura levés, un montant qui correspond à la perte que ces contrats représentaient au prix de marché du 7 septembre.

Ce soir-là à Londres, l’once cotait 993 $/oz. Petit calcul : 1,9 milliards de $ / 3 millions d’onces = 633,3 $/oz… de pertes. Lesdits contrats devaient donc prévoir la livraison d’or à de (très) heureux clients pour un prix moyen de… 360 $/oz. Hum. Et chaque fois que l’once prenait 10 $, Barrick perdait 30 millions !

Attention bullish 
Comment va-t-il s’y prendre ? Barrick n’a pas l’intention d’honorer ces contrats en prélevant cet or sur sa production. Comme les clauses le lui permettent, et sous 12 mois, la canadienne "va racheter ces onces [3 M oz] sur le marché", pour se libérer de ces contrats toxiques.

Un ordre de grandeur ? 3 M oz. C’est 2,45% de la demande globale d’or en 2008 !!

Vous avez dit bullish ?

Nous verrons la suite dès demain…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile