La Chronique Agora

Les marchés sont bons pour l'asile

** La Bourse est bonne pour l’asile. Elle est complètement folle. Des mouvements incroyables sur une seule journée sont désormais monnaie courante. Pourquoi la Bourse est-elle devenue maniaco-dépressive ? Les épisodes maniaques des marchés ne sont pas faciles à expliquer, mais leurs comportements dépressifs sont le résultat d’une influence très puissante : le dénouement des positions à effet de levier, ou deleveraging.

– "Deleveraging" est un terme qui signifie tout simplement "vente forcée", qui se produit dans quasiment tous les coins de l’univers des investisseurs. Tous les types d’investisseurs ayant utilisé l’effet de levier — des banques aux compagnies d’assurance en passant par les fonds d’investissement, les investisseurs privés et les fonds de couverture — tentent de vendre les capitaux qu’ils avaient achetés avec des fonds empruntés, afin de rembourser leurs emprunts. Ce processus vire à la panique quand les prix des capitaux qu’ils essaient de vendre s’effondrent, ce qui a été le cas ces derniers mois.

– Tant que les investisseurs qui ont utilisé l’effet de levier auront le revolver sur la tempe pour les forcer à réduire leurs positions en vendant leurs actions, la Bourse aura du mal à rebondir. C’est pourquoi je garde un oeil sur les activités de ceux qui jouent le plus avec l’effet de levier à Wall Street — les fonds de couverture.

** Les derniers classements réglementaires de certains des plus gros fonds de couverture montrent que nombre de ces gens-là ont dénoué leurs positions à effet de levier… et ils n’y sont pas allés de main morte !

– Ces fonds se débarrassent de leurs positions — pas seulement pour rembourser une partie de leurs emprunts, mais également pour rendre leurs capitaux aux investisseurs qui les réclament. Quand une personne qui a investi dans les fonds de couverture veut récupérer son argent, et que le gestionnaire du fond de couverture n’a pas l’argent qu’on lui réclame, le gestionnaire en question doit vendre des actions pour avoir de quoi rembourser les investisseurs. Peu importe que le gestionnaire adore les actions qu’il possède, ou qu’il pense que ce qu’il a ne vaut rien, il doit se débarrasser de quelque chose.

– Cela s’applique également aux fonds d’investissement. J’ai lu les lettres de plusieurs gestionnaires de fonds, et la plupart doivent rembourser de gros montants. Pour faire simple, les investisseurs retirent leur argent de tous les fonds — que ce soit les fonds d’investissement ou les fonds de couverture.

– Les chiffres que l’on a pour l’instant sont tout bonnement hallucinants. Certains des gros fonds de couverture ont réduit leurs capitaux investis de façon drastique. Regardez ces exemples :

– Tudor Investment Group avait 5,7 milliards de dollars investis à la date du 30 juin. Le classement du 30 septembre n’annonce plus que 453 millions ;
– Atticus Capital, un autre fond de couverture souvent mentionné, est passé de 8,1 milliards de dollars à 510 millions ;
– SAC Capital, dirigé par Steven Cohen, est passé de 14,4 milliards à 7,7 milliards ;
– Vinik Asset Management, dirigé par Jeffrey Vinik, qui dirigeait autrefois Fidelity Magellan, est passé de 11,8 milliards à 1,8 milliard !

– N’oubliez pas que ce sont les chiffres du 30 septembre. Ils n’incluent donc pas les mois d’octobre et de novembre, des mois catastrophiques. Nous pouvons supposer que les capitaux de ces fonds sont encore plus bas aujourd’hui. La réduction est le résultat d’une association de positions de vente et d’une chute de la valeur de marché pour les positions existantes.

– Il est toujours ahurissant de voir ce genre de chutes dans les grands fonds monétaires. Multipliez maintenant ça par une centaine de fonds et vous aurez une idée de ce qui se passe. Nous assistons en ce moment à une liquidation géante.

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